Entrevue avec Marlon Magnée du groupe français La Femme – Bible urbaine

MusiqueEntrevues

Entrevue avec Marlon Magnée du groupe français La Femme

Entrevue avec Marlon Magnée du groupe français La Femme

Surf, cheveux peroxydés et une étrangeté grisante

Publié le 20 juin 2016 par Emilie Matthews

Crédit photo : Universal Music France

Depuis la formation du groupe en 2009, La Femme et ses membres grimpent l’échelle du succès tout en préservant leur aura de mystère. Trois ans après la réussite de leur premier album, Psycho Tropical Berlin, ils en ont concocté un deuxième qui sortira à l’automne 2016. Dans l’attente de celui-ci, les fans montréalais ont pu les écouter lors de l’édition 2016 des FrancoFolies de Montréal. Tête-à-tête avec Marlon Magnée, l'un des fondateurs du groupe qui rédige également beaucoup de leurs chansons.

Après une tournée aux États-Unis en 2011 qui a fait parler d’eux bien au-delà des frontières de la France, ils ont depuis parcouru l’Europe, l’Amérique du Sud et l’Amérique du Nord. C’est la quatrième fois qu’ils jouent aux FrancoFolies de Montréal. Leur premier album Psycho Tropical Berlin, de 2013, a fait fureur, au point où il est déclaré deuxième meilleur album de l’année par Les Inrocks.

La musique psycho-hypnotique complète bien le mystère du groupe lui-même, faute de photos ou d’entrevues accordées, mais jamais avec la totalité du groupe, leur look «surf-vintage-chic», etc. Mais qui sont ces jeunes qui révolutionnent le rock français avec un genre quasiment impossible à classer dans une case bien définie comme le «pop» ou «l’électro»?

Un début modeste de claviers et l’application GarageBand a très vite évolué; Marlon et son copain Sacha voulant «montrer de quoi on était capable». Leur son rappelle le yéyé des années 1960, l’électro, le surf music, le cold wave, le punk et la musique psychédélique. «Au début, c’était beaucoup plus sixties et chanson française. On écoutait beaucoup de Nino Ferrer, Serge Gainsbourg…» 

La musique de La Femme est étrange… mais surtout enivrante. Marlon Magnée et Sacha Got se sont rencontrés au lycée à Biarritz. Après le déménagement de Marlon à Paris, un premier groupe, S.O.S Mademoiselle, se forme, mais l’arrivée de Sacha un peu plus tard sème les graines qui germeront en La Femme. Sam Lefèvre, Nuñez Ritter Von Merguez, Noé Delmas et Clémence Quélennec se sont  depuis rajoutés au groupe. Ils forment un joli tout en venant de Biarritz, Paris, Marseille et Quimper. Plusieurs voix féminines s’emparent des chansons, mais Clémence mène la danse sur scène lors des concerts. Le renouvellement fréquent des chanteuses maintient la spontanéité et l’originalité du groupe.

Leur créativité et leur talent ne se limitent pas au son. Ils créent les vidéos accompagnant leurs chansons, la conception de pochettes, les affiches, etc. C’est une façon de préserver une certaine liberté vis-à-vis de leur label. Ils ont également composé «Me Suivre» sous le pseudonyme de «Mystère» pour le défilé de la collection XVI d’Yves Saint Laurent. Leur créativité n’est pas qu’au service de la musique, mais aussi à la mise en scène, les montages et réalisations de vidéos et même à la mode.

Pour eux, la musique est «un passeport qui t’emmène dans tous les milieux sociaux». Chacune de leurs chansons est un petit univers avec sa propre ambiance et sa propre histoire, une sorte de petit passeport vers le rêve. Pour eux, la musique est un moyen de «donner au public la musique qu’il veut, lui donner quelque chose qu’il lui manque. C’est très beau lorsque des personnes entendent par hasard notre musique et finissent par l’adorer. Je veux toucher la sensibilité des gens.» Cependant, une passion devenue si rapidement une profession a inévitablement transformé certains aspects de leur rapport à la musique.

«Quand la musique se professionnalise trop, c’est là que la routine s’installe. Tu sais exactement où tu vas être dans six mois… En France, on joue souvent dans des salles à subvention qui se ressemblent beaucoup entre elles. Ce sont les mêmes salles, les mêmes hôtels… Il y a aussi la question des dates limites pour les sorties d’albums ou de projets qui peuvent être frustrantes. Entre les tournées et les enregistrements, c’est difficile d’avoir une copine, et le soir dans une chambre d’hôtel qu’on connaît déjà, on peut se sentir assez seul.»

Justement, ils sont en pleine tournée et étaient très heureux de participer aux FrancoFolies de Montréal: «C’est une superbe façon de rencontrer plein de gens et une occasion unique de promouvoir le français. En plus, il n’y a pas énormément de festivals qui font venir des artistes avec des subventions qui n’auraient peut-être pas eu les moyens de venir jouer au Canada sinon». L’ambiance chaleureuse de Montréal, avec ses habitants qui profitent pleinement de l’été, rend leur visite ici d’autant plus attrayante.

Un deuxième album, différent de Psycho Tropical Berlin, sortira d’ici quelques mois. Les fans ont eu droit à «Sphynx» en guise d’apéritif en l’attendant, mais ce titre n’est pas représentatif du nouvel album dont on ne connaît toujours pas le nom. Il sera «plus perché, plus mature, réunissant plus de styles différents, avec des paroles plus puissantes». L’accent est mis sur l’une des caractéristiques essentielles de La Femme: le voyage. La découverte de nouvelles villes, de cultures, des sons, d’histoires différentes, se répercute dans ce nouvel album qui est censé être un compagnon de voyage, un compagnon pour la vie. Cet album parlera d’histoires d’amour parmi d’autres thèmes (surprise!), «par exemple l’amour, où tu peux faire faner une fleur, même si tu l’aimes et tu t’en occupes, en la mettant dans une cloche en verre, elle fane».

Après la tournée, qui se finit au Zénith de Paris en janvier, le groupe a pour projet de sortir un prochain album et peut-être même de réaliser un film «en mode Forrest Gump; enfin, un film qui parle de la vie, qui touche les gens. Sinon, faire une BO d’un film aussi, mais il faut que ce soit un film culte!» Marlon a particulièrement hâte de pouvoir jouer en Asie, retourner en Amérique du Sud, en Islande, et un jour découvrir l’Afrique. «La France en dernier, parce qu’on la connaît si bien! Mais, en vrai, c’est grâce à la France qu’on voyage, et c’est génial qu’il y ait tant d’instituts qui nous permettent de voyager, c’est unique. Comme pour les FrancoFolies, là!»

Après maintes recherches et écoutes de titres, impossible d’avoir l’impression de totalement comprendre ce qu’est La Femme. Mais c’est justement dans cette ambiance étrange où tellement de genres et de thèmes se percutent qu’un univers onirique de mille couleurs explose, donnant au groupe son identité incomparable. Le nom de la formation n’est d’ailleurs pas aléatoire: «C’est clair, il y a une admiration mystérieuse vis-à-vis des femmes dans les chansons. La Femme, c’est l’entité féminine, c’est aussi l’homme féminin, une force qui dévaste tout sur son passage, et c’est beau».

Patience! Plus que quelques mois avant le nouvel album qui sera, on l’espère, aussi remarquable et exaltant que le précédent!

L'événement en photos

Par Universal Music France

  • Entrevue avec Marlon Magnée du groupe français La Femme
  • Entrevue avec Marlon Magnée du groupe français La Femme
  • Entrevue avec Marlon Magnée du groupe français La Femme

Nos recommandations :

Vos commentaires

Revenir au début