Cinéma
Crédit photo : Warner Bros, Les Films Séville et Métropole Films
1. «Room» de Lenny Abrahamson (Remstar Films)
Suggestion de Rachel Bergeron-Cyr
Un ami à moi m’avait bien avisé : «Ne va pas t’informer sur le film avant d’aller le voir.» Et comme il avait raison! La première moitié de Room est totalement déstabilisante. À quoi assiste-t-on, un film d’horreur, un suspense, un mélodrame? Tout ça à la fois? Surprise… Ce film indépendant étonne, car il évite l’aspect sirupeux qu’un tel récit aurait pu avoir. Une mère et son fils de 5 ans emprisonnés dans une chambre, sans aucun accès au monde extérieur… Mais non, il s’agit plutôt d’un drame intimiste bouleversant, qui explore avec habileté l’amour d’une mère envers son enfant et l’inverse, ou tout simplement, l’amour inconditionnel qui se développe entre les individus, qu’importe les épreuves vécues ou l’environnement dans lequel on évolue.
2. «Mad Max: Fury Road» de George Miller (Warner Bros.)
Suggestion d’Alexandre Beauparlant
Un blockbuster estival comme il s’en fait trop peu (le genre à recevoir une ovation à Cannes), Mad Max redéfinit le film d’action et constitue une réussite totale, tous genres confondus. Avec ses scènes d’action anthologiques se suivant les unes à la suite des autres sans interruption, son univers post-apocalyptique d’une immense richesse, ses personnages foutrement bien construits et son dédain pour les clichés, il va sans dire que les prétendants auront fort à faire pour le retirer de son trône.
3. «Inside Out» de Pete Docter et Ronnie Del Carmen (Buena Vista)
Suggestion de Jim Chartrand
Les studios Pixar parviennent enfin à redorer leur image depuis leur acquisition par Disney en livrant ce qui pourrait être leur film le plus audacieux et le plus réussi à ce jour. Grâce à un scénario calculé au quart de tour, le génie derrière Monsters, Inc. (2001) et Up (2009) nous offre sa proposition la plus décalée, mais la plus juste en nous immisçant à l’intérieur de notre propre cerveau. D’une intelligence et d’une maîtrise intimidante, on offre un long-métrage divertissant, oui, mais d’une certaine façon nécessaire au développement de tout être humain, en présentant l’acceptation et le passage à l’âge adulte comme jamais auparavant. Une grande œuvre à voir et à revoir.
4. «Les êtres chers» d’Anne Émond (Les Films Séville)
Suggestion de Camille Masbourian
Dans Les êtres chers, Anne Émond (Nuit #1) raconte une histoire qui lui est chère, qu’elle porte en elle depuis longtemps. Cette histoire, c’est celle de David et de sa fille Laurence, mais aussi celle de toute la famille Leblanc, ébranlée suite au suicide de Guy, le père de David, à la fin des années 1970. Dans ce film d’une grande beauté, la jeune réalisatrice québécoise s’intéresse à la filiation, au poids de l’héritage que nous portons souvent malgré nous. Et nous devons absolument souligner les performances remarquables de Maxim Gaudette et Karelle Tremblay.
5. «Ex Machina» d’Alex Garland (Métropole Films)
Suggestion d’Alyssia Duval
À la sortie du film en mai dernier, je terminais ma critique en ces mots : «Romantique, philosophique, nuancé et souvent terrifiant, Ex Machina capture superbement l’essence de la science-fiction dans sa forme la plus pure, et saura certainement se tailler une place parmi les œuvres les plus marquantes de 2015.» Sept mois plus tard, j’ose donc m’enorgueillir un brin en affirmant avec conviction que ce pronostic était juste. Minimaliste dans sa forme et absolument fascinante dans son propos, cette première réalisation d’Alex Garland a de quoi marquer l’imaginaire et faire rougir tous ces blockbusters de science-fiction dont le budget astronomique dépasse la valeur fondamentale.
6. «The Hateful Eight» de Quentin Tarantino (Les Films Séville)
Suggestion d’Alexandre Beauparlant
Ce western représente un amalgame des multiples facettes composant l’œuvre de Tarantino, depuis ses débuts. Le huis clos intense et les fourberies de Reservoir Dogs (1992) se joignent au style et à l’exubérance narrative de son plus récent Django Unchained (2012). Doté d’un casting parfaitement tarantinesque, The Hateful Eight semble se la jouer pépère avec son abondance de dialogues, avant de relâcher sur son public une des apothéoses les plus violentes et satisfaisantes vécues au cinéma depuis belle lurette. À voir en Ultra Panavision 70mm, si vous en avez la chance!
7. «The Diary of a Teenage Girl» de Marielle Heller (Métropole Films)
Suggestion d’Alyssia Duval
D’après un roman illustré de Phoebe Gloeckner, The Diary of a Teenage Girl est probablement le meilleur film dont vous n’avez jamais entendu parler cette année. Mettant en vedette une Bel Powley impudique et ô combien charmante, l’histoire se déroule sous le soleil californien de 1976 et explore la relation (parfaitement consensuelle) entre une jeune fille de 15 ans et le nouveau petit copain de sa mère. Hormis son point de vue typiquement adolescent – rêverie, naïveté et léger égocentrisme inclus –, il s’inscrit dans la même lignée que la série Girls de Lena Dunham et le tout récent Trainwreck avec Amy Schumer, soit celle des comédies intelligentes et irrévérencieuses célébrant l’épanouissement de la femme avec juste assez de piquant.
8. «Trois souvenirs de ma jeunesse» d’Arnaud Desplechin (FunFilm)
Suggestion de Rachel Bergeron-Cyr
Un film digne de la Nouvelle Vague! Léger en surface, mais qui dévoile des questionnements profonds et très légitimes. Défendus par des acteurs très jeunes, mais crédibles et charismatiques, on tombe sous le charme de leur naïveté – que dire! – de leur pureté. C’est beau à voir, un tel cinéma. C’est théâtral, poétique, imaginatif, c’est frais, ça détonne. Ce sont les aléas du début de la vie d’adulte, dans toute son intensité, sa maladresse et ses doutes. Qu’y a-t-il de plus touchant?
9. «Me and Earl and the Dying Girl» d’Alfonso Gomez-Rejon (Fox Searchlight)
Suggestion de Camille Masbourian
Mettant en vedette les jeunes Thomas Mann, Olivia Cooke et RJ Cyler, et adapté d’un roman de Jesse Andrews, qui signe aussi le scénario, ce film raconte l’histoire d’un adolescent plutôt solitaire dont le seul passe-temps est de réaliser des parodies de films classiques avec son ami Earl, jusqu’au jour où sa mère lui demande de passer du temps avec Rachel, une fille de sa classe atteinte de leucémie. Définitivement moins dramatique de The Fault in Our Stars (2014), Me and Earl and the Dying Girl s’inscrit tout de même dans la lignée des nouveaux films indépendants pour jeunes adultes, rappelant notamment The Perks of Being a Wallflower (2012) à plusieurs égards.
10. «Mistress America» de Noah Baumbach (20th Century Fox)
Suggestion de Jim Chartrand
Trois ans après leur sublime Frances Ha (2012), le cinéaste Noah Baumbach refait équipe avec sa douce Greta Gerwig qu’il remet en scène dans un scénario qu’ils ont co-écrit. Fidèle à ses habitudes, il se relance dans une méditation sur la place de soi dans le monde, mais aussi sur les conflits intergénérationnels de par son regard plein de compassion qui préfère observer au lieu de juger. Mieux, il trouve ici un rythme de croisière qui surprend. Avec une aisance foudroyante, il multiplie les répliques mordantes et laisse déambuler un théâtre burlesque évoquant un slap-stick verbal réfléchi. Non dénué de tendresse et d’émotions qui touchent droit au cœur, Mistress America est une autre œuvre charnière dans son parcours sans failles, une comédie unique dont lui seul a le secret.
Nous vous souhaitons un joyeux Noël et un heureux temps des fêtes de toute notre équipe!
L'événement en photos
Par Warner Bros, Les Films Séville et Métropole Films