«Lay Low», le deuxième opus de Lou Doillon – Bible urbaine

MusiqueCritiques d'albums

«Lay Low», le deuxième opus de Lou Doillon

«Lay Low», le deuxième opus de Lou Doillon

Apprivoiser la pénombre

Publié le 7 décembre 2015 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Maison Barclay

Elle avait fait bonne figure avec son premier album, Places, paru en 2012, lequel fut un succès inattendu pour celle qu’on connaissait alors comme actrice et mannequin. Mais Lou Doillon avait alors signé pour trois albums chez Barclay et sa carrière musicale n’allait pas s’arrêter là: le 9 octobre 2015, elle faisait paraître Lay Low, un deuxième opus plus ancré encore dans les ambiances feutrées qui l’ont fait connaître, mais dans une plus grande pénombre encore. Une douce pénombre qu’il faut apprivoiser pour s’y sentir confortable.

Lay Low peut nécessiter plus d’une écoute pour être adopté, car il se révèle moins pop, mais surtout globalement plus sombre et moins accessible que le premier disque. Est-ce là l’influence de Taylor Kirk (Timber Timbre) à la réalisation, ou un désir plus profond de la part de Lou Doillon d’offrir un produit singulier, qui lui est propre? Probablement un beau mélange des deux, ce qui n’a pas empêché les deux créateurs de produire un disque qui se rapproche des influences de la chanteuse, comme le Pink Moon de Nick Drake, aux chansons brèves et sombres (Lay Low ne dure que 32 minutes malgré ses 11 morceaux).

On retrouve donc sur ce disque des ambiances dépouillées, comme sur «Left Behind», morceau d’ouverture en piano-voix, où la voix singulièrement grave de Doillon est particulièrement mise de l’avant, et la douce «Weekender Baby», à la mélodie produite par les cordes pincées d’une guitare acoustique comme seul accompagnement. Mais certains morceaux sont plus habillés, comme «Above My Head», qui est un peu plus soul, et où la chanteuse répète, avec une certaine nonchalance, un détachement qui donne de l’attitude au morceau (et à l’interprète!): «Could you please get out of my way?». C’est aussi le cas pour la chanson-titre de l’album, qui se révèle plus électrique et entraînante, ce qui donne une fougue au morceau dès le départ, malgré la présence de doux chœurs en arrière-plan.

Critique-Lay-Low-Lou-Doillon-Barclay-Bible-urbaine

«Nothing Left» possède également un bel habillage musical, avec la présence de guitares électriques planantes, mais aussi de la batterie et même d’un orgue, ce qui confère au morceau des sonorités un peu d’une autre époque, tout comme la langoureuse «Where to Start», ancrée dans les années 50. Mais ce sont des morceaux comme «Good Man» qui nous interpellent le plus, alors qu’on la sent plus théâtrale, plus libre dans son interprétation. La voix de Lou Doillon se fait ainsi elle aussi plus libérée, plus dans l’émotion, et comporte de belles nuances.

La solennelle «Let Me Go», au rythme très régulier à la basse et à la batterie, et «Worth Saying», presque parlée plus que chantée, malgré de doux chœurs à l’arrière, ne laissent pas indifférents non plus, alors qu’on retrouve sur ces morceaux comme sur l’ensemble du disque une voix un peu plus écorchée et rugueuse qu’à l’accoutumée. Et si Lay Low possède une certaine mélancolie dans ses courts tableaux feutrés, ces nuances musicales et vocales lui permettent de s’élever et de se démarquer.

Et lorsqu’on a enfin apprivoisé la douce pénombre du disque, on s’y sent confortable et on ne veut plus en sortir.

L'avis


de la rédaction

Nos recommandations :

Vos commentaires

Revenir au début