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«La romance des ogres» de Stéphane Choquette: histoires d’amour en eaux troubles
Premier roman de Stéphane Choquette, La romance des ogres est un récit enchâssé dans lequel le protagoniste Samuel Fontaine nage en eaux troubles entre ses souvenirs d’adolescence et sa vie familiale actuelle. L’auteur, en bon prestidigitateur, a volontairement brouillé la narration en imbriquant dans son récit-cadre des récits enchâssés qui ouvrent de multiples dimensions à son histoire.
De passage au Japon dans le but de présenter certains de ses travaux lors d’un congrès médical, Samuel Fontaine, médecin et titulaire d’une chaire de recherche à l’Université de Montréal, fait la rencontre de la jeune et séduisante Naomie, une jeune mère monoparentale originaire de Montréal. Au moment de leur rencontre, Samuel a remarqué qu’elle lisait Un théâtre de marionnettes, le nouveau livre autobiographique d’Ellen Cleary, une auteure ayant obtenu un vif succès trente ans plus tôt. La vue de ce roman plonge le protagoniste dans un flot ininterrompu de souvenirs datant de l’époque de ses 16 ans, où, adolescent, il a connu une histoire d’amour inconstante avec l’écrivaine.
La romance des ogres est une œuvre littéraire complexe principalement en raison de la convention narrative particulière imposée par son auteur. À la manière de l’Argentin Ernesto Sabato, qui avait utilisé la mise en abyme dans son roman Le tunnel pour illustrer une dimension nouvelle à son histoire (le protagoniste Juan Pablo Castel a peint dans le coin inférieur droit de sa toile une petite fenêtre ouvrant sur un univers atemporel), Stéphane Choquette a, quant à lui, incorporé au récit-cadre plusieurs extraits des histoires d’Ellen Cleary, notamment Un théâtre de marionnettes et La décapitation de l’ogre, cette dernière étant une sombre nouvelle fantastique à travers laquelle une jeune fille tente d’échapper coûte que coûte aux crises de son père ivrogne.
Telle une bouteille à la mer, le lecteur est ainsi porté au gré du courant entre le présent tortueux de Samuel Fontaine, qui redécouvre les plaisirs de l’amitié en compagnie de Naomie et les malheurs d’une relation sur ses derniers milles entretenue par Skype, pour finalement trouver refuge dans les souvenirs anciens des pages empoussiérées de vieux romans. Et c’est ici que l’intérêt du lecteur peut s’essouffler prestement. Le récit-cadre, sans cesse entrecoupé par les souvenirs du protagoniste et les histoires alambiquées d’Ellen Cleary, évolue très lentement, et un lecteur avisé est tout à fait en droit de se demander si ces histoires disparates jouent un rôle déterminant sur le récit.
Si Stéphane Choquette nous déçoit rien qu’un peu à cause de l’utilisation d’une narration laborieuse, il nous ravit, néanmoins, avec la justesse de ses dialogues et la beauté de sa plume. La couverture du livre, une illustration de Larissa Kulik (AnnMei) intitulée Apple Youth, met en images l’amour impossible entre Samuel et Ellen Cleary par le biais d’un labyrinthe et de l’arbre de la tentation. Pour les amateurs de littérature et les disciples de la rigueur intellectuelle.
Appréciation: *** ½
Crédit photo: www.quebec-amerique.com
Écrit par: Éric Dumais
Rédac' en chef mordu de lecture et d'arts vivants
Passionné de yoga, de méditation, de littérature et d'arts de la scène, Éric jongle au quotidien pour satisfaire ses envies du moment.
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