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Crédit photo : Charline Clavier
L’industrie forestière mise à l’honneur
Petite capsule historique: le festival La Noce a lieu chaque année depuis 2017 au Saguenay-Lac-Saint-Jean, région où se trouve la plus grande réserve de bois du Québec et qui s’est peuplée et développée en grande partie grâce sa foisonnante activité forestière du XIXe siècle.
Ainsi, les organisateur·rice·s de l’événement ont mis de l’avant l’héritage de cette industrie cette année sous la thématique «La Noce de bois», soulignant par le fait même la 5e édition du festival dédié aux arts et à la musique locale.
Lors de mon passage à l’événement vendredi, j’ai été impressionnée de voir à quel point le festival réussit à s’implanter dans son environnement, à s’approprier l’héritage forestier du Saguenay-Lac-Saint-Jean, et surtout à le célébrer.
Situé su cœur même de la Pulperie de Chicoutimi, ancienne usine de pâtes et papiers classée site historique majeur de la région et aujourd’hui transformée en vaste complexe d’animation culturelle, La Noce soulignait ainsi cinq années de promotion de la culture locale avec une jolie mouture d’artistes québécois·es.
La deuxième journée de festivités commençait ce jour-là, dès 14 h, avec VioleTT Pi, Salomé Leclerc, Alex Doré et Anatole, qui ont alterné leurs performances entre les deux scènes sous une météo un peu incertaine. De gros nuages gris venaient en effet menacer le ciel, laissant tomber par moments quelques gouttes rafraîchissantes de pluie sur les festivalier·ère·s en sueur de la chaleur presque caniculaire de ce début juillet.
Heureusement, les nuages se sont dissipés vers les coups de 17 h, alors qu’Anatole préparait son set et, dès les premières notes, la soirée s’annonçait très belle.
Anatole alias Alexandre Martel
D’emblée, Alexandre Martel, chanteur et leader du groupe, a mis son public en garde: «Ça va être vraiment différent. C’est un show volontairement pas fort, qui n’a pas été fait pour les festivals».
Si l’auteur-compositeur-interprète originaire de Limoilou semblait quelque peu inquiet de se faire enterrer par les sons ambiants et les tests de son de l’autre scène, il a réussi à captiver son public au sein d’une agréable prestation plutôt intimiste.
La foule a très vite compris à quel type de performance elle allait assister et elle a tôt fait de s’asseoir pour mieux savourer la musique, qui était indéniablement au cœur de ce spectacle.
«Merci pour votre écoute et pour votre silence», a-t-il lancé au public qui se laissait bercer par les notes de sa musique pop-rock francophone qui rappelle tantôt Harmonium, tantôt Beau Dommage.
Celui qui est connu pour livrer des concerts exubérants était totalement présent sur scène, dénué d’artifices, afin de présenter, entre autres, les «Toune 1», «Toune 2» et «Toune 9», pièces de son plus récent album presque homonyme, Alexandre Martel, beaucoup plus calme et folk que ses opus précédents.
Choses Sauvages: une foule en ébullition
Les festivalier·ère·s aux fesses blanchies par la garnotte sur laquelle iels étaient assis durant Anatole s’est ensuite dirigée vers la scène Sirius XM pour assister au spectacle de Choses Sauvages, qui devait jouer tout juste après. Les bêtes de scène de la formation funk-rock sont restées fidèles à leur titre vendredi soir, malgré la chaleur écrasante du soleil de 18 h.
Débordant d’énergie, le chanteur Felix Bélisle a fait un pacte avec la foule: «Je vais vous donner tout ce que j’ai et vous allez faire pareil pour moi, ok?» Chose dite, chose faite! La foule ne s’est pas fait prier et a tout donné dès les premières notes de «Chambre d’écho» jusqu’à son succès «La Valse des trottoirs» en fin de spectacle.
Crowd surfing, sauts sur place, bras dans les airs, et même un circle pit: la foule, entraînée par l’énergie du quintette, a tenu sa part du marché.
Le groupe, de son côté, était parfaitement accordé, et il a livré une solide performance, notamment lors du jam durant «Homme-Machine», où le parterre est littéralement devenu un plancher de danse en pleine ébullition, et pas juste à cause de la chaleur ambiante!
Du R&B brésilo-canadien avec Fernie
Après une telle performance, celle de Fernie ne pouvait pas mieux tomber! Le temps de me désaltérer d’une gorgée d’eau aux fontaines (bien fraîches!) disposées en libre-service un peu partout sur le site, je me suis faufilée vers la scène Hydro-Québec pour voir l’artiste de Montréal, que j’ai découvert tout récemment lors d’une apparition pendant la performance de Robert Robert aux Francos de Montréal.
En l’espace d’une seule chanson, j’avais été vivement impressionnée par la puissance de sa voix, et j’avais bien hâte de voir ce que Fernie réservait comme performance à La Noce. Sa musique R&B et soul, ses mélodies ainsi que son énergie ont agréablement été reçues par les festivalier·ère·s, malgré sa performance nichée entre Choses Sauvages et Gab Bouchard.
Enchaînant prouesses vocales et blagues en franglais ici et là, Fernie a su divertir son public avec «Nothing Left», «DOLLA BILL» et «Back There».
Gab Bouchard: premier clou de la soirée
Visiblement, la réputation de l’auteur-compositeur-interprète natif de Saint-Prime n’est plus à faire dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, car les festivalier·ère·s étaient nombreux·ses devant la scène Sirius XM.
Gab Bouchard armé de son band et de son éternel look rétro, a joué des pièces tirées de son album Grafignes telles que «Dépotoir», «Remède» et «Étoiles», toutes des ballades rock agréables, malgré des paroles souvent tristes et sur des peines d’amour.
Fidèle à ce thème, celui qui s’est fait connaître en pleine pandémie avec Triste Pareil a entonné avec énergie son hymne «La vie c’t’une peine d’amour» sous un ciel qui se colorait doucement de teintes orangées.
L’artiste a également laissé beaucoup de place à son band, qui nous a offert, lui aussi, une magnifique session de jam.
P’tit Belliveau sur un fond de soleil couchant
La deuxième soirée de La Noce s’est enchaînée directement avec P’tit Belliveau sur la scène Hydro-Québec, lovée dans le creux de la pulperie. Le musicien acadien est arrivé sur scène revêtant son fameux chapeau de gobelin, issu de son plus récent délire sur Instagram.
Il a entonné «L’eau entre mes doigts», «Mon drapeau Acadjonne vens d’Taiwan» et même… «L’arbre est dans ses feuilles», qui a été chantée en chœur!
Le groupe n’a pas omis de jouer un flamboyant solo de violon et de banjo après «Les bateaux dans la baie», sans oublier ses plus grands hits «Demain», «Income Tax» et «J’aimerais d’avoir un John Deere».
Toujours aussi énergique, Jonah Richard Guimond a terminé son spectacle en grand avec sa reprise de «Last Resort». P’tit Belliveau qui chante du Papa Roach, on ne s’en lasse pas, et la foule s’est déhanchée et défoulée jusqu’aux toutes dernières notes.
Lisa LeBlanc: la reine du Chiac Disco
Toujours avec l’Acadie à l’honneur, la soirée du vendredi à La Noce se signait avec Lisa LeBlanc, auteur-compositrice-interprète originaire de Rosaireville, qui nous réservait un spectacle flamboyant ce soir-là.
Rayonnante comme à son habitude, elle est arrivée vêtue d’un costume de scène brillant et d’une cape tout aussi scintillante. Ses musicien·ne·s étaient aussi vêtus de costumes argentés, mettant la foule directement dans l’ambiance disco à l’honneur sur son plus récent album.
Elle a entonné «Dans l’jus» et «Pourquoi faire aujourd’hui» avant de s’exclamer: «C’est juste la deuxième toune et il y a déjà du crowd surfing, ça va être le fun à soir!»
Visiblement heureuse d’enfin faire partie de la programmation de La Noce, elle a enchaîné avec quelques plus vieilles pièces comme «Cerveau ramolli» et «J’pas un cowboy», avant de rembarquer dans le groove de son album Chiac Disco avec «Gossip».
Son bonheur apparent d’être sur scène est réellement contagieux, et la foule jubilait lors de «Kraft Dinner» et «Lignes d’Hydro». Alternant avec brio ses pièces disco et ses classiques, Lisa LeBlanc a très bien terminé une soirée où il a faisait chaud autant dans l’air que dans nos cœurs.