«Le deuil tardif des camélias» de Daniel Leblanc-Poirier – Bible urbaine

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«Le deuil tardif des camélias» de Daniel Leblanc-Poirier

«Le deuil tardif des camélias» de Daniel Leblanc-Poirier

Vivre à cent mille à l’heure

Publié le 10 février 2017 par Éric Dumais

Crédit photo : Éditions L'Interligne

Ce deuxième roman de Daniel Leblanc-Poirier et le tout premier à se faufiler au rang des Éditions L’Interligne se dévore en soixante-quinze minutes top chrono. C’est une virée littéraire aussi étourdissante qu’une pluie de flocons tourbillonnant à cent mille à l’heure dans le ciel, une métaphore qui convient bien pour décrire cette plongée à la fois urbaine, romantique et désespérante dans l’existence de deux jeunes universitaires qui vivent leur existence comme une succession de coups de poing sur la gueule.

Guidés par cette veine palpitante de vivre à la vitesse grand V, ces deux colocs, forgés dans le même moule, mais pas toujours au diapason, partagent une complicité qui fait la plupart du temps belle à voir. Et la prémisse de ce roman sur l’amour naïf et la haine crue, le sexe désespéré et désespérant, la mort et, pourquoi pas, l’espoir aussi, prend son envol suite à cette belle métaphore, lancée par Étienne, alors qu’il n’a qu’une seule idée en tête: casser avec Marguerite. «Je sentais les années s’envoler comme de grandes cigognes dans le ciel…»

Le cours des pensées s’accélérant, une gorgée de thé au jasmin plus tard, voilà que le protagoniste tournait les pages d’un nouveau chapitre de sa vie.

Si la succession de mots tricotés par la plume poétique de l’auteur n’offrait pas autant d’images à se mettre en tête, possiblement que Le deuil tardif des camélias aurait été un livre pour jeunes adultes de plus à prendre la poussière, côtoyant les rayons aux côtés des néanmoins bien aimés Stéphane Dompierre, Dany Leclair ou encore Vic Verdier, conteurs d’une métropole loin d’être toujours pure. Même si toutes les métaphores offertes ici n’ont pas cette chance d’être toutes délicieuses, car parfois obscures, on se plaît à s’immerger le corps au grand complet dans cette histoire poético-sprint – cent vingt-cinq pages seulement! – où les péripéties s’enchaînent les unes après les autres. Et pas que des péripéties pour rehausser un suspense; des bad luck de l’existence qui arrivent pour vrai, au grand dam des personnages qui peuplent ce récit.

Daniel Leblanc-Poirier n’a pas réellement dressé de portrait des personnages; ou peut-être que si; en tout cas, même si on peine à se mettre en tête ses personnages, force est d’admettre que sa trame narrative sauve la donne, puisqu’on a clairement d’autres soucis que de s’imaginer un Étienne beau comme un Apollon ou un Laurent dévergondé comme la chienne à Jacques. Ce qui nous intéresse, c’est la suite de l’histoire, la façon dont cet imbroglio va se terminer, à savoir si Étienne va sortir avec Marie-Pier, si Laurent va renouer avec la face de bœuf qu’est Florence ou bien s’il va la domper pour la tête de pomme qu’est Raphaëlle. De fait, même si on ne les connaît pas trop, ces gens, ces tripeux, ces lovers, leur prénom et leurs folies sont suffisants pour qu’on se laisser entraîner, parfois là où il y a de l’espoir, parfois à la dérive, un peu comme dans l’Hiver de force d’un certain Ducharme.

Ce Daniel Leblanc-Poirier a du style et, s’il continue de manier la langue presque aussi habilement que notre Loco Locass de la littérature, il y a fort à parier que nous nous ferons un plaisir de le lire à nouveau, à l’avenir.

«Le deuil tardif des camélias» de Daniel Leblanc-Poirier, Éditions L’Interligne, 125 pages, 19,95 $.

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