LittératureL'entrevue éclair avec
Crédit photo : Christian Thériault
Jimmy, on est ravis de nous entretenir avec vous! En plus d’être auteur jeunesse, vous êtes aussi libraire à La Pocatière, une petite ville du Bas-Saint-Laurent où vous habitez, et vous vous passionnez depuis 2012 pour les… haïkus! La preuve, vous avez publié trois recueils depuis vos balbutiements en écriture. Alors, d’où vient cette flamme pour la littérature, d’après vous?
«J’étais un enfant plutôt solitaire qui habitait dans un rang de campagne loin de tout. Les jeux en plein air m’occupaient le jour, mais je réservais toutes mes soirées pour la lecture. J’allais chaque semaine à la bibliothèque de mon école et j’en repartais toujours les bras chargés de livres. C’est d’ailleurs à cette époque que je me suis découvert une véritable passion pour la bande dessinée humoristique».
«Un peu plus tard, en farfouillant dans la bibliothèque de ma grande sœur qui ramenait souvent à la maison des livres qu’elle avait lus pour ses cours au cégep, j’ai commencé à mieux apprécier les livres. À vingt ans, je me suis mis à écrire tous les jours: chansons, poèmes, nouvelles, débuts de romans qui ne verraient jamais le jour. J’écrivais surtout le soir, souvent jusqu’au milieu de la nuit.»
«J’ai vite compris que c’est ce que je voulais faire dans la vie. Écrire. Simplement écrire.»
En 2021, vous avez fait paraître aux côtés de 15 haïkistes franco-canadien∙nes le collectif En attendant les étoiles, un ouvrage publié sous votre direction aux Éditions David auquel vous avez vous-même participé. Qu’est-ce qui vous a motivé à créer ce projet, et pourquoi avoir fait le choix d’aborder la thématique de l’enfance?
«Si je me souviens bien, nous avons débuté ce collectif en 2016. À ce moment-là, je me sentais un peu égaré et j’avais besoin de m’investir dans un nouveau projet. C’était viscéral, il fallait que je crée, que j’occupe tous mes sens pour chasser cette apathie qui m’engourdissait les méninges.»
«J’ai alors invité plusieurs haïkistes dont j’admirais le talent et le dévouement à embellir de leurs mots-lumière ce monde parfois si sombre. Je n’ai pas eu à chercher bien longtemps le thème de ce projet. J’ai remarqué que l’enfance était un sujet récurent dans mes précédents recueils. Mon fils, âgé de 9 ans à l’époque, était une source d’inspiration pour mes haïkus. Je voulais avant tout façonner une œuvre qui ferait sourire, qui apporterait du réconfort.»
«Après avoir entendu quelques commentaires à la suite à la parution du livre, je crois que nous y sommes parvenus.»
Le 23 août, votre quatrième recueil de haïkus, intitulé À quelques pas de l’aube, est paru aux Éditions David. Qu’aviez-vous envie d’explorer comme thèmes, cette fois?
«À l’exception du collectif sur l’enfance, je ne débute jamais l’écriture d’un recueil avec le désir d’aborder des thèmes en particulier. La collecte de haïkus se fait au hasard du quotidien, sans but précis. Je consigne mes trouvailles dans un calepin, puis je les retranscris à l’ordinateur. Ce n’est qu’après plusieurs mois que je constate la récurrence de certains sujets. Je regroupe alors mes poèmes pour en faire des chapitres.»
«Dans mon dernier recueil, certains d’entre eux racontent la nature à travers les saisons. Un autre chapitre, plus intimiste, relate des instants de vie amoureuse ou familiale.»
«Un haïku ne s’invente pas, il faut l’avoir vu ou entendu, l’avoir croisé sur la route ou dans notre mémoire. Il faut surtout être très attentif à ce qui nous entoure. Voilà pourquoi écrire un recueil de ces petits poèmes nécessite beaucoup de temps.»
Est-ce que ça vous dit de nous partager votre haïku favori, tiré de ce plus récent ouvrage? On aimerait entrer davantage en connexion avec votre dialogue intime sur le monde!
«C’était l’été et je me promenais dans le Vieux-Québec avec une amie. Les rues foisonnaient de touristes. De petits groupes s’étaient formés un peu partout. C’est en passant près de l’un d’eux que j’ai remarqué cet enfant qui, contrairement aux adultes munis de leurs appareils photo, ne paraissait pas s’intéresser à l’architecture ou aux commerces aguichants.»
«Il semblait avoir repéré quelque chose de beaucoup mieux.»
site touristique
dans la foule un enfant
observe le ciel
«Je me permets de mentionner ces deux autres haïkus. L’un d’eux décrit bien comment un banal reflet sur l’eau peut être une source d’inspiration.»
vieil asphalte
dans un trou le ciel
a fait son nid
«L’autre évoque l’amour à travers un simple regard.»
nuit des perséides
une étoile disparaît
dans ses cheveux
«Certaines choses en apparence si anodine se transforment en véritables pépites de lumière dans l’œil du haïkiste. C’est ce qu’on pourrait appeler «l’alchimie de l’instant».»
Et si on vous donnait carte blanche (ainsi que les moyens de vos ambitions) pour créer LE projet artistique de votre vie, quel serait-il, et pourquoi? Bien sûr, vous avez le droit de rêver… et nous aussi!
«Ma réponse surprendra peut-être celles et ceux qui ne me connaissent que par mes haïkus, mais je rêve depuis longtemps d’écrire une histoire à propos d’une maison hantée. Je ne suis pourtant pas un fan de romans d’horreur, mais selon moi, les maisons hantées font partie d’une classe à part. Elles n’abritent pas que des fantômes, mais aussi bon nombre de rêves oubliés et de souvenirs enfouis. J’irais même jusqu’à dire qu’elles possèdent un charme irrésistible! Si on me donnait les moyens et le temps pour y arriver, ce serait là mon plus grand fantasme littéraire!»
«D’une manière ou d’une autre, je sais bien que je finirai par écrire ce livre, c’est inéluctable. Pour le moment, j’aime bien glisser mystères et frissons dans les romans jeunesse que j’écris. Ma série Les Aventuriers du grand chêne, dont le premier volume paraîtra le mois prochain aux éditions FouLire, en est un bon exemple.»