LittératureRomans québécois
Crédit photo : Les Éditions de Ta Mère
On nous y explique la genèse de l’intellect de Bay, et la fulgurante ascension de sa carrière de réalisateur. Les personnages de Jerry Bruckheimer et de Don Simpson sont omniprésents, et les nombreux clins d’œil à ses premières œuvres abondent. Les chapitres nous sont présentés dans un ordre structuré de façon à enchaîner des révélations de plus en plus improbables, superposant des scènes d’action à des débats qui cherchent à expliquer, par exemple, que Bad Boys est un film sur la décolonisation. Le seul personnage qui ne semble pas souffrir d’aveuglement volontaire dans tout le récit est Daphné, l’amoureuse de Michael, qui sera tout au long du récit présentée comme l’idéal amoureux du héros.
C’est un délire littéraire très maîtrisé auquel nous aurions aimé penser nous-mêmes. Les nombreuses références aux inspirations imaginaires du cinéaste – Tarkovski, Aimé Césaire, Nietzsche, Derrida – donnent un aspect très «universitaire» au texte, et pourraient dérouter certains lecteurs, mais l’effet n’en est que plus réussi, surtout quand on constate que les personnages «parlent pour ne rien dire» en multipliant les banalités.
Voilà un livre qui aurait difficilement pu être publié ailleurs que chez Ta Mère, une maison aussi atypique que son l’auteur, Mathieu Poulin. Faut-il posséder une bonne dose de distance critique et d’humour pour l’apprécier? Certes. Faut-il forcément aimer Michael Bay ou avoir vu ses films? Pour les nombreuses références, ça aide, mais ça n’est pas essentiel.
Les sourires ou rictus de connivence s’enchaîneront au fil de votre lecture, car la bonne humeur et l’humour sont ici constants – et on ne parle pas ici de rires faciles ou de blagues évidentes. L’irrésistible chute du roman tombe carrément dans le surréalisme, nous faisant glousser de plaisir, concluant un récit qui célèbre la truculence et le second degré avec un brio irréfutable.
«Des Explosions» de Mathieu Poulin, Éditions de Ta Mère, 318 pages, 25 $.
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de la rédaction