«La nuit de l’ogre» de Patrick Bauwen – Bible urbaine

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«La nuit de l’ogre» de Patrick Bauwen

«La nuit de l’ogre» de Patrick Bauwen

Qui est cet énigmatique Homme au Chapeau Melon?

Publié le 26 juin 2018 par Éric Dumais

Crédit photo : Éditions Albin Michel et Elizabeth Schneider (www.elisabethschneider-photographie.com)

J’ai découvert l’existence de l’auteur français Patrick Bauwen une fois que ce dernier était fin prêt à dévoiler à ses fans La nuit de l’ogre, son sixième roman à paraître aux Éditions Albin Michel. Et il n’y a pas réellement de mots pour expliquer cette sensation vertigineuse que j’ai vécue en ouvrant la porte de son univers pour la toute première fois, à part le fait qu’il était passé minuit lorsque je me suis rendu compte que j’avais pratiquement lu la moitié du livre!

Il faut dire qu’avec sa jaquette où on aperçoit, dissimulé dans l’ombre et au pied d’un escalier, un énigmatique personnage avec un chapeau melon, je me suis plu à imaginer que j’avais devant moi Le Fils de l’homme, cet homme tout aussi énigmatique peint par Magritte en 1964. Exactement, celui avec une pomme verte à la place du visage.

Sauf qu’ici, notre Homme au Chapeau Melon ne sort pas de la tête de l’un des pères du courant surréaliste, mais bien de celle d’un écrivain qui maîtrise les codes du thriller, et on comprend vite que c’est un justicier de l’ombre prêt à tout pour assouvir sa soif de vengeance.

Les nerfs de Chris Novak seront donc mis à dure épreuve, encore une fois, pour ce médecin urgentiste qui s’assume enquêteur à ses heures, que l’on se plaît à retrouver après une bonne dose de suspense dans la Ville lumière avec Le jour du chien (2017).

Bauwen, à la manière d’un juge qui fait retentir son maillet en pleine cour, sait lui aussi imposer le silence et attirer l’attention de son lecteur à l’aide de phrases-chocs et d’une écriture frénétique qui nous met déjà les nerfs en boîte. Dès le lever du rideau, il nous remémore les paroles de la pièce inaugurale «You Want it Darker», qui figure sur le dernier album de Leonard Cohen à paraître de son vivant:

«Je ne savais pas que j’avais la permission

de tuer, de mutiler

Tu voulais plus sombre

Me voici

Je suis prêt.»

Ça donne le ton, non? Ce tueur, il reste énigmatique un bon moment pour le lecteur, de même que pour Chris Novak, et il faut d’ailleurs s’armer de patience pour saisir les raisons pour lesquelles cet homme, s’il en est un, ravage toute vie humaine sur son passage. Mais d’abord, remettons le compteur à zéro et commençons par le commencement.

L’histoire débute, après une ouverture que je préfère garder sous silence, avec l’entrée en trombe d’une jeune femme blonde dans la vingtaine. Celle-ci, fort jolie au demeurant, entre en coup de vent dans la voiture de Novak, et elle semble au bord de la crise de nerfs. Le timing est limite mauvais, car que ce dernier quittait l’urgence pour aller se reposer chez lui, sauf que la vie étant ce qu’elle est, avec son lot d’imprévus, il va lui faire un lift pour en savoir plus sur elle. Sauf qu’arrivée rue Rivoli, dans un Paris en pleine animation, et après une discussion plutôt floue, la jeune sort du véhicule en laissant derrière elle un sac où Novak découvrira des vêtements tâchés de sang, ainsi qu’un bocal dans lequel se trouve une… tête humaine baignant dans le formol. Et c’est là que la Mort fait son entrée.

Il faut l’avouer, Patrick Bauwen excelle dans l’art du suspense, et j’ai certainement retrouvé un plaisir parallèle à celui que j’éprouve chaque fois que je renoue avec l’univers de Jean-Christophe Grangé. C’est décidément la force avec laquelle l’auteur capte notre attention de plein fouet qui saisit le plus au premier abord.

C’est un roman dont le seul défaut est de nous empêcher de retourner vaquer à nos occupations habituelles. Sans farce. Mais, qu’on se le dise, ce ne serait pas la première fois que l’on procrastine, vous et moi, n’est-ce pas?

«La nuit de l’ogre» de Patrick Bauwen, Éditions Albin Michel, 490 pages, 32,95 $.

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