MusiqueDans la peau de
Crédit photo : Camille Gladu-Drouin
Rose Bouche, d’où est née ta passion pour la musique et quelles ont été les grandes lignes de ton parcours en tant qu’auteure-compositrice-interprète?
«C’est un petit secret de famille (lol), mais il paraît qu’à l’âge de deux ans, il m’arrivait de chanter et de danser sur les tables lors des réunions de famille (du côté italien), encouragée par mes oncles et mes tantes qui tapaient des mains.»
«Je crois tout de même que le vrai déclic s’est fait avec la chorale, vers l’âge de dix ans, alors qu’on parcourait les centres pour personnes âgées. J’adorais ces moments, ces rencontres, la joie et l’émotion dans leurs yeux. C’est là que j’ai compris qu’on pouvait faire du bien autour de nous avec la musique.»
Ta personnalité flamboyante et colorée se ressent à travers tes créations et ta présence sur scène. On retrouve d’ailleurs un peu de la bouillonnante Florence Welch dans ta façon de livrer tes chansons. Pourquoi te donner avec autant d’énergie et de fougue lorsque tu te produis en concert?
«Je pense plutôt que les concerts me permettent de canaliser toute l’énergie qui m’habite au quotidien! Je suis une personne intense de nature (peut-être en partie encore une fois à cause de mon sang italien?), et j’ai l’impression que la scène me permet d’aller au bout de moi-même sans la peur d’être jugée ou d’être trop. J’ai le sentiment que, sur scène, ma personne prend tout son sens.»
Tu as participé à de nombreux concours et festivals. On pense notamment à Sherbrooklyn – que tu as remporté –, l’Étoile montante Ford (Les Francos de Montréal) et Destination Chanson Fleuve (Petite-Vallée) où tu as été jusqu’à la finale, et même le Festival international de la chanson de Granby en 2019 – où tu as été demi-finaliste. Qu’est-ce que toutes ces expériences t’ont apporté, tant sur le plan humain et qu’artistique?
«D’abord, le plan humain est probablement le facteur clef qui m’a poussée à continuer à participer à certains concours. Je me suis fait beaucoup d’amis dans mon «parcours-concours», et certains d’entre eux sont devenus de précieux alliés.»
«On s’achète aussi une nouvelle paire de lunettes quand on fait ça. On apprend à comprendre les différents enjeux de chacun d’entre nous, on s’immerge dans les propositions de nos pairs, et je pense qu’avec les liens se tissent aussi de la solidarité et un esprit de communauté que je trouve très beau.»
«Sur le plan artistique, je crois que ça donne de bons outils pour grandir et se définir. Les concours auxquels j’ai participé m’ont permis de recevoir du mentorat de qualité (mise en scène, coaching en écriture, etc.) Ça peut être une belle occasion pour explorer des idées, peaufiner son identité. J’ai aussi eu accès à de belles scènes et à des conditions optimales pour performer, ce qui ne pleut pas quand tu es un.e artiste émergent.e. Finalement, faire ces concours-là m’a permis de remporter des belles vitrines et des spectacles rémunérés… Yihou!»
Le lancement de ton nouvel EP, Auroville, aura lieu ce 11 février au Cabaret Lion d’Or. Peux-tu nous parler du processus d’écriture de tes nouvelles chansons et de l’univers musical que tu as voulu créer?
«Mon processus est vraiment différent pour chaque chanson. Par exemple, dans le cas de «Cocus sont nos coquelicots», j’avais un genre de tableau dans la tête et j’ai eu envie de partager l’histoire de ce tableau. En m’appliquant, je me suis mise peu à peu dans la peau de mon héroïne, soit celle d’une femme déçue, trompée. Avec les mots, le degré d’amertume s’est transformé en colère. Son soldat et la mort de leur amour (les coquelicots) lui font éventuellement faire une syncope, et je dois dire que j’ai beaucoup de plaisir à interpréter ce personnage sur scène.»
«Pour ce qui est d’«Auroville», c’est une chanson qui est assez spéciale pour moi, car j’ai l’impression de l’avoir tout simplement reçue. J’ai commencé à l’écrire sur les galets de la belle rive de Petite-Vallée lors de mon passage là-bas, mais le temps me faisait défaut pour lui donner vie, car j’étais en tournée avec mon groupe.»
«À un moment, c’est comme si «Auroville» poussait en moi, sur moi, pour sortir. C’est bizarre à dire, mais elle ne me lâchait plus! Je ne compte pas les fois où j’ai dû me tasser sur la voie d’accotement pour écrire certains passages parce qu’elle me gênait dans ma conduite. Il est venu un temps où le motif au piano est devenu tellement fort dans ma tête qu’il m’empêchait même de dormir. Lorsque je me suis finalement mise au clavier, la chanson m’a tout simplement glissé du cœur pour trouver mes doigts. Ça a donné un genre de berceuse pour adultes, une pièce très personnelle destinée à consoler un de mes humains préférés.»
«Pour «Je croyais à l’amour», c’est un tout autre processus: cette chanson est née spontanément durant un voyage à Londres il y a quelques années, mais elle s’accrochait à ses racines anglophones. Moi, je tenais à la réécrire à français, mais ça ne se passait pas pantoute… Comme Philémon Cimon est un de mes auteurs préférés d’ici, j’ai pris une chance et je l’ai contacté pour lui demander son aide.»
«La collabo s’est déroulée de façon fluide, tout en douceur: il s’est inspiré d’un genre de journal intime qu’il m’avait au préalable demandé de lui livrer sans filtre. J’ai trouvé ça un peu gênant sur le coup, mais son texte m’a beaucoup touchée. Dans sa lancée, il m’a aussi proposé une nouvelle mélodie pour les couplets qui ajoutait beaucoup à l’ensemble.»
Au lendemain de ton lancement, as-tu déjà d’autres projets en tête pour faire la promotion d’Auroville en 2020?
«Le lendemain-lendemain, je ferai probablement la baleine morte dans mon lit… mais oui, on a des plans avec mon équipe pour la suite! J’ai très hâte! Pour le savoir, par contre, il faudra me suivre sur ma page Facebook et sur mon Instagram…;-)»