«Sans obligation d’achat» d’Israël Horovitz au Théâtre Prospero – Bible urbaine

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«Sans obligation d’achat» d’Israël Horovitz au Théâtre Prospero

«Sans obligation d’achat» d’Israël Horovitz au Théâtre Prospero

En manque d’aplomb

Publié le 9 mars 2016 par Alexandre Provencher

Crédit photo : Jeff Malo

En grande première au Québec, la pièce Sans obligation d’achat du grand dramaturge américain Israël Horovitz est actuellement présentée sur les planches du Théâtre Prospero. Cette pièce réaliste et sans flafla propose une réflexion intéressante mais inaboutie sur l’adoption et la parentalité. Même si elle ne dure qu’une heure pile, la pièce souffre de longueurs, peut-être insufflées par le jeu moins persuasif et fluide de Monique Spaziani et de Nadine Jean. D’autant plus que la mise en scène est fixe, ou presque.

Sans obligation d’achat, c’est la rencontre entre deux femmes d’âges, de couleurs, de valeurs et de milieux différents. La première est une veuve anglaise, mère d’un jeune enfant adopté à l’âge de 9 ans. L’autre est une jeune afro-américaine à l’aube de la trentaine, doctorante en lettres et vendeuse d’assurances à temps plein. Tout les oppose, ou presque. Lors de leur tête-à-tête, leur discussion prend rapidement une tournure plus personnelle, soutenue par une tension où l’on s’interroge sur l’amour et l’absence maternelle.

Au sein de sa pièce, Horovitz soulève des questionnements intemporels, mais la forme de son récit est, quant à elle, fort questionnable! En effet, c’est comme si Israël Horovitz dressait la table durant les trois quarts de la pièce et que le repas passait trop rapidement. Le cœur du récit est vite écarté et la pièce se termine en suspens, laissant place à un sentiment inabouti chez le spectateur.

Bien que la pièce soit lente, la mise en scène d’Alain Zouvi est beaucoup trop fixe. Elle ne supporte pas la tension qui sous-tend le texte d’Horovitz. Il n’y a pas de montée dramatique ni de crescendo. Bien entendu, il s’agit d’une discussion de salon. Cependant, l’animation de la deuxième partie aurait pu permettre aux interprètes d’habiter un peu mieux l’espace qui leur est offert… D’ailleurs, cet espace, une salle de musique qui ne contient aucun instrument de musique (!), est un peu trop sobre et nuit à la crédibilité du texte. On ne dirait pas du tout un appartement huppé de Greenwich Village. Il faut mentionner au passage la jolie toile qui permet de projeter des images de l’enfant dont il est question. Lors des premières minutes, c’est une belle mise en contexte.

Sur le plan de l’interprétation, il faut quelques minutes avant que les deux comédiennes s’adaptent l’une à l’autre. Et, à ce chapitre, Monique Spaziani tire mieux son épingle du jeu. Bien qu’elle communique une certaine détresse, elle n’arrive jamais à surprendre et à émouvoir. Nadine Jean, dans le rôle d’Heather, paraît moins convaincante. Souvent, le diable est dans les détails: hésitations trop longues, inégalités dans la diction, crédibilités des rires, répliques moins senties… Le tout donne l’impression d’une interprétation trop académique.

Peut-être s’agit-il de la traduction de Nathalie Gouillon qui manque de justesse et qui est trop collée à l’anglais? Cela pèse certainement dans la balance.

La pièce Sans obligation d’achat, mise en scène par Alain Zouvi et interprétée par Nadine Jean et Monique Spaziani, est présentée jusqu’au 19 mars 2016 au Théâtre Prospero de Montréal.

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Par Jeff Malo

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