ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Marianne Duval
Dans un jeu de face à face, le public s’est installé d’un côté et de l’autre de la scène. L’effet était double alors que les deux comédiens étaient prêts à se lancer, installés eux aussi face à face sur leur lit respectif. Saccadé et présenté en multiples tableaux, un jeune couple, que l’on comprend tout de suite confronté à la parentalité, se partage l’espace (le duo étant interprété par Gabrielle Lalonde et Maxime Lavoie).
Observant les allers-retours d’un duo parfois amant, inconnu ou amoureux, le public suit leurs craintes comme leurs espoirs. Conflit, douceur et complicité s’entremêlent au cours d’un dialogue pétillant et décousu.
«Qu’est ce qu’on fait?
On attend.
Ok. Qu’est-ce qu’on attend?
On verra».
Cherchant un sens à cette folie, les deux êtres se confondent dans des tourments universels. Si le public sourit avec douceur lorsqu’il se reconnaît dans ces échanges, le malaise est palpable lors d’autres scènes (comme lorsque les deux corps tentent de palier un manque affectif sans se connaître… merci, Internet?)
Ces deux-là n’ont pas de noms et symbolisent, d’une certaine façon, toute une génération.
L’humour est parfois stupéfiant et le tout est traité avec agilité et réalisme. Le propos reste, à notre humble avis, un peu trop léger. C’est une pièce qui «nous ressemble» et qui «nous rassemble» comme le dit l’auteur lui-même. Mais on aurait aimé que la prise de risque soit plus grande quitte à sortir le public de sa zone de confort.
Philippe Landry, auteur émergent d’«ON VERRA», se positionne sans aucun doute en témoin de son époque. Si la proposition n’est pas nouvelle, le jeu des comédiens est efficace et chacun s’y retrouve. Le coup de cœur de la soirée revient aux mouvements dansés qui viennent compléter à merveille les émotions indicibles.
Née en tant que Carte Blanche à Gatineau en avril 2014, cette reprise est aussi le fruit d’une rencontre avec le metteur en scène Éric Perron. Les propositions textuelles et scéniques embellissaient l’une et l’autre, et l’équipe de création est certainement à surveiller dans le futur.
La pièce «ON VERRA» est présentée jusqu’au 12 mars 2016 à la Nouvelle Scène d’Ottawa.
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Par Marianne Duval
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