LittératureCroisée des mots avec
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Marine, comme on se retrouve! Le 13 février dernier, on a en effet eu la chance de faire connaissance pour la toute première fois pour discuter de L’assainisseur, ton plus récent roman noir paru aux Éditions David. Pour celles et ceux qui n’ont pas encore eu l’opportunité de le lire, c’est un récit au sein duquel tu explores les méandres ténébreux de l’âme humaine et où l’on suit les écrits d’un journaliste chevronné et d’un tueur en série sadique. Dis-nous tout: quels échos as-tu reçus de la part de tes lecteurs et lectrices depuis sa sortie en librairie?
«Les premiers retours que j’ai eus sur mon roman étaient en lien avec sa couverture! Les gens m’ont dit avoir été particulièrement intrigués par l’image de champignons. Ils se demandaient quel était le lien avec l’histoire. Cela semble avoir attisé pas mal de curiosité! C’est une réaction à laquelle je ne m’attendais pas du tout et j’ai trouvé cela amusant. C’est vrai que, lorsque l’éditeur m’a suggéré des options de couverture, il avait eu un gros coup de cœur pour celle-là. J’ai suivi son instinct et je ne le regrette pas! Les seconds échos que j’ai reçus concernent le format du roman: un roman choral (avec plusieurs narrateurs), ce n’est pas commun. Le lectorat semble avoir aimé cette proposition un peu inhabituelle.»
«Je suis ravie de constater que le livre intrigue les gens sur plusieurs aspects. J’ai aussi eu droit à des commentaires franchement drôles! Par exemple: “Est-ce qu’on n’est pas une psychopathe soi-même pour écrire sur un meurtrier, ah ah!”»
En entrevue, tu nous as confié avoir une réelle fascination pour le true crime, un genre documentaire criminel né aux États-Unis qui a connu une ascension fulgurante ici même au Québec avec des porte-voix connus du grand public, dont Victoria Charlton, Simon Predj, ou encore Annie Richard et Jean-Philippe Rousseau. Qu’est-ce qui te procure le frisson royal lorsque tu écoutes un podcast ou lorsque tu lis un bon thriller, ou même une série télé!, et en quoi ce genre a-t-il influencé ton écriture dans ce cas-ci?
«Ce qu’il faut savoir, c’est que je ne suis pas une fan des romans d’enquête. J’ai aimé lire Agatha Christie quand j’étais plus jeune, mais ce n’est pas mon genre de prédilection. En revanche, j’aime beaucoup écouter des podcasts ou regarder des documentaires sur ce sujet. Je pense que j’aime l’idée d’une reconstitution, à savoir celle de comprendre les motivations derrière un passage à l’acte, même si la logique est démente, il y a une logique intrinsèque au meurtrier.»
«Je suis une grande lectrice d’Amélie Nothomb, qui arrive très bien à dépeindre des personnages timbrés ou socialement inadaptés. Ce qui me procure un bon frisson, que ce soit quand je lis ses romans, par exemple, ou quand j’écoute un podcast sur un meurtre ou une disparition, c’est d’être toujours surprise par la nature humaine, qui peut faire des choses qui dépassent l’entendement.»
«La folie repousse les limites de tout. On se dit souvent: “Mais comment c’est possible de faire ça?” “D’aller aussi loin?”»
Tu as été conviée par l’AAOF et ses partenaires à prendre part, aux côtés de l’écrivain Philippe Godoc, à la troisième Croisée des mots de cette 7e édition, une causerie virtuelle où le public est invité à joindre, durant une heure, une discussion axée sur la littérature pour les mordus de lecture. Comment as-tu initialement accueilli cette proposition, dont le thème à l’honneur est «une plongée haletante dans l’univers du true crime», et à quoi t’attends-tu comme expérience? On est curieux!
«Je m’attends à tout, pour être honnête! Je pense que l’animateur et le public peuvent me surprendre avec des questions auxquelles je ne m’attends pas et qu’il faut laisser la place à la spontanéité.»
«Lorsque l’AAOF m’a proposé cette thématique, j’ai trouvé ça super emballant. C’est un peu comme si la boucle était bouclée. Moi, consommatrice de podcasts de true crime, qui peut en parler à haute voix avec d’autres curieux sur le sujet. Que rêver de mieux?»
«J’ai hâte de voir où la curiosité des gens va amener la conversation. Le but n’est pas d’ouvrir des discussions chocs ni de parler des pires tordus qui ont inspiré des documentaires sur Netflix, mais plutôt de réfléchir aux raisons pour lesquelles les faits divers, même les plus sordides, inspirent la littérature à surfer sur cette thématique hors norme, qui explore l’âme humaine dans son universalité… ou, devrais-je dire, dans sa folie universelle.»
Toi qui as lu, pour l’occasion, le thriller Kepone du primo-romancier Philippe Godoc, paru en 2023 chez Viviane Hamy Éditions, puis réédité au format poche chez Gallimard l’année suivante, peux-tu nous révéler ce qui a éveillé tes sens lors de ta lecture? Raconte-nous brièvement l’histoire pour nous mettre l’eau à la bouche.
«Je ne veux pas en dire trop pour ne pas spoiler le roman de Philippe Godoc, mais ce qui rend ce récit passionnant, c’est qu’il se base sur une histoire vraie, celle du scandale de l’usage du chlordécone (aussi appelé Kepone), un insecticide toxique qui a causé de nombreux dégâts humains et environnementaux.»
«Le livre suit le parcours du journaliste fictif Marc Montroy, qui enquête sur ce sujet des décennies plus tard. En creusant, il va se retrouver pris au milieu d’un engrenage énorme et découvrir, bien sûr, que la pointe de l’iceberg n’était que le début d’un truc énorme!»
«Le roman débute aux États-Unis et emmène le lecteur jusqu’aux Antilles. Cette toile de fond inhabituelle pour un polar donne vraiment une aura unique au roman.»
«J’ai aimé être transportée dans une enquête ailleurs que dans une Londres pluvieuse ou un Paris gris. C’est un roman très bien écrit que je recommande; il sait garder en haleine!»
Il n’y a pas à dire: c’est une chance inouïe qu’on ait accès, gratuitement en plus!, à ces Croisées des mots. Cette rencontre virtuelle est l’occasion rêvée, rappelons-le, de rassembler des auteurs et auteures de la francophonie – et leurs fidèles lecteurs – pour engager un dialogue passionnant et enrichissant autour de notre littérature, de notre culture, de nos valeurs. Qu’aimerais-tu dire à notre public pour l’inviter à regarder en rediffusion ce rendez-vous incontournable?
«Cette Croisée des mots, comme son nom l’indique, est unique, car elle permet de recouper les univers de deux auteurs unis par une thématique similaire. C’est vraiment intéressant de voir deux approches sur une enquête et un monde journalistique qui sont interreliées à un scandale ou encore à un meurtre.»
«En plus, le public aura l’opportunité de parler avec les auteurs et d’être donc un acteur direct de l’échange. C’est 100% une expérience interactive pour celles et ceux qui y assisteront. C’est enrichissant des deux côtés! C’est également une façon de questionner les auteurs sur leur méthodologie de travail, leur processus d’écriture, etc.»
«Cette causerie virtuelle permettra aux participants de rentrer dans la tête des auteurs et de poser les questions qu’on aimerait soi-même voir dans une entrevue avec nos auteurs préférés. C’est vraiment une chance à saisir!»
Chers lecteurs et chères lectrices, ne ratez pas la troisième Croisée des mots de cette 7e saison qui se tiendra le mercredi 12 mars de 19 h à 20 h avec Marine Sibileau et Philippe Godoc, qui répondront en direct aux questions de l’animateur Hugues Beaudoin-Dumouchel – et les vôtres, pourquoi pas! – lors d’une causerie littéraire gratuite et accessible par Zoom. L’inscription est obligatoire, alors assurez-vous de réserver votre place dès maintenant en cliquant ici!
*Cet article a été produit en collaboration avec l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français (AAOF).
Nos recommandations :

«Croisée des mots avec…» Daniel Marchildon, coauteur du roman «L’étonnant cas de Nico»
