LittératureDans la tête de
Crédit photo : Éditions Albin Michel
Un univers… à se ronger les ongles au sang
Les enquêtes du Département V ne sont certes pas de tout repos: ce n’est pas pour rien que ce département «en coulisse» des autorités danoises a élu domicile au sous-sol de l’établissement à Copenhague, car bon nombre d’histoires dites classées sont en réalités des crimes non résolus par la police. C’est pourquoi, à l’instar du commissaire aux morts étranges d’Olivier Barde-Cabuçon, que l’inspecteur Carl Mørck et ses collègues Assad et Rose travaillent d’arrache-pied pour dépoussiérer ces archives, histoire de déterrer de vieilles histoires qui ont fait mouche et qui méritent d’être résolues, ne serait-ce que pour faire payer leurs crimes à ces malfaiteurs qui courent toujours dans la nature.
Dans ce plus récent Selfies, en plus d’être aux premières loges de l’état dégénératif de Rose, qui a atteint le fond avec ce passé sordide en lien avec un père manipulateur et carrément méchant, les artisans du Département V se retrouvent avec deux histoires à régler simultanément, l’effet domino des crimes non résolus. Qu’à cela ne tienne, Carl et Assad, de même que Gordon, dont le cœur bat toujours aussi fort pour Rose, devront s’armer de courage, comme leur collègue se fait soigner dans un hôpital psychiatrique.
Et cela, c’est sans compter la trame narrative principale du récit, fondamentale pour bien comprendre les motivations de l’assassin, qui nous laisse entrevoir un pan de la nouvelle génération, ces «adulescents» sans objectif de vie et qui vivent au crochet de la société. Ici, Jussi Adler Olsen n’y va pas de main morte, car bon nombre des victimes de ce Selfies sont des «habitués» de l’aide sociale danoise… Or, qui désire plus que tout les éliminer un par un? Dans cet extrait, nous avons imposé les deux choix de pronoms en début de citation pour éviter de révéler l’identité, ou plus précisément le sexe du tueur en série:
«Comment aurait-[il-elle] pu imaginer que le nouveau millénaire apporterait avec lui une vague de réformes sociales toutes plus stupides et irréfléchies les unes que les autres? […] On lui avait demandé de s’occuper, en plus de ses habituels nécessiteux, d’une catégorie de cas sociaux qui étaient à ses yeux une véritable bombe à retardement. Il s’agissait de femmes pour la plupart, qui n’avaient jamais rien su faire de leurs dix doigts et ne seraient jamais capables de faire quoi que ce fût.» (Citation tirée du roman Selfies)
Installation du décor… avant l’intrigue et ses coups de théâtre
Dans l’univers de Jussi Adler Olsen, la plupart des trames principales proviennent de faits divers ou du moins d’articles ou de reportages télévisuels que l’auteur a lus ou visionnés, quelque part, et qui lui ont inspiré une histoire.
En guise d’exemple, pour son roman Promesse, il avoue être tombé un peu par hasard sur une chaîne de télévision espagnole ou l’on parlait des tirages de cartes et de divination par pendules. L’auteur, en bon Danois capable de bien se moquer des mœurs étrangères, a certes trouvé le sujet de l’émission fort risible, mais il s’est néanmoins raisonné en statuant que chacun avait bien le droit de croire en ce qu’il voulait, peu importe sa religion, que ce soit les pendules, la lecture des lignes de la main ou encore la numérologie. Son imagination s’est mise en branle, il a jeté son dévolu sur le papier, et c’est ainsi que le trio d’inspecteurs du Département V doit s’occuper d’un cold case qui les mènera sur l’île de Bornholm, où une jeune fille est décédée, son cadavre ayant été retrouvé dans un arbre.
Jussi Alder Olsen s’est aussi penché sur la thématique des réseaux mafieux, plus particulièrement sur la thématique de l’eugénisme, cette science qui étudie les méthodes génétiques susceptibles d’améliorer les populations humaines (Dossier 64), sur l’exploitation des migrants (L’effet papillon), la corruption de la haute société, la corruption et la loi de la jungle appliquée à la rue (Profanation) et on en passe. Tant de thèmes qui touchent la société danoise, au niveau social et politique, comme partout ailleurs dans le monde.
Saviez-vous que les enquêtes du Département V ont été adaptées au cinéma? Tournez la page pour en savoir plus!
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Par Éditions Albin Michel