LittératureL'entrevue éclair avec
Crédit photo : Tous droits réservés @ UQAM
Patrick, nous sommes ravis de discuter à nouveau avec toi depuis notre discussion en confinement le 27 mars 2020! Dis-nous, toi qui as été rédacteur en chef du Huffington Post Québec, qui tiens toujours les commandes du blogue Patwhite.com et qui es maintenant professeur de journalisme à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal, d’où te vient la piqûre pour les communications et plus particulièrement pour le journalisme et l’intelligence artificielle?
«J’ai toujours eu la facilité d’écrire, car je lisais beaucoup de bandes dessinées et de romans étant jeune. Mon père était professeur de philosophie dans un cégep de Québec, donc la maison débordait de livres. Je n’ai jamais eu l’angoisse de la page blanche.»
«La lecture m’a donc amené vers la radio étudiante et les communications, avec des études en sciences humaines au cégep. Ensuite, la station de radio CKRL-FM 89,1, à Québec, m’a embauché comme bénévole en 1987 et j’y ai été animateur, DJ et journaliste.»
«Par la suite, j’ai fait des études en journalisme et en science politique à l’Université Laval et j’ai décroché un poste de recherchiste pour CTV News à l’Assemblée nationale du Québec à l’âge de 19 ans (1990). De là, mon intérêt pour le journalisme, le terrain et les technologies a toujours été présent. Le journalisme, c’est le contact avec toutes les strates de la société.»
«En ce qui concerne l’IA, depuis mon embauche à l’UQAM en juin 2019, je me suis dit que c’était une bonne idée de me spécialiser dans ce champ afin d’avoir un avantage concurrentiel en journalisme. Une partie de l’avenir du journalisme va dépendre des technologies comme la blockchain et l’intelligence artificielle, mais l’être humain va demeurer au cœur de tout le processus.»
Tu as récemment lancé une infolettre hebdomadaire, intitulée «Les nouvelles de Patrick White sur les médias», qui s’avère une revue de presse complète sur les médias d’ici et d’ailleurs avec les sujets chauds de l’heure, présentés en rafale. À ce jour, il y a plus de 4 600 lecteurs qui y sont abonnés. Bravo! Pourquoi avoir décidé de te lancer dans cette initiative, et comment t’y prends-tu pour rester à l’affût des nouvelles et pour procéder à la cueillette des informations?
«L’idée, c’est qu’il n’y a pas de médias au Québec qui couvre les médias. C’est un non-sens. J’ai vu rapidement le succès du service d’infolettres Substack aux États-Unis et je l’ai appliqué au Québec à l’automne 2020.»
«Quinze mois plus tard, je me rends compte que cette infolettre est devenue un service essentiel pour mes collègues. Plus d’une centaine de personnes et des entreprises ont décidé de prendre l’abonnement payant pour m’appuyer. Donc, ça marche bien et cette revue de presse semble fort utile aux gens du milieu des médias, du journalisme et du numérique. Une personne bien informée en vaut deux.»
Tu viens de dévoiler les fruits de quinze années de recherche et d’écriture avec la parution de ton livre Henry Daniel Thielcke. La vie d’un peintre royal méconnu, publié aux Presses de l’Université Laval (PUL). Dans ce livre, tu retraces le parcours d’«un peintre né à Buckingham Palace en 1788 […] qui s’est exilé à Québec de 1832 à 1854, devenant un allier de Papineau, François-Xavier Garneau et d’autres notables de l’époque au Bas-Canada.» Pourquoi as-tu souhaité te plonger dans les recherches d’Annie Fraser et du professeur d’histoire de l’art David Karel, et dans la vie de ce peintre en particulier?
«C’est un devoir de mémoire envers un peintre sous-estimé qui mérite d’être connu. Il est né et a vécu à Buckingham Palace. Le roi George III a financé ses études à la Royal Academy of Arts de Londres, qui est très prestigieuse. Ses parents étaient serviteurs du roi et de la reine.»
«C’est un devoir de mémoire aussi pour le travail incroyable de David Karel et Annie Fraser de l’Université Laval. Les deux sont décédés dans les années 2000. M. Karel m’a donné ses archives avant de mourir et j’ai eu l’impression de devoir poursuivre son œuvre et celle de Mme Fraser.»
«Le peintre Thielcke a vécu à Québec pendant 22 ans et a été très actif ici avec Louis-Joseph Papineau, FX Garneau et les Hurons de Wendake. Il a été dans les premiers à collaborer à la Société littéraire et historique de Québec. Ses portraits, peintures religieuses et autres œuvres en font l’un des grands peintres du Canada au XIXe siècle.»
«J’ai retrouvé 80 œuvres du peintre en quinze ans, et trois autres œuvres ont été découvertes depuis que mon manuscrit final a été envoyé aux Presses de l’Université Laval.»
«La saga n’est pas terminée! Et le livre suscite beaucoup d’intérêt depuis quelques semaines.»
Est-ce que cet ouvrage risque d’intéresser surtout les amateurs de biographies et d’ouvrages d’histoire de l’art, ou au contraire tu as bon espoir qu’il sera accessible pour tous?
«Le livre fait à peine 160 pages avec des dizaines de photos en couleur. Le style est simple et accessible. Ceux et celles qui aiment l’histoire du Québec, l’histoire de la famille royale, l’histoire de l’art ou la peinture seront les premiers lecteurs.»
«Et ce parcours nomade du peintre (Londres, Écosse, Québec, États-Unis) rend son histoire passionnante, sans oublier sa rivalité incroyable avec le peintre Antoine Plamondon. C’est pour tout le monde. Il faut savoir d’où on vient pour savoir où on va. Mieux connaître notre histoire va nous aider comme peuple.»
Et pour finir, étant donné le contexte particulier que nous vivons — drôle d’impression de déjà-vu, n’est-ce pas? — et en tant que passionné d’art et de culture que tu es, qu’est-ce qui te motive ces temps-ci, et où pourrons-nous t’entendre ou bien te lire prochainement?
«Je commence à penser à une version anglaise de mon livre sur Henry Daniel Thielcke et à un livre sur l’avenir des médias ici et dans le monde. J’aimerais aussi faire plus de radio, un médium qui me passionne depuis 35 ans.»
«Ce qui me motive? Ma conjointe, ma famille, mes amis et mes collègues. On a besoin des gens pour survivre à cette crise et un déconfinement est impératif pour notre santé mentale.»