Un voyage inattendu: «Desvío de noche (Détour de nuit)», en salle au Québec dès le 22 septembre 2023 – Bible urbaine

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Un voyage inattendu: «Desvío de noche (Détour de nuit)», en salle au Québec dès le 22 septembre 2023

Un voyage inattendu: «Desvío de noche (Détour de nuit)», en salle au Québec dès le 22 septembre 2023

Se laisser aller à la dérive, là où tout est possible

Publié le 18 septembre 2023 par Jessica Samario

Crédit photo : Tous droits réservés @ Les Films du 3 Mars

Le 22 septembre, Les Films du 3 Mars et Maintenant et plus tard présentent la première de «Desvío de noche (Détour de nuit)» à la Cinémathèque québécoise. Des projections de ce premier long métrage, écrit et réalisé par Ariane Falardeau St-Amour et Paul Chotel, seront également présentées au Cinéma du Musée et au Cinéma Public, avec une avant-première prévue le 20 septembre au Cinéma Beaubien. Tourné au Mexique, ce film parcourt les quatre coins du globe pour aller à la rencontre de publics de différents pays. On a notamment pu le voir à l'affiche de plusieurs festivals, dont le Festival du nouveau cinéma (FNC), le FIDMarseille ainsi que le Festival international du film de Jeonju en Corée du Sud. Pour l'occasion, j'ai eu la chance de m'entretenir avec ces cinéastes qui gagnent à être connus!

Des talents en harmonie

Né à Paris, Paul Chotel a étudié le cinéma à Montréal pour ensuite collaborer à plusieurs projets à titre de scénariste, monteur, réalisateur et même producteur. Il a d’ailleurs coécrit et coproduit le court-métrage Écume en 2020, présenté en première mondiale à la 70e Berlinale et nommé dans le Canada’s Top Ten au TIFF.

Quant à Ariane Falardeau St-Amour, elle est connue pour avoir produit et assuré la direction photo du film Mad Dog Labine paru en 2018, récipiendaire du Grand Prix Focus Québec / Canada du Festival du nouveau cinéma et du prix Gilles-Carle des Rendez-vous du cinéma québécois.

C’est à l’Université Concordia, il y a une dizaine d’années, que Paul et Ariane ont uni leurs talents pour la première fois, lors de leurs études. Pour reprendre les mots de la cinéaste, c’est aussi le moment où ils ont rencontré leur «famille de cinéma» rassemblant d’ailleurs les trois producteurs de Desvío de noche (Détour de nuit): Simon Allard, Jeanne Dupuis et Omar Elhamy.

«Paul et moi, je pense qu’on a des visions du cinéma qui se rapprochent, et c’était super naturel de faire notre premier long métrage ensemble», m’a confié Ariane.

Un voyage au cœur de la jungle

Desvío de noche (détour de nuit) raconte le périple d’une journaliste sportive tourmentée par la disparition de Violeta Martinez, une talentueuse patineuse artistique. Elle quitte le Nord pour se rendre sur la côte ouest du Mexique et retrouver le village natal de l’athlète pour ainsi tenter de clore son enquête.

Prise de court, la reporter se perd dans les témoignages contradictoires, la découverte d’une tragédie et la rencontre de gens mystérieux. C’est alors que le scénario dévie et s’enfonce dans la nuit, au cœur du village et de la réalité de ses habitants. Nous suivons désormais deux individus énigmatiques qui amènent des parcelles d’imaginaire et d’espoir malgré tous les deuils qu’ils traversent.

Le projet a éclos, un peu par hasard, lorsque Paul et Ariane ont rencontré des gens durant leur voyage au Mexique. Ils ont eu envie d’apprendre à mieux les connaître et à se laisser imprégner par l’ambiance et les événements du milieu. Ariane m’a expliqué que c’est ainsi qu’ils ont créé des personnages à l’image de ces gens et que le lieu leur a inspiré une histoire.

Elle a poursuivi: «C’est un endroit très utopique, qui est en constant changement et qui se fait rattraper par le temps. Donc, forcément, l’idée du deuil s’est fait imposer par le lieu.» Ce à quoi Paul à ajouté: «La recherche de lieux était très importante. Ce n’est pas un village, mais plusieurs villages qui forment celui qu’on a inventé; c’est une géographie imaginaire, enfin».

Ce voyage s’est révélé très novateur pour les deux cinéastes qui reconnaissent avoir grandi à travers cette expérience enrichissante. Leur nouvel environnement les a forcés à laisser tomber leurs protocoles habituels, appris dans l’industrie du cinéma québécois, afin de s’adapter au mode de vie de la région. Ils ont dû ralentir leur rythme et s’ouvrir l’esprit pour sortir de leur zone de confort et pour apprivoiser différentes façons de travailler.

Sur une durée de trois ans, le tournage a pris un chemin inattendu: «Il y a eu la pandémie et des imprévus, donc c’est vrai que le film a créé un détour, pour reprendre le titre. On a dû accepter qu’il ne soit pas exactement celui qu’on avait en tête au départ. On l’a accompagné dans la direction qu’il a prise. C’est un peu à l’image de la journaliste qui arrive avec quelque chose en tête et qui, une fois confrontée à la réalité, doit s’ajuster énormément, mais c’est pour le mieux», m’a raconté Paul.

Photo tirée du film «Desvío de noche (Détour de nuit)» @ Les Films du 3 Mars

Une voix singulière

On reconnait aisément la voix de la talentueuse Marie Brassard qui narre la première partie du récit, soit les souvenirs de la journaliste. Le choix de la narratrice représentait un élément crucial, puisque le personnage principal était en fait omniprésent dans l’histoire de Desvío de noche. «Quand on entend sa voix, on imagine son visage, et pour un film avec un personnage qu’on ne voit presque jamais, c’est très important d’avoir une voix qui provoque cet imaginaire», a déclaré Paul.

En effet, le spectateur entre dans la tête de la narratrice et se perd ensuite dans un tout autre univers. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on sent sa présence hors champ, avec les jeux de caméra, les réflexions et les accessoires dans la deuxième partie du film. Les cinéastes ont réussi à faire vivre le personnage sans qu’elle se trouve réellement à l’écran.

On ne connait presque rien de cette reporter au fond: «Elle a un français parlé qui est moins directement identifiable à un accent québécois. Les nationalités ne sont pas clairement nommées dans le film, et il y a un désir de rester flou par rapport à ça. La journaliste vient d’une ville où il fait froid, puis elle va dans un pays plus au sud où il fait chaud. C’est intentionnel», a ajouté Ariane.

D’ailleurs, plusieurs scènes sont demeurées en espagnol, sous-titrées en français, afin de préserver l’authenticité des dialogues.

Photo tirée du film «Desvío de noche (Détour de nuit)» @ Les Films du 3 Mars

Une aventure pour le spectateur

Accompagnés de Catherine K. Pelletier à la direction artistique, les réalisateurs ont décidé de conserver l’authenticité de la plupart des lieux en les filmant tels quels, sauf pour la scène finale qui se déroule dans une maison décorée pour l’occasion. La magie du village inventé s’est plutôt montrée à travers les jeux de caméra.

Ariane m’a confié que, parfois, ils pouvaient passer quatre heures à choisir le bon positionnement de caméra pour présenter un lieu afin qu’il soit tel qu’ils l’avaient imaginé, ou encore, pour qu’il apparaisse sous une perspective différente dans une autre scène!

À quelques jours avant la première du film, Paul m’a dévoilé ses intentions quant à l’expérience des spectateurs: «On disait souvent qu’on ne voulait pas faire un film d’aventure, mais une aventure pour ceux qui le regardent. Même à son insu, la perception du spectateur est changée à travers la première image et la dernière […] Il y a un plaisir à se perdre au cœur du film. Il y a quelque chose de sympathique dans le fait de faire un détour et de prendre un chemin de traverse. Et on espère que le spectateur tirera un certain plaisir de partir à la dérive; qu’il ne soit pas inquiet là-dedans, et qu’il l’accepte».

Dans le même ordre d’idées, Ariane a conclu avec sa perception du projet qui sera enfin dévoilé au public: «C’est un film qui propose plusieurs chemins, puisque sa trajectoire se détourne elle-même un peu de son intention de départ, et il existe plusieurs manières de le vivre. Forcément, on avait envie que ce soit immersif pour le spectateur, mais son sentiment ne nous appartient plus».

C’est donc un rendez-vous? Partez vous aussi à l’aventure, dès le 22 septembre, dans ce monde imaginaire qui saura vous surprendre! Vous ne serez pas prêt∙e d’oublier une expérience cinématographique comme Desvío de noche (Détour de nuit)!

Desvío de noche (Détour de nuit) prendra l’affiche, en présence du duo de réalisateurs, au Cinéma Beaubien (avant-première à 19 h le 20 septembre), à la Cinémathèque québécoise (première à 19 h le 22 septembre), au Cinéma du Musée (séance à 19 h le 23 septembre), au Cinéma Public (séance à 15 h le 24 septembre). N’oubliez pas de vous abonner à la page Facebook et Instagram du film. Bon visionnement!

*Cet article a été produit en collaboration avec Les Films du 3 Mars.

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