HEAVY MONTRÉAL, jour 1

BABYMETAL

La curiosité des festivaliers était à son comble en début de journée puisque la formation japonaise Babymetal allait envahir la scène Heavy et personne ne savait réellement à quoi s’attendre. Mais la surprise a tôt fait place à l’acceptation puis à l’émerveillement, puisque les trois demoiselles en tutus rouges, qui ont l’air d’écolières tout juste entrées à l’école secondaire, ont livré une solide performance toute en chorégraphies, en compagnie de leurs quatre musiciens aux regards menaçants et aux visages maquillés de blanc.

Le septuor a livré quelques titres de son album homonyme sorti en février cette année, dont «Gimme Chocolate!!», «Megitsune» et «Doki Doki Morning». Avec leurs voix enfantines et leurs bas collants rayés rouge et noir, leurs chorégraphies synchronisées, leurs masques et leurs peluches Pokémon, force est d’admettre que les trois chanteuses détonnent. Soyons franc toutefois: la musique de Babymetal semble être davantage l’amalgame de deux styles disparates qu’un tout totalement cohérent, mais il règne une espèce d’agréable fascination qui a produit son effet à voir la masse de gens qui étaient compactés devant la scène. Babymetal, un petit plaisir coupable? Pourquoi pas! http://www.babymetal.jp.

PENNYWISE

«Let’s get this party started!», s’est exclamé un Jim Lindberg visiblement en forme, coiffé d’une éternelle casquette noire à palette droite et d’un grand t-shirt rouge de skater.

Le quatuor californien n’a pas lésiné longtemps sur les mots de bienvenue, car Fletcher Dragge a tôt fait de démarrer en trombe «Pennywise», parue en 2001 sur leur album homonyme. Petit hic cependant: le concert venait à peine de commencer que déjà le son n’était pas à son meilleur; La voix de Lindberg était basse et les notes de la guitare enterraient le reste. C’est dommage, car Pennywise restent fidèles à eux-mêmes en concert et livrent toujours coup sur coup des prestations solides où défilent leurs succès: «Perfect People», «My Own Country», «Fuck Authority», «Society» et, évidemment «Bro Hymn», avec laquelle ils ont dit au revoir aux Montréalais. C’était drôle de voir certains fans chanter, en plein début de concert, l’hymne de «Bro Hymn» avant même que ce soit son tour!

Au final, rien de nouveau sous le soleil, puisque Lindberg et sa bande ont pratiquement livré les mêmes pièces qu’à la 5e édition de la Classique automnale l’an dernier sur l’Esplanade du Stade Olympique, mais on retient un court concert de 45 minutes qui rentrait au poste, malgré une acoustique vraiment mauvaise. http://pennywisdom.com.

THREE DAYS GRACE

Ce fut probablement la prestation la moins frappante de la journée, et ce n’est pas à défaut de ne pas avoir offert le maximum!, mais il faut croire que la musique de Three Days Grace n’a tout simplement pas un grand impact livrée sur une scène extérieure aussi vaste que la Heavy. Matt Walst, en bon remplaçant d’Adam Gontier, s’est tout de même montré à la hauteur, mais on aurait dit que le quatuor canadien multipliait les mimiques de bad ass pour être à la hauteur du HEAVY MONTRÉAL, ce qui était franchement pas nécessaire.

Certes, leurs mélodies à essence rock alternative sont énergiques sans être trop brutales, mais une chance qu’ils ont dans leurs répertoires des pièces marquantes telles que «Home», «Everything About You», «Animal I Have Become» et «Riot», autrement il est dur de prévoir à quel point les fans auraient été au rendez-vous.

La bande de Three Days Grace a joué un court extrait de «Beautiful People» de Marilyn Manson, avant de la mixer avec «The Good Life». Les pièces «Chalk Outline» et le nouveau single «Painkiller» ont été très bien reçues, mais on demeure avec l’impression que leur concert n’a pas été des plus marquants, du moins pas autant que celui offert entre les murs du Métropolis le 11 décembre 2013. http://www.threedaysgrace.com.

PROTEST THE HERO

Autre déception de la journée: le concert linéaire de Protest the Hero, qui multipliait les pièces construites sur le même canevas, avec des paroles mâchées et criées à qui mieux mieux, et des lignes de guitares marquées d’excellents solos à n’en plus finir, mais avec un mauvais balancement des graves qui a conduit à un son général plutôt médiocre. Le quintette semblait en excellente forme pourtant, Rody Walker s’adressant régulièrement à la foule, mais il manquait définitivement de pièces mélodieuses pour varier leur répertoire.

On retient toutefois l’excellente prestation des deux guitaristes durant «Bloodmeat», ainsi que sur la pièce d’ouverture «Clarity», qu’on retrouve sur l’album Volition, qui servait également de décor, mais pour le reste, ce fut un concert énergique qui n’a cependant pas créé de marques dans nos cerveaux.

Protest the Hero est définitivement un groupe à découvrir sur album ou en salles, car il ne semble pas, tout comme Three Days Grace, que les scènes extérieurs soient le meilleur vecteur de leur musique hardcore. http://www.protestthehero.ca.

THE OFFSPRING

Tout juste avant l’arrivée de Metallica, c’est la formation californienne The Offspring qui présentait l’intégralité de Smash, célébrant par le fait même le 20^e anniversaire de cet album culte. Il faut l’avouer: Dexter Holland et sa bande ont livré une prestation à la hauteur de leur talent, c’est-à-dire juste et sans fausses notes, enchaînant succès après succès.

L’enregistrement de l’introduction «Time To Relax» s’est fait entendre, puis les gars d’Offspring sont montés sur scène pour livrer «Nitro (Youth Energy)», tout en saluant de la main les festivaliers. L’enchaînement avec une plus rapide «Bad Habit» a provoqué une salve d’acclamations de la part du public, et déjà on pouvait voir les poings en l’air et quelques courageux planer en bodysurfing. C’est d’ailleurs au milieu de celle-ci que Dexter Holland a salué Montréal, avant d’inviter la foule à chanter la suite: «Driver are rude, such attitudes / But when I Show My Pieces, complaints cease / Something’s odd, I feel like God / You stupid, dumb shit, goddamn, motherfucker!»

Après un court interlude, The Offspring sont revenus offrir quatre morceaux de leur répertoire, «All I Want», «You’re Gonna Go Far, Kid», «Why Don’t You Get A Job?» et «The Kids Aren’t Allright». L’heure est passée beaucoup trop vite et on en aurait pris plus. Dommage que la prestation des Offspring durait seulement une heure, c’est très peu pour l’avant-dernier groupe au menu! http://offspring.com.

METALLICA

C’est un généreux programme de dix-huit chansons qu’ont offert James Hetfield, Lars Ulrich, Kirk Hammett et Robert Trujillo, le quatuor étant visiblement en grande forme hier soir et surtout honoré de participer à HEAVY MONTRÉAL. La preuve, Hetfield, sourire en coin, s’est exclamé: «Oh man! I feel good!»

La foule, disposée sur le parterre du parc Jean-Drapeau, était à ce point entassée comme des sardines qu’il n’y avait pratiquement plus d’espace pour circuler. C’est à croire que le grand Montréal s’était donné rendez-vous pour l’évènement de l’heure: Metallica By Request!

Ainsi, et selon les votes accumulés au cours des dernières semaines, Hetfield et ses comparses avaient pour défi de jouer les plus grands succès de leur carrière, du moins ceux demandés par leurs fans: de «Blackened», qui a suivi la courte mais redondante vidéo en introduction, et «The Ecstasy of Gold», Metallica a servi sur plateau d’argent «Master of Puppets», «The Unforgiven», «Lords of Summer», «… And Justice For All», «Fade To Black», «Battery», «Nothing Else Matters, «Enter Sandman» et plusieurs autres. Bref, un défilement de hits avec des musiciens au jeu irréprochable, comme d’habitude.

Cinq années se sont écoulées depuis le dernier passage de Metallica dans la métropole en 2009 pour le World Magnetic Tour et on pouvait certainement sentir l’euphorie qui régnait dans l’air durant la prestation: les fans étaient carrément aux anges.

Chacun des musiciens a eu son moment de gloire, interprétant sa partition pour se mettre en valeur, mais seul Kirk Hammett n’a pas réussi à livrer un solo des plus impressionnants. Et pourtant il aurait pu nous en mettre plein la vue, mais au moins il s’est largement gâté sur «Orion», une pièce instrumentale qui excède les huit minutes, et sur «Nothing Else Matters», livrant avec doigté et aplomb l’un des titres piliers de leur discographie.

Il n’y avait pas de colonnes de feu ni de feux d’artifice, mais plutôt quatorze panneaux disposés à la verticale et sur lesquels était transposée l’énergique prestation, avec une passerelle qui descendait au parterre pour permettre aux plus aventureux (et c’est le cas de la dire!) de voir leurs idoles de plus près. Autrement, des rayons laser multicolores accompagnaient l’introduction de l’intense «One», alors qu’on pouvait voir des soldats cartoonesques progressant sur un champ de bataille et avançant vers une mort assurée, pendant que des morceaux de la vidéo se brisaient pour tomber en miette. De toute beauté!

La majorité des concerts ont été écourtés de quelques minutes et on ignore toujours pourquoi. La prestation de Metallica, entre autres, s’est terminée bien avant 23h, faut-il y voir ici une application en règle des plaintes reçues par les habitants de St-Lambert? Une chose est sûre, les succès de Metallica ont résonné hier soir, et pas à peu près, et probablement bien plus loin qu’à St-Lambert!

Ne manquez pas notre couverture du jour 2, en ligne demain vers 10h, avec nos retours en textes et photos des concerts de Grimskunk, Bad Religion, Body Count, Lamb of God, Slayer et plusieurs autres.