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Crédit photo : Mathieu Pothier
Elle l’a dit d’emblée et elle l’a répétée, maintes et maintes fois: Lou Doillon «aime tout de Montréal!», elle s’y sent chez elle, et elle était excessivement heureuse de performer dans la métropole pour présenter Lay Low, son second disque enregistré dans cette même ville. «Oh la la, vous êtes dingues! Je vais essayer de m’en remettre. Je suis vraiment contente d’être là, vraiment émue. C’est un peu comme revenir à la maison, pour moi», a-t-elle rapidement déclaré, après avoir offert des versions plus électriques et saisissantes de «Good Man» et «Let Me Go».
On la connaît, cette espèce de nonchalance, de détachement qui caractérise Lou Doillon, et aussi sa façon d’interpréter, comme si c’était si facile, comme si ça coulait de façon si fluide… Elle est audible jusque sur disque, mais il faut dire que, sur scène, elle est décuplée, et il est presque fascinant de la voir livrer ses compositions avec autant d’aisance et d’émotion. «So Still» a notamment permis à la chanteuse d’offrir une interprétation toute en douceur, très sentie et poignante, Doillon allant même jusqu’à diriger les envolées musicales de ses musiciens avec sa main. Ses longs cheveux un peu ébouriffés et son air de bohème vous tromperont: elle est en parfait contrôle.
Vocalement impeccable tout au long du spectacle, elle ne s’est pas empêchée de parler longtemps et de nombreuses fois à son public, racontant ici que «So Still» a été écrite à propos d’un garçon qui était si bien et si gentil qu’il l’énervait, finalement, et là, qu’il y a de ces chansons, comme «Ticket Line», qu’on adore mais qu’on ne réussit pas, en tant qu’artiste, à cadrer dans aucun de nos projets sauf dans les spectacles live, où tout est possible. Elle n’a pas manqué, non plus, de faire rire la foule avec de drôles de déclarations servant à instaurer une certaine complicité entre les spectateurs et elle, tel «J’vais vous dire ce qui me fait le plus plaisir: moi ce que j’adore le plus, c’est de voir les gens danser. Alors… je ne fais pas vraiment de la musique qui amène à danser, mais… sinon, j’adore voir les gens frencher!»
On aura malgré tout eu l’occasion de se déhancher quelque peu, notamment sur des morceaux comme «Defiant», «Worth Saving» qui possède un bon rythme marqué par la batterie, et «One Day After Another», qui a été livrée dans une ambiance très différente de sa version sur Places (2012), permettant à Lou Doillon d’elle-même se déhancher sur scène. Mais ce que la foule a le plus aimé, elle, c’est certainement des morceaux comme «I.C.U.», applaudie dès les premières notes et livrée par la chanteuse bien droite derrière son pied de micro, de façon très sentie, à la fois plus rock que sur disque, mais aussi plus sensible.
«Je sais même plus ce que je fais, vous m’envoyez tellement!», a par la suite envoyé Doillon, comme étonnée par l’enthousiasme du public. Tout à fait charmante, et aussi généreuse, dans ses interventions auprès de la foule, elle a aussi ravi avec sa livraison, tambourine à la main, de la pièce-titre de son dernier disque, «Lay Low», qui fut d’ailleurs chaudement applaudie. «Places», offerte en rappel, a aussi été acclamée dès les toutes premières notes graves du piano, laissant ensuite la place à une interprétation très théâtrale mais aussi intense, la chanteuse assise par terre, faisceau lumineux braqué sur elle qui se lève graduellement, suivant la gradation du morceau qui se termine avec fracas, avant de replonger dans la douceur infinie dont elle seule est capable, pour les dernières notes.
S’arrêtant à quelques reprises, regardant son public, comme prenant une pause pour bien profiter du moment présent et pour recueillir l’amour reçu, Lou Doillon n’a pas hésité à remercier longuement son public ainsi que ses nombreux collaborateurs, sur scène et sur disque.
Même si la musique de cette chanteuse aurait davantage été appréciée dans une plus petite salle, recréant l’intimité si bien ressentie sur disque, il est impressionnant de voir avec quelle facilité Doillon a réussi malgré tout à garder son public captivé et attentif jusqu’à la toute fin. Envoûtante, charmante, il faut dire que l’artiste a un je-ne-sais-quoi d’irrésistible, et on aurait fait durer le plaisir encore et encore, chantonnant doucement avec elle les «Mmm mmm» des dernières notes de «Weekender Baby», qu’elle a elle-même étirée en contrôlant le chant du public grâce à sa main. Ou plutôt, on aurait continué à les chanter pour elle, comme pour lui dire avec autant de douceur qu’elle-même nous berce les oreilles, à quel point on la suivra tant qu’elle le voudra bien.
Andy Shauf
C’est le jeune Canadien Andy Shauf qui a eu la lourde tâche d’ouvrir pour la chanteuse française. N’ayant toutefois pas l’air de ressentir de pression d’aucune sorte, l’artiste a offert un rock très posé aux accents ici de jazz et là, de blues; une musique superbement écrite, très douce et enveloppante. Très discret, complètement dans le coin de la scène, comme s’il ne voulait pas être trop mis de l’avant par rapport à ses trois musiciens, il a enfilé les chansons l’une après l’autre, se montrant peu bavard, mais très impliqué dans son art qu’on sent introspectif et sincère. Dommage que les gens présents au Métropolis n’aient pas prêté une oreille plus attentive à la douceur de ses morceaux bien écrits et très intéressants musicalement.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Good Man
2. Let Me Go
3. Where To Start
4. Devil or Angel
5. Defiant
6. So Still
7. Jealousy
8. Worth Saving
9. I.C.U.
10. Above My Head
11. One Day After Another
12. Nothing Left
13. Ticket Line
14. Lay Low
Rappel
15. Left Behind
16. Places
17. Weekender Baby