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Crédit photo : Mathieu Pothier
La première partie a été assurée par Charles-Antoine Gosselin, finaliste de la 19e édition des Francouvertes et qui en était à ses deuxièmes FrancoFolies, même «s’il n’a pas encore d’album à son actif», a-t-il lancé avec humour. Seul à la guitare, le chanteur-compositeur-interprète a fait preuve d’une aisance sur scène et d’une belle complicité avec le public. Sa voix douce rêveuse jumelée à sa musique folk introspective cadrait très bien avec le groupe principal.
La troupe de Benoit Pinette a ensuite fait son entrée sur scène. D’un rapide coup d’œil, on peut rapidement saisir tout le territoire musical que couvre Tire le coyote. Ici, chapeau de cowboy ne fait qu’un avec le piano à queue. Et la clarinette ajoute de la profondeur aux excellents jeux de guitare. La mélodie qui en résulte donne un son folk roots unique qui n’a rien à envier à personne.
Mais toute la couleur et le paysage nuancé proviennent de la voix particulière de Benoit et de ses textes à la fois semeurs de sourires et de larmes au coin des yeux. Si les images valent mille mots, parfois les mots valent mille images aussi, une sorte de diaporama qui défile à notre esprit à toute vitesse. C’est ainsi qu’on ressentait parfaitement toute la complexité amoureuse de la pièce Jésus de l’album Mitan, sorti en 2013: «Parfois, l’amour s’achève au dépotoir, une montagne de merde qui pue en ciboire / Parfois l’amour est à l’image de Jésus, des questions demeurent même si on pense l’avoir vu».
Parmi les chansons frissons, notons «Bonnie», «Ma révolution tranquille», «Confetti 1» et «Rapiécer l’avenir». L’équilibre entre chair de poule et roulade des épaules était parfait et toute l’assistance participait allègrement aux tapements de mains et aux envolées country des musiciens, notamment sur «Calfeutrer les failles», «Chainsaw» et «Les miracles se vendent à rabais», un «hommage» au départ de Harper.
Puis, aux premières notes «Chanson d’amour en sol standard», Benoit Villeneuve, alias Shampoing, a demandé si une dame aimerait prêter sa voix à la partie féminine de la pièce. Devant la gêne de la foule, il l’a agacée en disant que Montréal était le seul endroit où personne n’osait se mouiller. On a entendu une dame au fond de la salle renchérir en disant qu’elle viendrait bien sur scène, même si elle ne connaissait pas «les paroles par cœur». Et surprise, nulle autre que Louise Forestier a fait son apparition sur scène pour joindre sa voix à celle de Benoit pour un moment des plus sympathiques.
La dernière chanson n’a marqué que le début des applaudissements du public qui en réclamait davantage, à quoi Tire le coyote a répondu avec générosité, en enchaînant avec trois autres pièces. Qu’on les connaisse ou non, impossible de ne pas s’attacher à chacun des musiciens qui ont tous ce je-ne-sais-quoi qui donnent envie de les avoir comme amis: Benoit Villeneuve à la guitare et chant, Jean-Philippe Simard à la batterie, Cédric Martel à la basse, Jean-Daniel Lessard à la clarinette et Vincent Gagnon au piano.
Sans vouloir terminer sur des comparaisons difficiles qui n’ont pas de raison d’être d’un point de vue musical, Tire le coyote est tout de même en train de se tailler une place particulière au cœur des Québécois comme y est parvenu Richard Desjardins au cours des années. Et c’est parfait comme ça, puisque le cœur est assez grand pour accueillir encore bien des artistes aussi talentueux.
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de la rédaction