MusiqueCritiques d'albums
Crédit photo : Temporary Residence Limited
Comme de coutume, le disque s’ouvre tel un rêve avec la délicate pièce-titre «Wilderness», une sage ouverture qui camoufle bien le désir évident du groupe d’explorer son côté sauvage. Ce dernier se ressent davantage sur «Logic of a Dream», avec ses airs davantage tribaux.
Avec ce premier album en cinq ans, suivant une incursion cinématographique qui aura découlé en trois collaborations parmi lesquelles on retrouve les longs-métrages Prince Avalanche et The Lone Survivor, l’auditeur se surprend à voir se multiplier les influences du groupe, et ce, même si ce petit quelque chose qui ramène toujours à leur sonorité si significative ne tarde jamais à nous rappeler la provenance des mélodies.
Toujours moins expérimentaux que Godspeed You! Black Emperor, même si on y retrouve l’essence épique sur des pièces comme l’épurée «Losing the Light», qui marche également dans les plates-bandes de This Will Destroy You, les membres du groupe font un usage plus grand des percussions.
Cette tournure les rapproche alors de Battles, pendant que le virage par moments électronique, notamment grâce aux vibrations plus énergiques des guitares, va même jusqu’à évoquer les mélodies de Baths. Ces deux formations semblent alors fusionner dans une rencontre improbable qui s’intitule «Disintegration Anxiety», une pièce évolutive qui remet en question les limites du quatuor originaire du Texas.
Ainsi, sans totalement se renouveler, Explosions in the Sky trouve le moyen de revitaliser son savoir-faire et de donner un souffle plein de fraîcheur à sa propre essence musicale. De fait, le disque est rythmé à ses heures, apaisants à d’autres, un brin moins romantique assurément, mais non pas dénué d’une certaine poésie, toutefois plus abstraite qu’à l’ordinaire.
Ses diverses envolées donnent l’impression de s’aventurer dans des contrées lointaines d’envergures diverses, permettant ainsi une variété amusante d’explorations. À ce propos, la pièce de clôture «Landing Cliffs», qui divague autant en piano, en guitares qu’en réverbérations, sert aisément de tremplin pour nous ramener délicatement au pays de Morphée, créant une boucle avec la pièce en ouverture.
Bien sûr, en termes de tout cohérent, il n’y a rien ici pour marquer le temps, le groupe étant davantage reconnu pour ses qualités atmosphériques que pour la solidité de leurs albums pris individuellement. Il y a bien certains disques qui ressortent du lot, on pense inévitablement à l’exaltant The Earth is Not a Cold Dead Place, sauf qu’en se penchant plus concrètement sur l’oeuvre dans sa totalité, il y a une certaine redite qui se dessine, et on peut vite trouver que plusieurs pièces finissent par foncièrement se ressembler.
Néanmoins, le groupe semble incapable de mal faire et livre à nouveau un petit quelque chose qui ne peut que plaire, telle une caresse à l’oreille qui se veut plus mouvante quand elle se donne la permission de se rebeller. Voilà donc The Wilderness, la nouvelle offrande d’un groupe dont on ne se lasse pas et qui réjouit à tout coup.
Avec ce petit je-ne-sais-quoi de familier qui réconforte et tous ces petits risques qui ajoutent du mordant là où l’on n’en attendait pas nécessairement.
Le groupe sera en concert au Métropolis de Montréal le 18 septembre 2016.
L'avis
de la rédaction