«Ex Machina» d’Alex Garland, avec Oscar Isaac et Domhnall Gleeson – Bible urbaine

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«Ex Machina» d’Alex Garland, avec Oscar Isaac et Domhnall Gleeson

«Ex Machina» d’Alex Garland, avec Oscar Isaac et Domhnall Gleeson

Je pense, donc je suis

Publié le 9 mai 2015 par Alyssia Duval

Crédit photo : Métropole Films

On dit souvent que la science-fiction est la littérature du changement. Elle nous oriente vers l’avenir et l’observe en tant que résultat de ce que nous en faisons. Elle étudie notre connaissance grandissante de l’univers, l’évolution de nos technologies comme moyen de le transformer, et cherche constamment à repousser les limites du possible. La science-fiction est un genre riche, fascinant, parfois angoissant, qui appelle à s’interroger sur l’humanité et sur le pouvoir qu’elle exerce sur son propre destin. Tout cela, Alex Garland le maîtrise à merveille.

Auteur de trois romans (dont The Beach) et du scénario original derrière 28 Days Later, Sunshine, Never Let Me Go et Dredd, Alex Garland s’est jugé fin prêt à trôner sur la chaise du réalisateur pour la mise en images de son Ex Machina, un intelligent thriller de science-fiction mettant en vedette Oscar Isaac (Inside Llewyn Davis), Domhnall Gleeson (About Time) et Alicia Vikander (A Royal Affair). Huis clos minimaliste produit avec un budget d’à peine 16 millions de dollars, le film n’en est pas moins saisissant, et ce, autant dans sa forme que dans son propos. Sur les traces des classiques 2001: A Space Odyssey de Stanley Kubrick et Blade Runner de Ridley Scott, le film repose sur une question existentielle que se posait déjà Alan Turing en 1950: une machine peut-elle penser? Avoir une conscience?

Jeune employé d’une gigantesque corporation informatique – sorte d’équivalent fictif de Google –, Caleb (Gleeson) est le grand gagnant d’un mystérieux séjour chez son légendaire président fondateur, Nathan Bateman (Isaac). Accueilli par ce dernier dans un pavillon ultramoderne au beau milieu des montagnes alaskiennes, Caleb constate rapidement qu’il n’a pas été sélectionné au hasard, mais pour rencontrer «le plus grand évènement scientifique de l’histoire de l’Homme», Ava (Vikander). Dotée d’intelligence artificielle et d’un corps humanoïde aux traits féminins, Ava doit être évaluée avant d’être dévoilée au reste du monde… Mais entre le génie, le testeur et le testé, les rôles s’inversent et les frontières s’embrouillent.

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De convenir que cette prémisse insinue un dénouement prévisible serait sous-estimer la plume habile de Garland, qui a manifestement plus d’un tour dans son sac. En parfait équilibre les uns avec les autres, la trinité Isaac, Gleeson et Vikander est tellement irréprochable qu’on ne sait jamais trop, de leurs trois personnages, qui est le véritable instigateur du récit. Enrichi d’une trame sonore aérienne signée Ben Salisbury et Geoff Barrow (du groupe britannique Portishead), ce jeu incessant de méfiance et de faux-semblants fait valser le spectateur jusqu’à perdre pied. Romantique, philosophique, nuancé et souvent terrifiant, Ex Machina capture superbement l’essence de la science-fiction dans sa forme la plus pure et saura certainement se tailler une place parmi les œuvres les plus marquantes de 2015.

«Science fiction is the improbable made possible.» – Rod Serling (The Twilight Zone)

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