LittératurePolars et romans policiers
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«Reporter criminel» de James Ellroy (Rivages / Noir)
Mon premier Ellroy à vie! Il était temps, car l’auteur de L.A. Confidential et Le dahlia noir, le Balzac du roman noir, est une solide référence en la matière. Fait intéressant, car c’était un baptême, j’ai découvert, avec Reporter criminel, une autre facette de l’écrivain de romans policiers: l’auteur-journaliste. En effet, l’Américain revient ici sur deux reportages pour mettre de l’avant la voix drabe et terne des policiers – et non celle, soutenue, de l’écrivain de fiction – pour donner des allures de rapports de police à ces deux histoires sordides d’assassinats ayant été perpétrés aux États-Unis respectivement en 1963 et en 1976.
James Ellroy fait d’abord le point sur l’assassinat de deux jeunes New-Yorkaises, abattues froidement à coup de poignard dans leur appartement de Manhattan, puis il fait la lumière sur le meurtre du célèbre acteur Sal Mineo, assassiné devant chez lui, en plein jour à Los Angeles. Ce qui nous happe au premier abord, c’est la voix des policiers qui racontent l’histoire, objective et glaçante; elle narre de façon détachée les faits d’enquête, les preuves et les témoignages jusqu’au jugement final. C’est spécial et glaçant.
En toute honnêteté, on ne trouve pas un réel plaisir à lire ces deux rapports d’enquête, puisqu’ici James Ellroy joue le jeu à fond, mais on finit, et surtout grâce aux photos d’archive, à se laisser entraîner jusqu’à la fin. L’exercice en vaut tout de même la chandelle.
Extrait: «En épluchant le fichier des psychopathes déviants sexuels, on a trouvé une liste de six pervers et le détail de leurs préférences. On a interrogé des exhibitionnistes et des salopards qui chient dans les lavabos. On a cuisiné des peloteurs du métro et des sodomites partisans de la vaseline. Et encore : des travelos cambrioleurs, des massacreurs de pédés, des psychopathes brouteurs de chattes. Des mâles accros aux crèmes de beauté. Résultat: ZÉRO».