«Dans la peau de...» Marianne Brisebois, autrice qui aborde l'humain de manière nuancée et singulière – Bible urbaine

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«Dans la peau de…» Marianne Brisebois, autrice qui aborde l’humain de manière nuancée et singulière

«Dans la peau de…» Marianne Brisebois, autrice qui aborde l’humain de manière nuancée et singulière

L'écriture comme moyen d'analyser et de décortiquer les émotions et les relations humaines

Publié le 20 mars 2025 par Éric Dumais

Crédit photo : Julie Artacho

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Aujourd’hui, on a eu le bonheur de renouer la discussion avec l'autrice Marianne Brisebois, qui vient de faire paraître, aux Éditions Hurtubise, sa plus récente œuvre de fiction, intitulée «Fragments d'Olivier». Dans ce roman intensément vertigineux, elle poursuit son exploration de la psychologie humaine, dans ses nuances comme dans ses imperfections, en explorant la relation d'amour vive et ardente, mais résolument toxique, entre Camille et Olivier, deux amants pris dans les spirales d'un désir aussi nocif qu'un poison.

Marianne, on se confesse, car ce n’est plus un secret pour personne: on ne se lasse jamais de ces discussions colorées et passionnées autour de tes romans! La preuve, en 2023, on a eu un réel coup de cœur pour, Mais l’automne est arrivé, et en 2022 et 2021, on discutait de Quelques solitudes et de Sauf que Sam est mort tu te souviens? Donne-nous donc des nouvelles récentes de toi; ça fait longtemps!

«Merci pour l’engouement renouvelé à chaque roman! C’est toujours un plaisir d’en discuter avec vous.»

«Avec les publications qui s’enchaînent, vous vous doutez probablement que les derniers mois ont été bien remplis de mon côté. Avec l’écriture, le travail éditorial de mon dernier roman – je continue également de travailler à temps plein dans le milieu communautaire –, et je collabore toujours avec l’entreprise de coaching littéraire La Bonne Mine, avec qui je donne des ateliers d’écriture et aide des aspirants auteurs à maximiser leurs chances de publier. J’ai également passé la moitié de la dernière année entre Montréal et une petite ville du sud de l’Angleterre..»

«Bref, une année très mouvementée, mais ô combien inspirante. Je me sens bien, et surtout au bon endroit.»

Nos lecteurs et lectrices l’ont sans doute déjà deviné, mais si on a l’opportunité de se parler aujourd’hui, c’est bien parce que les Éditions Hurtubise ont dévoilé en début d’année les titres qui marqueront leur saison d’hiver 2025, parmi lesquels on retrouve, ta dam!, Fragments d’Olivier, ton sixième roman en carrière! Avant qu’on entre dans le vif du sujet, dis-nous: comment une histoire vient à toi?

«Un processus créatif est toujours quelque chose de difficile à expliquer, à transposer de manière concrète. J’ai toujours eu une tendance pour les histoires, la pensée qui divague, qui rebondit d’un élément qui m’allume à un autre. J’aime réfléchir sur l’humain, sa psychologie, ses relations, et surtout les aborder de manière nuancée, singulière.»

«Ce qui m’habite en premier est la voix de mon personnage principal, teintée par sa situation initiale qui est intimement liée aux thématiques sensibles que je désire aborder. Quand tout ça prend racine dans ma tête, le besoin d’écrire devient presque urgent! Puis, c’est en écrivant que tout prend forme, que l’inspiration s’installe dans mon quotidien.»

«Mes personnages et les réalités que j’aborde à travers eux viennent de sujets et de situations qui m’interpellent personnellement, mais jusqu’à maintenant, je n’ai jamais dépeint une histoire que j’ai moi-même vécue.»

«C’est la fiction, ce qu’elle reflète de la réalité, les chamboulements qu’elle provoque, qui me donnent envie de créer.»

Ainsi, Fragments d’Olivier, qui est paru en librairie le 20 mars dernier, est une histoire autour d’un amour vif et ardent, mais toxique au possible. En effet, la protagoniste, qui est accro à «son» Olivier comme à une drogue dure – pour reprendre ses mots, à un moment du récit, elle dit: «Pour moi, pour moi au complet, mon corps, ma tête, mes sentiments, t’es juste la meilleure sensation qui existe» –, plonge dans cette relation extraconjugale, bien consciente que cette «consommation récréative» est malsaine pour eux deux. Glisse-nous donc quelques mots sur tes personnages: on est curieux d’en savoir plus sur leur psychologie et leurs pulsions.

«Camille aime Olivier depuis toujours, alors que tous les deux se sont rencontrés à l’âge où les premières fois et l’innocence lui ont permis de le connaitre avant que ses enjeux personnels ne viennent détruire la vie qu’ils commençaient à construire. Elle voit en lui beaucoup plus qu’un problème de consommation, mais elle sait que cette faiblesse est bien ancrée en lui. Indépendante et surtout très lucide, jamais elle n’espère le sauver, le changer. Elle se permet plutôt de le reprendre dans sa vie à sa guise, dans ses périodes de sobriété, consciente que la roue recommencera à tourner.»

«Olivier souffre d’un mal de vivre depuis l’enfance, un âge où la peur de la mort et de son imminence l’ont mené à devenir un adulte qui craint la vie encore plus. La consommation de médicaments, d’alcool et de drogue s’est frayé un chemin dès son entrée dans l’âge adulte, ayant des répercussions sur sa vie personnelle et sur sa relation avec Camille.»

«En vieillissant, tous les deux ont choisi à maintes reprises de replonger l’un vers l’autre, entre le déni, l’égoïsme, l’infidélité et surtout le refus de tourner la page.»

Donc, si on a bien compris, ils sont bel et bien conscients que leurs agissements sont contraires à une «bonne éthique», c’est-à-dire à une vie de couple conventionnelle – n’oublions pas qu’ils se voient en cachette pendant que leurs chum et blonde ont le dos tourné! – mais comme des drogués en manque de coke, ils ne peuvent s’empêcher de consommer leur désir, car, entre eux, la modération, ça n’existe pas, et ils se convainquent à tous les coups «que c’est rien de grave». Mais là… où ça va les mener, tout ça? Peut-on en avoir une petite idée de rien du tout?

«Au moment où l’on se plonge dans l’histoire, on comprend que Camille est en train de se bâtir une vie épanouissante, surtout saine. Olivier refait surface alors qu’il rentre en ville après une cure de désintoxication. Camille n’hésite pas, lui non plus, même s’ils sont tous les deux en couple.»

«S’ils se permettent de tels écarts de loyauté, c’est bien parce que se reprendre l’un et l’autre par pur égoïsme fait partie de leur vie depuis toujours. Comme s’ils pouvaient simplement se donner le droit de profiter de l’un et l’autre pour de courts et longs moments, puisque vivre leur histoire pleinement n’est jamais possible.»

«Alors qu’on dit souvent que choisir c’est renoncer, cette histoire décortique bien ce qui arrive quand on pense choisir sans accepter de renoncer.»

En tout cas, à te lire, un élément qu’on a toujours aimé et qui fait la force de tes histoires, et c’est notre humble avis ici, c’est justement la psychologie de tes personnages, qui est toujours développée et soignée avec soin dans chacun de tes romans. Et ce n’est pas anodin, puisque tu es diplômée en psychologie et en communication! Qu’est-ce qui te passionne tant chez l’humain, au point d’éprouver un «plaisir fou» le mettre en scène dans des situations… parfois rocambolesques!

«J’ai toujours aimé analyser et décortiquer les émotions ainsi que les relations humaines. Il existe tellement de nuances, de vécus qui teintent nos façons de les aborder, qu’on n’en fera jamais le tour. Et c’est ce qui est d’autant plus fascinant. L’écriture me permet d’aller explorer tout ça à travers mes personnages, d’exposer leurs imperfections et de mettre de l’avant des rapports humains souvent “confrontants”.»

«La relation entre Camille et Olivier, je ne l’ai pas écrite pour nous faire rêver ou pour nous faire la morale. Je pense que la fiction doit aussi nous montrer les vraies failles de l’humain. Dans Fragments d’Olivier, j’espère faire vivre la frustration que ressent une personne sobre lorsqu’elle assiste avec impuissance à la dépendance d’un proche, faire tomber en amour pour amener des nuances là où on croit la rupture facile.»

«Et faire vivre la spirale de la consommation, celle de la drogue comme celle des amours dont on aime le poison.»

Fragments d’Olivier de Marianne Brisebois, publié aux Éditions Hurtubise, est actuellement en vente dans une librairie près de chez vous au coût de 26,95 $ (papier) ou 19,99 $ (PDF et ePub). Et pour découvrir nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/nos-series/dans-la-peau-de.

*Cet article a été produit en collaboration avec les Éditions Hurtubise.

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