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Crédit photo : Yann Orhan
L’invitation montréalaise a été appréciée des deux côtés. C’est un très bel accueil que le public des FrancoFolies a accordé à Louise Attaque. La dernière fois qu’ils avaient joué sur le continent américain remonte à 2006 au Festival d’été de Québec. «On était impatients et curieux de remonter sur scène au début de notre tournée. Dès la première date à La Rochelle (France), on a senti un regard bienveillant. Un public familial, un grand mélange de générations et beaucoup de monde qui chantait. Avant, on jouait beaucoup en défense, maintenant l’état d’esprit c’est plutôt l’attaque. C’est plus simple et plus agréable», explique Robin Feix, le bassiste du trio.
Quatre albums en vingt ans, Louise Attaque aime se faire désirer. Après un premier album homonyme, en 1997, qui s’était vendu à plus de 2,8 millions d’exemplaires (un record pour un groupe francophone), le quatuor avait sorti plus discrètement Comme on a dit, en 2000, et À plus tard crocodile, en 2005. Chacun avait ensuite préféré avancer dans des carrières solos ou des formations temporaires (comme Tarmac).
C’est le chanteur Gaëtan Roussel qui recontacte ses camarades pour les inviter sur l’un de ses concerts télé. «Le plaisir de jouer ensemble est revenu tout de suite». Dix ans de séparation qui leur ont encore plus donné envie de se retrouver: «Louise Attaque, c’est d’abord une grande histoire d’amitié. On voulait juste réessayer et voir s’il y avait encore quelque chose dans Louise. On ne savait pas que cette séparation allait durer aussi longtemps. On a eu chaque fois l’instinct d’appuyer sur l’option pause avant de s’arrêter et de splitter».
Pour réaliser Anomalie, ils ont choisi de reprendre la mécanique du premier album qui avait fait leur succès. Une écriture à quatre mains entre Felix et Gaëtan à laquelle Arnaud s’ajoute dans un second temps. «Du grand banditisme fut la première chanson écrite et la dernière terminée. Quand on l’a fait, ça nous a rassurés. On s’est dit que ça fonctionnait encore entre nous! On avait un peu peur aussi, car ça ressemblait trop à ce que l’on avait fait avant et on ne voulait surtout pas se répéter. Pour les titres suivants, on s’est adossés à d’autres manières de faire sonner nos instruments. Le premier album était très acoustique, très brut. Le dernier a plus de choses additionnelles. C’est l’un des concepts que nous a amené notre producteur Olivier Som», déclare le violoncelliste Arnaud Samuel.
«C’est un jeune auteur et compositeur anglais inconnu que j’ai rencontré lors d’un stage d’écriture aux États-Unis et dont j’ai tout de suite apprécié la sensibilité», évoque Gaëtan. Une collaboration surprenante: «Quand on s’est retrouvé sans batteur, cela a créé une nouvelle donne. La rencontre avec Olivier a permis d’ouvrir un chapitre avec une nouvelle direction musicale. On voulait exprimer quelque chose de tout à fait nouveau. C’était un peu ça le challenge», confie Arnaud.
Si Robin Feix et Arnaud Samuel ont suivi Gaetan dans ce nouveau chapitre, l’un des fondateurs du groupe Alexandre Margaff manque à l’appel. Le batteur avait fait partie des prémices de la réconciliation du groupe, mais a préféré ne pas suivre les nouvelles orientations de Louise Attaque en 2016.
Pour bien faire résonner Anomalie sur scène, deux nouveaux musiciens on été engagés: Nicolas Musset (jeune batteur de 24 ans) et Johan Dalgaard (clavier, guitare, chant) sont les élus qui ont rejoint Louise Attaque pour les 80 prochaines dates de leur tournée mondiale. «C’était bizarre pour nous. L’essence de notre groupe, c’est plutôt d’être copain. Du coup, faire une audition, c’était un peu particulier. Ensuite, on a juste essayé d’assumer d’être dans cette situation-là et de la vivre pleinement. Et puis, très vite, ce n’est plus la tête qui parle, mais ce que l’on ressent en jouant… On a quand même été très chanceux de les trouver tous les deux», s’exclame Gaëtan.
Deux nouveaux musiciens signant l’aube d’un nouveau départ, et ce, dix-huit ans après le triomphe de Ton invitation et de leur premier album, Robin avoue ne pas regarder souvent vers l’arrière. Gaëtan lui explique qu’il contemple ce premier succès et le jeune musicien qu’il était avec des «yeux grands ouverts». Il explique: «que ce soit Léa, Ton Invitation, J’temmène au vent, ses chansons font partie de nous. Durant cette tournée, on joue beaucoup de chansons du dernier album, mais aussi un peu du premier, du deuxième et du troisième album. À une époque, ça a peut-être pu nous embarrasser. Ce n’était pas facile et c’est humain. On ne voulait pas être défini par une seule chanson. Ce sont des questions que l’on s’est beaucoup posées par le passé, mais qu’on ne se pose plus aujourd’hui».
L'événement en photos
Par Yann Orhan et www.facebook.com/LouiseAttaqueOfficiel