MusiqueL'épopée musicale de
Crédit photo : Tous droits réservés @ Page Facebook de Green Day
Mentions honorables
Shenanigans (2002)
On a droit ici à une collection de b-sides et autres contributions à des trames sonores.
Comme la plupart des compilations de ce type, le résultat est plutôt inégal et il n’y a aucune ligne directrice, mais puisque ce sont tous des «rejets» datant d’une époque faste du groupe (de Dookie à Warning), les morceaux de cet album demeurent des pièces de qualité.
Et certainement que les fans du trio, particulièrement ceux issus de cette période, vont l’apprécier.
The Network – Money Money 2020 (2003) et Money Money 2020 Part. II: We Told Ya So! (2020)
The Network est un projet parallèle sur lequel Billie Joe, Mike et Tré sont accompagnés de trois musiciens de leur entourage et au sein duquel ils s’offrent une excursion dans la musique new wave.
La meilleure description que je puisse en faire, c’est que ça sonne comme un mélange de Green Day et de Devo, groupe phare de la new wave.
Les deux albums valent le détour et se comparent avantageusement à ce que le groupe a sorti dans la dernière décennie.
Foxboro Hot Tubs – Stop Drop and Roll!!! (2008)
Voici un autre projet parallèle avec des membres de leur entourage. Cette fois, le trio y explore le garage rock et le rock ‘n’ roll d’antan.
Comme pour The Network, une impression demeure: on dirait presque qu’ils ont plus de plaisir et qu’ils se permettent plus de liberté lorsqu’ils sortent de leur créneau habituel, comme s’ils se libéraient de la pression qui vient forcément avec une sortie étiquetée «Green Day».
En tout cas, c’est probablement leur meilleur effort post-American Idiot, ou du moins le plus divertissant.
14. Father of All Motherfuckers (2020)
Que dire de plus… à part que ce disque n’est vraiment pas très bon!
Certes, bon nombre de leurs précédents opus ne contiennent pas que des titres «essentiels», mais celui-ci n’en contient réellement aucun qui soit digne de mention, c’est dire!
Le fait que Green Day s’abstienne de le jouer en concert si tôt après sa sortie démontre bien que même ses créateurs reconnaissent que c’était un faux pas dans leur prolifique carrière.
13. ¡Dos! (2012)
12. ¡Tré! (2012)
11. ¡Uno! (2012)
Il est carrément impossible de concevoir ces trois albums sortis la même année autrement qu’en un seul gros projet. J’ai tout de même pris la liberté de les départager du pire au meilleur, toujours selon mes préférences, mais la différence entre chacun d’eux reste subtile.
Le fait que Billie Joe Armstrong ait fait une crise en direct, devant les caméras, avant d’aller en cure de désintoxication alors que ¡Uno! arrivait dans les bacs des disquaires, n’a certes pas aidé la promotion de cette trilogie parue sur une période d’à peine trois mois et demi.
Malgré tout, il faut se rendre à l’évidence: ce ne sont pas les meilleurs efforts du groupe. On y retrouve certains titres fort efficaces, je pense entre autres à «Nuclear Family», «Let Yourself Go» et «Oh Love» sur ¡Uno!, le meilleur du lot, mais également «Stray Heart» sur ¡Dos!, ou encore «Brutal Love» sur ¡Tré!.
S’ils avaient réuni les meilleurs morceaux de cette trilogie sur un seul disque, ce dernier se trouverait facilement une place correcte dans ce classement, probablement entre la septième et la neuvième position.
10. Revolution Radio (2016)
Après deux opéras rock, une adaptation sur Broadway et l’opulente trilogie ¡Uno!, ¡Dos!, ¡Tré!, le trio a finalement décidé de revenir aux sources et de lancer un simple album de douze chansons, sans concept, sans fla-fla, juste trois quarts d’heure de musique rock.
On sent sur cet album que le trio a retrouvé un focus qui manquait à ses précédentes offrandes. Personne ne confondra Revolution Radio avec un vrai de vrai classique de Green Day, mais il reste fort agréable à écouter.
Les meilleurs titres, «Bang Bang» et «Youngblood», sont simples et dynamiques. «Forever Now», c’est l’exception à la règle. À près de sept minutes, cette pièce démontre bien que le groupe est capable de retenir les éléments épiques de sa signature sur American Idiot et 21st Century Breakdown pour les ajouter à son arsenal et les utiliser à bon escient.
9. 1,039/Smoothed Out Slappy Hours (1991)
1,039/Smoothed Out Slappy Hours est en fait une compilation du premier album du trio, 39/Smooth (1990), ainsi que des EP 1,000 Hours (1989) et Slappy (1990). Je l’inclus ici comme une seule entrée, puisque c’est la version la plus accessible et surtout celle que la plupart des mélomanes connaissent. Et en plus, cette dernière donne une très bonne idée du son du groupe à ses débuts!
Billie Joe Armstrong n’était pas encore l’auteur-compositeur qu’il est devenu avec le temps, et il faut noter, en plus, qu’il avait moins de dix-sept ans lorsqu’il a écrit les chansons de ce disque (il n’avait que 14 ans lorsqu’il a écrit «Why Do You Want Him?»).
Aussi, le batteur Tré Cool n’était pas encore arrivé derrière les tambours et, sans vouloir manquer de respect à John Kiffmeyer qui a fait du boulot honnête, mais sans plus, son explosivité et sa rythmique percutante feront une énorme différence dans le son de Green Day.
C’est un disque très correct pour un premier effort, mais personne, à ce moment-là, n’aurait pu prédire l’ascension fulgurante que la formation allait connaître un jour.
On y retrouve certains diamants méconnus de leur discographie, dont «Going to Pasalacqua» et «Paper Lanterns».
8. 21st Century Breakdown (2009)
Voilà un opus qui a acquis une mauvaise réputation auprès des fans et des critiques! Et c’est probablement parce qu’à la suite du succès d’American Idiot, le groupe a voulu surfer sur la même vague, sauf qu’il a abouti, au final, d’une œuvre trop calculée, sans le sentiment d’urgence qui régnait sur le précédent. Le trio y pêche d’excès, que ce soit dans la longueur de l’album, ou encore l’accumulation des arrangements.
J’avais moi-même classé 21st Century Breakdown beaucoup plus bas au départ, mais en le réécoutant attentivement, je n’ai pas eu d’autre choix que de le remonter vers le haut.
Car il contient quand même plusieurs bons morceaux, particulièrement en deuxième moitié de parcours, dont «Peacemaker», «American Eulogy» et «Horseshoes and Handgrenades».
Reste que c’est un album trop pompeux et qui fait surproduit. Mais il y a quand même plus de bon que de mauvais, rassurez-vous!
7. Saviors (2024)
S’il y a bien un détail que je n’ai pas sur ma carte de bingo de 2024, c’est le fait que Green Day produirait son meilleur album depuis… vingt ans! C’est pourtant ce qu’ils ont fait avec leur plus récent Saviors.
Évidemment, on est encore loin des classiques de leur discographie (ceux-ci arriveront à partir de la cinquième position!), mais c’est un retour aux sources pour le moins crédible.
Depuis le succès monstre d’American Idiot, le groupe semblait se chercher et, après plusieurs ratés, on a l’impression qu’avec Saviors, les membres ont finalement trouvé le ton juste à ce point de leur carrière.
Sur cet opus, le trio joue selon ses forces et puise dans les différentes époques de sa carrière, et ce, sans que ça sonne comme du remâché. Si, jadis, vous avez été fan de Green Day et que vous les avez délaissés à un certain moment, cet album est probablement l’occasion, pour vous, de leur donner une seconde chance.
Mon conseil: commencez par écouter «Look Ma, No Brains!», «Dilemma» et «One Eyed Bastard», trois points forts, et sautez les ballades telles que «Fancy Sauce» ou «Father to a Son», ce que le groupe aurait dû faire.
6. Kerplunk (1991)
Le bond que le trio a fait entre son premier effort 39/Smooth et celui-ci est prodigieux! Alors que Green Day ne se démarquait pas du lot sur ses premiers enregistrements , le groupe s’est forgé, avec Kerplunk, une identité plus solide et commence tranquillement à se hisser au-dessus de la mêlée.
Les éléments qui vont les propulser vers les plus hauts sommets, que ce soit les rythmes effrénés de Tré Cool, le groove de Mike Dirnt à la basse ou les mélodies accrocheuses de Billie Joe Armstrong, sont pour la plupart déjà présents, sauf que ça manque de finition.
Les gars n’avaient que 19 ans lors de l’enregistrement de cet album. Ils avaient encore bien du temps devant eux pour s’améliorer et mieux définir leur son, ce qu’ils ne tarderont pas à faire, d’ailleurs.
«2000 Light Years From Home» et «Christie Rd.» sont probablement les meilleurs indicateurs du talent des trois musiciens à ce stade, et particulièrement celui de Billie Joe Armstrong.
5. Nimrod (1997)
Après quatre premiers efforts résolument punk rock, Nimrod est le premier album qui s’éloigne de leur style habituel. On y retrouve un bon lot de chansons à saveur punk, mais le trio expérimente également un son plus alternatif et se permet d’être plus aventureux sur certaines pièces.
L’exemple le plus célèbre est le mégasuccès «Good Riddance (Time of Your Life)», une ballade acoustique que l’on n’aurait pas pu imaginer sur leurs efforts précédents. Ailleurs, «King for a Day» et ses cuivres proéminents, l’instrumentale surf-rock de «Last Ride In» ou la très groovy «Hitchin’ a Ride» démontrent toute l’étendue de leur talent.
Il n’est pas difficile de croire que si cet album n’avait pas obtenu le succès escompté, la carrière du groupe aurait adopté un tout autre virage. Cela leur a permis d’explorer différentes directions, avec plus de confiance.
Le seul bémol de Nimrod, c’est qu’avec dix-huit titres, il est un tantinet long et certaines pièces ne sont définitivement pas essentielles.
4. Warning (2000)
Voici le disque «mature» de Green Day. Il offre une écoute fort agréable, avec cette fois l’ajout d’une deuxième guitare (souvent acoustique) qui ajoute beaucoup de profondeur au son, ainsi que plusieurs autres instruments moins conventionnels pour un groupe punk comme Green Day, tels que la mandoline, l’harmonica, l’accordéon et même le saxophone!
Warning a engendré quelques succès mineurs, dont l’excellente «Minority», mais il n’a pas été encensé ou apprécié comme il aurait dû l’être. Pourtant, il demeure l’un des meilleurs disques de Green Day, et ce, près de 25 ans plus tard.
Il faut dire que la saveur folk-punk expérimentale présente sur Warning a obtenu une performance commerciale plutôt faible. Mais le «sentiment de liberté» que Billie Joe dit avoir ressenti lors de la création de ce sixième opus résonne toujours autant aujourd’hui.
Le tableau final, constitué des pièces «Jackass», «Waiting», «Minority» et «Macy’s Day Parade», est assurément le moment fort de l’album, de même que la chanson-titre en ouverture.
3. Insomniac (1995)
Durant les années 1990, il était de bon goût pour les groupes alternatifs ayant un succès monstrueux de tenter de le contrer avec une œuvre moins commerciale. Les deux meilleurs exemples sont sans aucun doute Nirvana avec In Utero et Weezer avec Pinkerton. Insomniac est l’équivalent de ces deux derniers pour la formation Green Day.
Il n’a pas atteint le même niveau d’excellence que Pinkerton ou In Utero, mais il demeure un album excellent en tout point, qui gagne à être écouté et réécouté. En tout cas, c’est définitivement leur effort avec le son le plus lourd de leur discographie!
Bien sûr, les titres ne sont pas aussi accrocheurs que ceux de Dookie, et c’est voulu ainsi, mais dans l’ensemble, Insomniac est tout aussi efficace.
«Geek Stink Breath» et «Walking Contradiction» se démarquent du lot, tout comme «Brain Stew», qui demeure un incontournable de leurs spectacles, encore à ce jour.
2. American Idiot (2004)
Un opéra rock? Pourquoi pas! Des artistes comme The Who et Pink Floyd l’avaient déjà fait auparavant, mais même les formations punk les plus ambitieuses ne s’étaient pas aventurées dans ces eaux-là! Ce qui s’en rapproche le plus serait Zen Arcade de Hüsker Dü.
Il faut le mentionner, ce n’était d’ailleurs pas le plan du trio au départ. Mais lorsqu’ils ont perdu les maquettes de ce qui devait devenir Cigarettes and Valentines, le groupe a décidé de recommencer à zéro, et ce, sans s’imposer aucune limite.
Le résultat demeure ambitieux et tonitruant. Dès les premiers riffs de guitare de la chanson-titre, «American Idiot», on embarque sur un feu roulant qui passera par «Holiday» et qui ne s’arrêtera qu’aux dernières notes de la sublime «Whatsername» en finale!
Si la chanson «American Idiot» donne le ton, elle demeure néanmoins une ritournelle punk rock assez conventionnelle et n’est en fait qu’un prologue à cet opéra rock. C’est «Jesus of Suburbia», une suite en cinq parties, qui nous fait comprendre que cet album ne sera pas un disque comme les autres.
American Idiot n’est peut-être pas au top de ce palmarès, mais je ne peux nier son statut de «classique» de leur discographie. Il aurait pu se trouver en première position si, dix ans plus tôt, Green Day n’avait pas sorti un chef-d’œuvre pop-punk toujours aussi populaire trente ans après sa sortie.
1. Dookie (1994)
Après le succès relatif de leurs deux premiers efforts, plusieurs labels majeurs, dont Sony et Geffen, ont commencé à courtiser les Californiens. Après avoir refusé plusieurs offres, les membres de Green Day se sont laissé séduire par Reprise (de la filiale de Warner Bros.), et surtout par leur représentant, Rob Cavallo.
Ce dernier a produit Dookie et la plupart des albums de Green Day depuis, dont le plus récent Saviors. C’est un collaborateur qui a eu un impact inestimable dans la carrière du groupe et, avec le recul, on doit avouer qu’ils ont eu du flair de lui faire confiance!
Dookie contient plusieurs de leurs plus grands succès à ce jour, «Welcome to Paradise», «When I Come Around», «Longview» et «Basket Case», lesquels font partie des chansons punk rock les plus connues des trois dernières décennies. Et ce qui est incroyable, c’est qu’elles jouent encore régulièrement sur les ondes radiophoniques, dans les arénas et les stades du monde entier.
Ce qui élève Dookie au sommet de ce palmarès, c’est bien la qualité de toutes les pièces de l’œuvre. Que ce soit «Burnout», qui ouvre l’album sur les chapeaux de roue, «She», dans laquelle Armstrong dévoile un côté plus sensible mais sans être mièvre, ou encore l’excellente finale «F.O.D.», il faut le dire, ce disque est parsemé de moments magiques qui contribuent à lui accorder son statut de grand classique.
Pour ceux et celles qui ont accusé Green Day de s’être vendus suite à leur signature sur un label majeur, la salve successive de «Coming Clean», «Emenius Sleepus» et «In the End», trois morceaux explosifs sous la barre des deux minutes, devrait suffire à vous convaincre du contraire.