«Adore Life» de Savages – Bible urbaine

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«Adore Life» de Savages

«Adore Life» de Savages

Aussitôt écouté, aussitôt oublié

Publié le 22 février 2016 par Mathieu St-Hilaire

Crédit photo : Matador

En 2013, le quatuor londonien féminin Savages arrivait avec un premier album qui, à défaut d’être très original, contenait des pièces coups de poing qui laissait l’auditeur sur le derrière. Trois ans plus tard, elles sont de retour avec un nouvel effort qui laisse l’auditeur bien installé sur sa chaise, indifférent aux nouvelles compositions plutôt drabes du groupe. Sauf pour quelques moments de trop courte durée, «Adore Life» est un album n’ayant absolument rien de nouveau à offrir. Pire encore, l’intensité brutale de leur premier disque semble s’être envolée on ne sait trop où.

Avant la sortie de l’album, la formation anglaise a fait paraître deux extraits qui laissaient quelque peu songeur. Le premier, la très rock «The Answer», donne dans les guitares incendiaires et fait immédiatement penser au premier album Silence Yourself. C’est lourd et bruyant, mais où est la chanson? Après plusieurs écoutes, je dois avouer que je la cherche encore. «If you don’t love me / You don’t love anybody», chante Jehnny Beth dans un refrain peu accrocheur et peu spectaculaire. Autre élément inquiétant: il s’agit de la première pièce de l’album, ce qui ne laisse pas présager une amélioration pour la suite des choses.

Passons au deuxième extrait, «Adore», qui donne une toute autre dimension au groupe. La chanson est dans l’ensemble très tranquille, mais n’est pas pour autant dénuée de tension. Bien au contraire, les silences ajoutent un élément d’imprévisibilité, ou d’instabilité, menant à une finale qui bascule dans un effet crescendo fort réussi. Beth sort même son meilleur falsetto et la chanson coupe aussitôt, comme une respiration qui s’arrête brusquement. De loin le moment le plus fort du disque et probablement une des meilleures chansons de l’année.

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Le problème, c’est que le reste de l’album fait davantage penser au premier extrait qu’au deuxième. Non seulement les compositions ne sont-elles pas à la hauteur, mais on est également très loin de l’intensité et du mordant de Silence Yourself. Pire encore, il y a plusieurs moments inintéressants, notamment «Sad Person» et «When In Love», qu’on oublie aussitôt qu’on les a entendus. «Slowing Down the World» aurait eu sa place comme b-side d’un vieil album de U2. Du côté des paroles, rien de très intéressant à signaler, excepté qu’elles semblent aussi souffrir d’un manque d’inspiration: «I’m not gonna hurt you / Cause I’m flirting with you /I’m not gonna hurt myself / So what else? / What else?», se questionne Beth sur «Sad Person». On pourrait se poser la même question en écoutant la chanson.

Au final, «Adore Life» n’offre pas beaucoup de passion et laisse plutôt froid. On dirait que les membres du groupe se sont tellement efforcés d’adopter un style post-punk qu’elles ont oublié l’essentiel: écrire de bonnes chansons. Dommage. Meilleure chance la prochaine fois.

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de la rédaction

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