«Le Pacte des anges» de Richard Angers

Le film débute donc après que le personnage interprété par Marc Messier se retrouve dans une ruelle sombre et tombe sur deux frères qui ont apparemment blessé un homme à mort. Le frère aîné kidnappe donc Messier, désormais témoin de la scène. À bord de la voiture de ce dernier, les trois fugitifs s’enfuient, craignant d’être retrouvés par la police.

Avec un Marc Messier en très grande forme, à mille lieues de ce à quoi il nous a habitués, le film commence en force. Avec des airs à la Thierry Lhermitte (qui nous a récemment éblouis dans La Nouvelle Vie de Paul Sneijder), Messier excelle dans ce rôle dramatique d’un père endeuillé qui cherche un sens à sa vie. À ses côtés, les deux jeunes comédiens Émile Schneider et Lenni-Kim Lalande complètent brillamment la distribution.

Les personnages, bien étoffés, se dévoilent peu à peu et leurs failles font surface. On s’attache donc à ces êtres blessés, chacun d’eux ayant une histoire qui leur est propre et qui viendra, finalement, justifier leurs comportements.

Quelques scènes brumeuses, doublées d’une belle photographique opaque et lumineuse, qui met bien en valeur la Gaspésie, viennent se greffer à ce récit profond et sincère. Malgré quelques maladresses scénaristiques qui viennent légèrement édulcorer l’ensemble, Le Pacte des anges demeure un opus touchant, notamment grâce à l’évolution des personnages et des liens qu’ils vont finir par développer les uns envers les autres.

Messier, émouvant et protecteur en figure paternelle, est avant tout un homme meurtri, qui sent qu’il a passé à côté de sa vie. Les deux jeunes sont, en raison de leur passé, en recherche d’une figure d’autorité. Ils la trouveront le temps de leur fuite.

Richard Angers a su livrer un film qui prend son temps; celui de faire parler les personnages, de leur donner de l’épaisseur, de la texture. Bref, de leur donner une âme. À souligner également la présence complète de la très belle chanson de Richard Desjardins, «L’homme-canon», de quoi faire frissonner à coups sûrs.