«L'entrevue éclair avec...» Michel Maltais, grand amoureux du rock progressif – Bible urbaine

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«L’entrevue éclair avec…» Michel Maltais, grand amoureux du rock progressif

«L’entrevue éclair avec…» Michel Maltais, grand amoureux du rock progressif

Le récit de ses années folles au sein de Productions Kosmos

Publié le 5 mai 2021 par Éric Dumais

Crédit photo : Marjorie Roy

Dans le cadre de «L’entrevue éclair avec…», Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur sa personne, sur son parcours professionnel, ses inspirations, et bien sûr l’œuvre qu’il révèle au grand public. Aujourd’hui, nous avons jasé avec Michel Maltais, un enseignant en infographie qui a toujours su conserver son coeur de rockeur. La preuve, il a fait paraître Kosmos: une aventure québécoise au temps du rock progressif aux éditions du Septentrion, un livre qui raconte ses années folles à la maison de production Kosmos, grâce à laquelle des groupes comme Pink Floyd et Genesis ont pu se produire à Montréal devant des fans (évidemment) plus que conquis!

Michel, tu as enseigné l’infographie durant près de 25 ans au Centre de formation des Bâtisseurs de Beauceville, où des formations sur l’ébénisterie, la cuisine, le secrétariat, le lancement d’entreprise sont offertes pour des gens désireux d’apprivoiser le travail manuel ou bien pour d’explorer un métier. Qu’est-ce qui t’a emmené à t’intéresser à l’infographie et à vouloir transmettre ce précieux savoir à cet endroit?

«Je me suis initié à la mise en page et au graphisme par l’entremise des journaux étudiants et de Kosmos. Puis, j’ai lancé ma microentreprise de design de produits d’emballage pour répondre aux besoins de quelques entreprises régionales. Au début des années 1990, notre métier a basculé de la table à dessin vers l’ordinateur et je me suis investi dans ce grand bouleversement. Au même moment, les écoles étaient à la recherche de professionnels capables d’enseigner, tout en utilisant ces nouveaux outils qu’étaient l’ordinateur et les logiciels d’art graphique.»

«J’ai été approché par le Centre des Bâtisseurs pour rejoindre leur équipe. D’abord engagé à temps partiel, j’ai apprécié ce nouveau défi, et j’ai vite compris que je pouvais communiquer et transmettre facilement un savoir concret aux étudiants. Après quelques années, j’enseignais à temps plein et je mettais la clé dans mon entreprise de graphisme. Trop emporté ou hyperactif, j’ai contribué de façon importante à l’élaboration d’épreuves en graphisme, agissant à titre d’expert québécois et canadien lors de compétitions nationales et internationales.»

Avant tout, et il faut le mentionner!, tu restes un grand mélomane, puisqu’au cours des années 1970, tu as fondé, avec Jean Bertrand, Yves Savoie, Michèle Blais, Denyse McCann et Alain Simard, initiateur du Festival International de Jazz de Montréal, Productions Kosmos, qui vous a permis de présenter, à Montréal, des spectacles de Pink Floyd et Genesis, entre autres. Comment cette passion pour la musique et l’événementiel a fait son entrée dans ta vie?

«Comme plusieurs jeunes, je jouais de la guitare et je composais des chansons que nous interprétions, mon copain Alain Paré et moi. Deux guitares, deux voix et des chansons résolument engagées, notre duo Les Misanthropes chantaient dans les boîtes à chansons, les écoles, enfin, partout où on voulait bien de nous.»

«À l’été 1969, frustré par l’attitude répressive de la Ville de Québec envers les jeunes musiciens qui tentaient de jouer dans les parcs, j’ai organisé, avec mon ami Jean Bertrand, un festival pop en plein air sur le terrain de football du Cégep de Limoilou, question de montrer que les jeunes pouvaient se réunir et écouter de la musique paisiblement. Louise Forestier et l’Infonie étaient en vedette, et le spectacle a été un succès. C’était notre première collaboration, Jean et moi, et pas la dernière!»

«Au sortir de la crise d’Octobre, Michel Belleau s’est joint à nous, et nous avons écrit notre Manifeste kosmique total, un document qui exprimait notre ras-le-bol vis-à-vis un certain milieu du spectacle qui, selon nous, exploitait à la fois les artistes et le public. Nous espérions aussi créer un regroupement de petites organisations artistiques à Québec, mais Kosmos a évolué autrement.»

Ces trois dernières années, tu as travaillé sur un projet de livre illustré que les éditions du Septentrion ont eu le plaisir de dévoiler ce 27 avril, Kosmos: une aventure québécoise au temps du rock progressif, où tu racontes «la saga vécue par les membres de la maison de production, électrons libres projetés dans le monde de la rock business entre 1971 et 1976». D’où t’est venue l’idée de raconter cette période charnière de ta vie?

«Lors d’un spectacle du groupe Eclipse à Québec en 2011, on m’avait remis une plaque souvenir pour commémorer le premier et seul spectacle de Pink Floyd à Québec. C’était une belle attention, mais je m’attendais à lire sur la plaque «Merci Kosmos» plutôt que «Merci Michel Maltais». J’ai alors réalisé que Kosmos avait été oublié de la vie culturelle du Québec. Et ça m’est resté dans la tête.»

«En quittant l’enseignement en 2017, je me suis retrouvé avec du temps libre pour réaliser différents projets. J’ai d’abord pensé écrire l’histoire de la maison où j’habite depuis 50 ans. Mais cette maison fut aussi le bureau de Kosmos à ses débuts, et faire revivre notre histoire m’est alors paru essentiel et incontournable. Le faire pour nous, pour les plus jeunes, pour l’histoire de la musique au Québec.»

«J’en ai glissé un mot aux anciens qui me trouvaient plutôt téméraire, d’autant plus que leurs souvenirs étaient de prime abord aussi nébuleux que les miens. N’étant ni écrivain ni historien, j’ai opté pour le récit; le récit de mon histoire dans Kosmos.»

Dans ce livre de près de 250 pages, on y retrouve une préface signée par Alain Simard, de nombreux témoignages, dont celui du metteur en scène Robert Lepage, des photos inédites, des anecdotes ludiques, des dessins inédits, de même que des affiches de l’époque! Il y a du stock! Parle-nous un peu de ton travail de recherche et du plaisir – on n’en doute pas! – que tu as eu à rassembler toutes ces citations et archives.

«Je partais avec quelques affiches, des photos, des anecdotes et des trous de mémoire. J’étais un peu embêté devant ce grand puzzle dans lequel il manquait des dates, des lieux, des événements, etc. Heureusement, au même moment, Alain Simard rassemblait ses souvenirs pour en faire don aux Archives nationales du Québec, et il m’a suggéré d’y ajouter certaines affiches de l’époque de Kosmos. En revoyant ces pièces oubliées, on avait les larmes aux yeux! L’histoire de notre jeunesse se reconstituait. J’ai alors consulté les archives des journaux pour comprendre notre cheminement dans la rock business. À ce moment, mon objectif était d’écrire un manuscrit relatant mon expérience dans l’aventure et de le partager avec la vieille gang et ma famille.»

«Puis, Michel Belleau, l’un des fondateurs de Kosmos, a insisté pour que je publie le manuscrit. Il a organisé une rencontre avec les Éditions du Septentrion, qui ont reçu très positivement le manuscrit. Hélène Dionne s’est associée au projet et m’a convaincu d’y ajouter beaucoup de pièces originales de toutes sortes. On a aussi peaufiné le texte pour le rendre accessible à un grand public. Et comble de bonheur, j’ai pu participer à la construction graphique du livre, en y apportant commentaires et propositions. Un travail d’équipe!»

Et, si tu avais la chance de faire renaître les Productions Kosmos pour faire revivre, l’espace de quelques concerts, un peu de nostalgie aux Montréalais, quels groupes rêverais-tu de faire venir en ville, et pourquoi?

«Pink Floyd dans un amphithéâtre naturel interprétant l’album Wish You Were Here en première partie, Dark Side of the Moon en seconde partie, et Echoes en rappel. Comme ils l’ont fait à l’Autostade en 1975! Et j’aimerais bien voir et entendre Genesis au CEPSUM interprétant Foxtrott et Selling England by the Pounds, avec Peter Hammill en première partie. Assurément les deux plus belles productions de Kosmos à Montréal.»

«Et pourquoi pas, pour conjurer le désastre du 30 août 1975, un concert en plein air sous un beau ciel étoilé, avec Gentle Giant, Weather Report et le groupe québécois Pollen. Et tant qu’à rêver, John McLaughlin et le Mahavishnu Orchestra que l’on a failli présenter en 1971… en première partie de Pink Floyd!»

Pour lire nos précédents articles «L’entrevue éclair avec» et faire le plein de découvertes, consultez le labibleurbaine.com/nos-series/lentrevue-eclair-avec.

*Cet article a été produit en collaboration avec les éditions du Septentrion.

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