«Soumissions» d’Emmanuel Tardif, un drame psychologique qui capte la complexité des rapports humains – Bible urbaine

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«Soumissions» d’Emmanuel Tardif, un drame psychologique qui capte la complexité des rapports humains

«Soumissions» d’Emmanuel Tardif, un drame psychologique qui capte la complexité des rapports humains

Rencontre avec un réalisateur fasciné par les mécanismes inconscients

Publié le 30 septembre 2021 par Mathilde Recly

Crédit photo : Tous droits réservés @ Les Films du 3 Mars

Dès le 8 octobre, Les Films du 3 Mars et Les Rapailleurs présentent le film «Soumissions» au Cinéma du Musée et à la Cinémathèque québécoise. Dans ce drame psychologique, on assiste à une situation de crise familiale qu’une médiatrice tente tant bien que mal de résoudre: en effet, depuis que sa compagne Roxanne l’a quitté, Joseph lui interdit de voir leur fils Mathieu et séquestre sournoisement ce dernier dans leur propriété de campagne... Afin d’en savoir plus sur cette création cinématographique, nous nous sommes entretenus avec le cinéaste Emmanuel Tardif au sujet de l'histoire et de sa vision artistique.

Un cinéma contemplatif aux accents surréalistes

Entre les rôles de scénariste, réalisateur et monteur, Emmanuel Tardif assure de nombreuses fonctions artistiques et techniques derrière ses créations. Après avoir sorti un premier film expérimental s’inscrivant dans le genre art et essai, Speak Love (2019), il nous revient cette fois avec un drame psychologique aux accents surréalistes. Comme il l’admet lui-même, sa signature artistique se trouve avant tout dans le scénario, qui dévoile à la fois des éléments relevant de l’inconscient et de la magie: «Mon cinéma est assez contemplatif, il y a quelque chose de très spontané et intuitif pendant le tournage. On essaye de trouver le ton le plus juste à l’intérieur d’un scénario qui est, pour sa part, plus surréaliste et décalé.»

Parmi les sujets de prédilection d’Emmanuel Tardif, on compte les zones d’ombre propres à la société actuelle, ainsi que les comportements humains de ceux qui la composent. Plus qu’une simple captation de la vie réelle, c’est une analyse de nos agissements qu’il tente de mettre en lumière: «Quand je filme, je ne me contente jamais de reproduire ce qu’on voit généralement dans la vie. J’essaye d’observer les mécanismes qui nous poussent à penser, à faire ou à désirer certaines choses, en fait, j’essaye de percer l’inconscient», nous précise-t-il.

Par ailleurs, outre le fait d’assurer l’aspect créatif et technique de ses créations, Emmanuel Tardif est aux commandes des Rapailleurs, sa compagnie de production cinématographique qui offre un encadrement novateur aux projets ne bénéficiant pas nécessairement du système de financement traditionnel. Et c’est justement Soumissions qui a été le déclencheur de ce projet.

«Le film s’est fait de manière improvisée et assez naturelle. On était une petite équipe et je l’ai certes produit, mais pas du tout dans un cadre de production “traditionnel”. Le budget était géré comme on gère un voyage et, comme l’expérience s’est très bien passée, ça m’a donné envie d’enregistrer la compagnie des Rapailleurs et de peut-être produire d’autres films», explique-t-il.

Il admet avoir eu la piqûre pour la production cinématographique du point de vue de la transmission que celle-ci implique, mais aussi dans le but d’aider des amis à faire leurs films, de rencontrer des gens et de découvrir des cinéastes – y compris «des gens plus éclatés».

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De gauche à droite: Roxanne (Charlotte Aubin), la médiatrice (Lucette Chalifoux) et Joseph (Martin Dubreuil).

Soumissions ou l’expression des rapports humains chaotiques

Dans Soumissions, le silence dans lequel se terre Joseph (Martin Dubreuil) – et dont personne n’arrive à le sortir – devient pesant. Et, dans ces conditions, trouver une solution pour tenter de ressouder cette famille déchirée est très, très compliqué. Le silence pesant, additionné au vide créé par Roxanne (Charlotte Aubin) et à l’isolement dans lequel s’engouffrent le père et le fils, incite insidieusement ces deux derniers à perdre pied.

Sans aucun doute, ce sont les rapports de force qui existent entre les personnages qu’Emmanuel Tardif a voulu faire ressortir. En effet, tandis qu’on sent une fermeture «récente» de la part de Joseph vis-à-vis de son ex-femme, on comprend que l’ouverture qu’il aurait pu avoir dans sa relation avec son fils n’a pas nécessairement été là auparavant. Et puis, l’enfant semble désabusé et ne cherche même pas à retrouver sa mère.

«Dans la soumission, il y a aussi l’abandon d’une possible libération», précise le cinéaste avant d’ajouter que: «Les personnages sont en quelque sorte soumis à leurs propres forces, faiblesses et incapacités. On voit que la mère n’est pas soumise au père, mais à son incapacité à le réveiller, à faire un geste drastique pour récupérer son fils.»

D’ailleurs, le schéma familial, tout comme l’influence que celui-ci aura dans le chemin de vie d’une personne, est ici pointé du doigt. «On observe comment le rapport malsain du couple peut se reproduire dans la tête du fils: Mathieu ne le reconduira pas forcément de façon naturelle, mais il le réexprimera sûrement de manière chaotique, maladroite et insensée», remarque notre interlocuteur.

Et, selon Emmanuel Tardif, même si la thématique du lien père-fils a déjà été explorée dans l’histoire du cinéma québécois, cette incursion dans la vie de Joseph et de Mathieu (Félix Grenier) apporte un vent de renouveau dans la façon de traiter le sujet. «Je ne peux promettre à personne qu’il ou elle aimera mon film, mais je peux assurer que les spectateurs vivront une expérience qu’ils n’auront vécue dans aucun autre film. Ils vont assurément être surpris de ce qu’ils vont voir, et ça va clairement faire travailler leur conscience pendant et après la projection», conclut-il avec une pointe d’enthousiasme dans la voix.

Ne manquez pas l’avant-première de Soumissions en présence de Martin Dubreuil, Léa Roy et Lucette Chalifoux le 4 octobre à 19 h au Cinéma du Musée! Puis, dès le 8 octobre, le film sera présenté à la Cinémathèque québécoise et au Cinéma du Musée.

*Cet article a été produit en collaboration avec les Films du 3 Mars.

Le film «Soumissions» en images

Par Tous droits réservés @ Les Films du 3 Mars

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