«Maudit karma» et «Jésus m'aime» de David Safier – Bible urbaine

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«Maudit karma» et «Jésus m’aime» de David Safier

«Maudit karma» et «Jésus m’aime» de David Safier

L'humour de l'autre côté du mur de Berlin

Publié le 28 septembre 2011 par Éric Dumais

Crédit photo : Arte-Literario

Lorsque je n'ai pas le nez fourré dans un roman pour le travail, il m'arrive de sortir de chez moi et de me rendre d'un pas léger au Renaud-Bray ou au Archambault un soir de semaine, complètement en manque de littérature, et de tomber à coup sûr de charmantes découvertes.  Et c'est grâce aux fameux coups de coeur chez les libraires que je suis tombé, moi jeune bachelier en lettres, sur la bombe littéraire du siècle les amis: le roman Maudit karma.

Écrit par l’Allemand David Safier en 2008, un scénariste très reconnu dans on pays natal, Maudit karma c’est l’histoire rocambolesque de Kim Lange, une animatrice de talk-show au sommet de la gloire, qui, malencontreusement, décède raide lorsqu’elle reçoit un météorite en pleine gueule. Arrivé dans l’au-delà, Kim apprend par Bouddha en personne qu’elle a accumulé beaucoup trop de mauvais karma dans sa vie. En plus d’avoir bêtement délaissé sa fille de cinq ans au profit de son travail et d’avoir trompé son mari avec le premier venu, la jeune femme se voit confronter à l’inimaginable: Kim se réincarne en fourmi. Aurait-elle imaginé, du haut de son demi-centimètre, voir une autre femme la remplacer auprès de sa famille? Elle devra remonter le cycle des réincarnations, qui peut s’avérer plus compliqué que prévu, et récupérer son mari avant que sa rivale n’y parvienne. Mais de fourmi à bipède, le cycle peut être long et tout dépend du bon karma accumulé jusqu’alors. Kim Lange réussira-t-elle à redevenir une humaine et à reconquérir le coeur de son mari?

Maudit karma est l’un des romans les plus drôles que j’aie lus, et ce, bien plus que la formidable série de l’inspecteur Specteur de l’humoriste et comédien Ghislain Taschereau, que je lisais aussi avidement qu’un Reader’s Digest ou un Archie. En effet, David Safier possède une plume légère, incisive et humoristique comme il n’est pas permis. L’histoire évolue rapidement avec une poignée de catastrophes et de péripéties, un peu comme J’haïs le hockey de François Barcelo, sauf que Safier, ici, n’hésite pas à se rendre là où les hommes n’ont jamais marché. Il connaît l’art de rendre ses personnages attachants et drôles, ce qui le place, peut-être un peu malgré lui, auprès d’auteurs aussi rafraîchissants que Alexandre Jardin ou Daniel Pennac.

«Maudit karma», par David Safier. Écrit en septembre 2008 aux Presses de la Cité. 12,95 $. 324 pages.

En septembre 2009, David Safier a fait paraître son deuxième roman, Jésus m’aime, un an après la parution de l’excellent Maudit karma. Le timing est bon, mais il faut comprendre que les choses n’ont pas été aussi faciles pour lui.

Jésus m’aime, c’est le récit de Marie, une jeune femme qui semble n’avoir aucune difficulté à accumuler les échecs. D’abord, son ex-copain Marc la largue comme un vulgaire chiffon, son mariage avec Sven tombe à l’eau, et elle se retrouve pensionnaire chez son père avec qui elle vient de se brouiller. Décidément, la trajectoire de Marie manque un peu de précision. Un jour, alors que le plafond de sa chambre lui coule sur le front, son père lui présente un jeune charpentier nommé Joshua, un bon Jack comme on dit, venu exprès pour inspecter les dégâts. Beau, grand, cheveux longs et bouclés, regard de feu, Joshua semble être l’homme parfait pour mari, mais à une exception près: il déclare être Jésus, le fils de Dieu. De fil en aiguille, Marie et Joshua se découvrent quelques affinités, et c’est au grand désarroi de cette dernière qu’elle doit se rendre à l’évidence: Joshua est vraiment… Jésus Christ en personne! Jésus m’aime, une histoire tordue où l’ange Gabriel, Satan, Jésus, Marie et Dieu se sont donnés rendez-vous sur Terre!

L’auteur possède réellement l’art de la comédie et du sarcasme. Ses récits sont complètement capotés, et je dois avouer qu’avec Jésus m’aime David Safier prouve encore une fois qu’il est passé maître du genre, et ce, pas seulement en Allemagne! Ce deuxième livre est d’un irréalisme presque compromettant, et surpasse en péripéties et en sursauts l’histoire folle qu’est Maudit karma. Avouons que ce n’est pas tous les jours que nous côtoyons Gabriel, Marie, Jésus, Dieu et Satan dans la même histoire? Et vous savez quoi? Satan, dans l’histoire, se transforme en cygne noir et en… George Clooney. Même qu’il s’amuse, à un certain moment du récit, à lancer des marrons sur le crâne des canards. « C’est n’importe quoi », me direz-vous, mais ô combien divertissant. Je vous le conseille, sans blague, comme toute sa bibliographie, d’ailleurs.

«Jésus m’aime», par David Safier. Écrit en septembre 2009 aux Presses de la Cité. 11,95 $. 288 pages.

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