Littérature
Crédit photo : Parfum d'encre
Divisée en quatre grands chapitres, passant de «Petite fille» à «Prisonnière», puis à «Étrangère» pour finalement devenir «Combattante», l’histoire de Geneviève Fortin est sensible, pure et remplie de vérités. Elle nous raconte d’abord sa tendre enfance, où elle a été élevée dans la «ouate» dans une famille qu’elle qualifie de «parfaite», puis ce qui l’a menée à la prison, c’est-à-dire à sa «descente en enfer»: la période durant laquelle, à peine âgée de douze ans, elle a commencé à consommer de la drogue. Enfin, elle relate ce qu’elle est maintenant devenue et le combat auquel elle doit faire face quotidiennement.
L’histoire est très accessible et se lit comme un roman; elle est racontée pour que tout un chacun s’accroche au personnage qu’est Geneviève Fortin, comme dans une œuvre littéraire fictive. On voudrait tout faire pour la sauver, pour lui crier de ne pas choisir ce chemin qu’est la drogue et la prison. Mais comme elle le dit si bien, «sans ces années de perdition, [elle] ne serait pas en train de livrer le beau combat qu’[elle] mène actuellement.» Il va sans dire qu’il s’agit d’un beau message d’espoir et de liberté. De plus, elle raconte que si elle n’avait pas vécu tous les obstacles qui ont parcouru sa vie, «[elle] serait sans doute prisonnière des mêmes préjugés qu’[elle] essaie aujourd’hui, en [nous] racontant [son] histoire, de briser.»
Dans son vécu parsemé d’embûches, l’auteure nous parle de son important rôle de cofondatrice dans l’organisme à but non lucratif Art Entr’Elles, venant en aide aux ex-prisonnières pour qu’elles puissent s’exprimer et se libérer à travers les arts, comme une belle réussite. C’est entre autres grâce à cette implication et à celle des femmes participant aux ateliers artistiques qu’elle arrive à s’en sortir aujourd’hui. Cet exploit nous démontre, en tant que lecteur mais surtout en tant qu’humain, qu’il est possible de se sortir d’un calvaire et de briller.
Le récit est poignant, sincère et émouvant. Il devient même, à certains moments, difficile à lire étant donné que les faits relatés semblent éprouvants. En fait, Fortin a été condamnée, pour de multiples délits, une dizaine de fois. Dès l’âge de treize ans elle vivait dans la rue, à travers les punks, et nettoyait les pare-brise des voitures aux intersections, en plus de s’injecter de la cocaïne directement dans les veines.
Aussi, un passage particulièrement touchant est lorsqu’elle raconte l’une de ses arrestations, en 2008, alors que les policiers ont dû l’emmener à la pharmacie afin qu’elle puisse prendre sa dose de méthadone, comme les symptômes du sevrage commençaient gravement à apparaître. À ce moment, elle s’était «écroulée en sanglots. Les agents croyaient qu’[elle] pleurait à cause de [son] arrestation. C’était surtout parce qu’[elle se] sentait seule au monde. Leur gentillesse [lui] avait fait réaliser l’ampleur du gouffre qu’[elle] avait creusé entre [elle] et les gens qui [l’]aimaient.»
Des deux côtés de la prison de Geneviève Fortin et Martin Forgues, Éditions Parfum d’encre, 2015, 246 pages, 24,95 $.
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