LittératureL'entrevue éclair avec
Crédit photo : Monique Dumas
Geneviève, c’est un plaisir d’échanger avec toi aujourd’hui! En parallèle de ta carrière de directrice artistique dans une agence de communications, tu as nourri une passion pour la photographie et tu t’es notamment illustrée dans le portrait, la photographie commerciale et la photographie animalière. Dis-nous tout: à quel moment as-tu eu la piqûre pour le huitième art?
«La photo a toujours fait partie de ma vie. Mon père étant photographe professionnel et mon frère partageant également cette passion dès notre plus jeune âge, je suis “tombée dedans quand j’étais petite”! Adolescente, je m’amusais à faire des photos de mes amis et à utiliser le studio au mieux de mes connaissances. Comme c’était autrefois en photographie argentique, je prenais également plaisir à développer moi-même mes films… Ça a bien changé depuis!»
«C’est plus tard, cependant, que la photo est venue prendre une place dans ma vie afin d’occuper une part plus importante de mon métier et de mon quotidien.»
On a pu lire que tu es également une férue des voyages et des chats, qui sont tous deux des sources infinies d’inspiration pour toi. Qu’est-ce qui te fascine dans le fait de partir vers d’autres horizons ou d’observer les félins, et comment cela nourrit-il ta créativité?
«Voyager pour faire de la photo, c’est bien différent d’un voyage “normal”. Je fixe mes heures de sorties en fonction de la lumière, je cherche les petits coins perdus qui recèlent bien souvent une foule de trésors… et de chats!, et mon regard se pose sur les petits détails qui passent bien souvent inaperçus.»
«Voir d’autres paysages et découvrir de nouvelles cultures, ça ouvre l’esprit et ça nourrit l’imaginaire. Photographier les chats, c’est pour moi bien plus que de faire de la simple photo de chats, c’est aussi tisser un lien avec l’animal, le suivre dans son environnement et, seulement s’il le veut bien, il m’accordera quelques instants pour le photographier.»
«J’aime particulièrement le fait qu’à chaque rencontre féline, je ne sais pas si j’aurai ou non un bon cliché. C’est une réelle aventure.»
Le 23 mars, ton livre Chats du monde paraîtra aux Éditions de l’Homme. À travers tes photographies, tu racontes des histoires et présentes des chats «[…] d’ici jusqu’à la forêt géante de Californie, en passant par la jungle et les montagnes d’Amérique du Sud, les glaciers d’Islande, les villages fleuris d’Europe et les médinas d’Afrique […], jusqu’aux légendaires îles aux chats du Japon.» Parle-nous un peu de ce périple et des rencontres que tu y as faites!
«Il y a quelques années, lorsque j’ai commencé ce projet dans le quartier Limoilou à Québec, j’étais bien loin de me douter de l’ampleur qu’il allait prendre. Étant fan de chats, designer graphique, photographe, en plus d’aimer l’écriture et les voyages, cette passion réunissait tout ce que j’aime et elle s’est créée de façon naturelle.»
«J’ai toujours photographié les chats au cours de mes voyages, par amour pour eux et par amour de la photographie féline. Ils sont difficiles à photographier… et j’adore ça! Je ne savais pas qu’un jour je ferais des livres à leur sujet, mais une fois le projet débuté, j’ai tracé un itinéraire à travers le monde, qui rassemblait les endroits où les chats occupent une place importante dans la culture.»
«Ce fut beaucoup de recherches de pays, de villages, de quartiers et même de rues! Après le Japon et l’Égypte, où le culte du chat atteint un sommet, j’ai eu envie d’ajouter une destination nordique et surtout de voir comment les chats s’y intégraient. En faisant mes recherches, j’ai constaté que l’Islande était remplie d’amoureux des chats! Comme pour d’autres pays, j’y ai contacté des gens à travers les médias sociaux (par exemple à travers leurs comptes Instagram dédiés à leurs chats), afin d’aller les rencontrer et de photographier leurs petits compagnons poilus. J’ai maintenant des amis partout sur la planète!»
«Bien sûr, j’ai été conquise par de nombreux endroits dans le monde, pas seulement pour les chats, mais aussi pour leurs paysages spectaculaires et les humains fantastiques qui se sont retrouvés sur mon chemin. Je pense entre autres au sanctuaire The Cat House on the Kings, en Californie, et au God’s Little People Cat Rescue, en Grèce, qui font un travail incroyable pour le bien-être des chats errants.»
Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton approche pour entrer en contact avec les maîtres et leurs animaux, et sur ta vision artistique afin de créer un univers en saisissant l’instant avec eux?
«Au Québec, il suffit de se balader dans les ruelles des quartiers pour tomber sur de nombreux chats. Il faut parfois avoir l’œil, mais mon radar à chats s’est affûté durant les dernières années. Ici, pour connaître leur nom, c’est généralement simple, puisque la majorité des chats portent des colliers. Je suis bien souvent capable de trouver leurs coordonnées de cette façon. Je peux ainsi contacter les propriétaires pour avoir le nom de l’animal (s’il n’est pas identifié sur le collier), et un résumé de leur personnalité. Si le chat n’a pas de collier, je demande tout simplement aux passants s’ils le connaissent, et c’est un réflexe qui porte toujours ses fruits.»
«Comme je le mentionnais ci-haut, ici les chats sont majoritairement identifiés avec des colliers, mais il suffit de voyager un peu pour se rendre compte qu’il n’en est pas toujours de même ailleurs. Retracer les propriétaires (lorsque propriétaire il y a), c’est parfois plus difficile, et il faut en plus ajouter la barrière de la langue!»
«Lorsque je photographie un chat, je peux facilement passer une trentaine de minutes avec lui. Il est donc fort probable que quelqu’un passera à ce moment. Il est souvent arrivé que les gens me lancent spontanément le nom du chat: son nom est Cécilia!»
«Je cherche les belles ruelles, les décors colorés, et quand j’y vois un chat, j’analyse aussitôt son environnement et son comportement. Je choisis mes angles en fonction de ce qui l’entoure et de la lumière, surtout, et je commence à le photographier de loin. Puis, je m’approche tranquillement, prenant une photo à chaque nouvelle distance, jusqu’à ce que je sois assise près de lui. Bien sûr, il arrive qu’il prenne la poudre d’escampette bien avant cette dernière étape, mais s’il accepte ma présence et que nous passons quelques instants ensemble à nous cajoler, je prends quelques plans rapprochés et je dépose ensuite ma caméra pour profiter de cet instant.»
«Les récits que je compose à leur sujet sont basés sur les faits racontés par les gens qui les connaissent, sur l’expérience que j’ai vécue avec eux et sur les traits de personnalité que j’ai pu observer à leurs côtés.»
Et alors, à court ou moyen terme, quels sont tes projets créatifs? On est curieux de savoir si tu mijotes un prochain livre regroupant des clichés en lien avec tes voyages aux quatre coins du monde, qui sait?!
«Je serai toujours une grande voyageuse, alors il est certain que je vais continuer de diffuser de belles images de mes voyages, et bien sûr des chats que je rencontrerai ici et là. J’ai déjà plusieurs idées en tête qui concernent encore les chats. Je ne saurais vous dire où ça me mènera, mais je les laisse me guider…»
«Après tout, ils m’ont bien donné rendez-vous jusqu’au Japon!»