Entrevue avec Geneviève Fortin, co-auteure du livre «Des deux côtés de la prison» – Bible urbaine

Littérature

Entrevue avec Geneviève Fortin, co-auteure du livre «Des deux côtés de la prison»

Entrevue avec Geneviève Fortin, co-auteure du livre «Des deux côtés de la prison»

Une femme tellement inspirante

Publié le 23 novembre 2015 par Tanya Girard

Crédit photo : www.facebook.com/parfumdencre

Qui ne connaît personne qui a emprunté la «mauvaise» voie? Les épreuves difficiles de la vie mènent parfois à un chemin rempli d’embûches, et ce, peu importe l’âge. Geneviève Fortin a commencé à commettre des délits et à consommer de la drogue dès son jeune âge, pour finalement se retrouver derrière les barreaux. Aujourd’hui, elle est une femme épanouie et a réussi, haut la main, à s’en sortir. Dans son livre Des deux côtés de la prison, co-écrit avec l’auteur Martin Forgues et publié aux éditions Parfum d’encre, on y retrouve sa descente aux enfers et on apprend comment elle s’en est finalement tirée. Bible urbaine s’est entretenu avec elle.

Dans son ouvrage, Geneviève Fortin mentionne que son récit est loin d’être une fiction et qu’il ne ressemble en rien aux séries télévisées populaires comme Unité 9 ou Orange is the New Black. En fait, la grande différence, selon elle, c’est que «s’il y avait un show sur la vraie vie en dedans (en prison), ce serait plate, vraiment plate! Il ne se passe rien, contrairement aux émissions comme Unité 9, où il y a toujours de l’action».

D’ailleurs, le vendredi 20 novembre, elle était de passage au Salon du livre de Montréal, accompagnée de la célèbre comédienne de l’émission Unité 9 Guylaine Tremblay, afin de livrer leurs points de vue différents sur le système carcéral et la réinsertion sociale.

Ce faisant, est-ce qu’il existe une façon d’aider une personne qui est dans une situation semblable que celle que l’auteure a vécue? Pour elle, si la personne incarcérée ne veut pas mettre d’effort, il n’y a rien à faire. «Il n’existe pas de phrase magique. Tout est une question de volonté et de travail. Tout est possible dans la vie. Moi, c’est mon histoire dans la prison, mais pour toutes les problématiques qu’on peut rencontrer quotidiennement, il est possible de s’en sortir si on s’entoure de bonnes personnes et qu’on a de la volonté. Il n’y a donc pas de secret.»

D’ailleurs, il y a un moment précis où Geneviève Fortin s’est dit qu’elle en avait assez de vivre cette vie de misère: «C’est lorsque j’étais à la maison de transition, seule en train de fumer une cigarette sur le balcon, que j’ai réalisé que je n’avais pas de fond de pension. Ça peut peut-être paraitre niaiseux, dit comme ça, mais tout mon cheminement est parti de cette pensée. Si je n’avais pas de fonds de pension, je devrais travailler super longtemps dans des petits emplois avec des petits salaires. En ayant cette pensée-là, pour la première fois de ma vie, je me projetais dans mon avenir. Pas dans un futur rapproché, mais plutôt dans 30 ans, 40 ans. Et si je réussissais à me projeter aussi loin, c’est parce que je voulais vivre et, surtout, vivre longtemps.»

Pourtant, il est difficile pour les ex-détenus de réintégrer la société par la suite. Selon l’auteure, la société actuelle doit faire énormément de progrès en ce qui concerne la déstigmatisation des personnes incarcérées. «On est sorti de prison, mais aux yeux de la société, c’est comme si on l’était encore. On a payé notre peine, mais quand on sort, on refuse tout de même de nous louer des logements, de nous faire travailler, etc. La vie en société n’est pas une question individuelle, c’est une question collective. Il y a beaucoup de chemin à faire à ce niveau encore.»

C’est aussi, entre autres, un de ses objectifs avec l’écriture et la publication de son livre Des deux côtés de la prison: «J’ai essayé de faire un travail de déstigmatisation, surtout pour les femmes, puisque je suis une femme, et je crois que j’ai réussi. Aussi, je pense que ça m’a apporté beaucoup de confiance en moi. Chaque jour, il y a des gens de partout qui viennent me parler pour me dire qu’ils trouvent ça beau mon histoire. Ils lisent mon livre et, souvent, ils connaissent quelqu’un qui est dans la même situation que j’ai et se disent qu’ils pourraient les aider, grâce à mon livre.»

Ainsi, quand on lui demande si elle peut dire qu’elle est aujourd’hui une femme heureuse, c’est spontanément qu’elle nous répond, fière: «absolument, très heureuse!». De plus, c’est avec émotions et grande fierté qu’elle nous mentionne que pour que «[son] bonheur soit encore plus parfait», elle voudrait avoir un enfant. Et c’est là que nous pouvons comprendre qu’il est réellement possible de réinventer sa vie après avoir vécu plusieurs épreuves difficiles.

C’est avec une femme inspirante, remplie d’authenticité, que nous avons eu le privilège de nous entretenir. L’histoire de Geneviève Fortin en est une d’espoir, de laquelle nous pouvons tous en tirer profit. Ainsi, ne perdez pas espoir si vous pensez que votre fils ou votre nièce ont emprunté le chemin de la rue et de la drogue. Avec de la volonté et de bonnes personnes, il est possible de changer.

Après tout, «tout est possible dans la vie».

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