Cinéma3 bonnes raisons de
Crédit photo : Tous droits réservés @ Netflix
Parce que le roman original de Petra Hammesfahr est incisif et percutant!
En surfant sur le site des éditions Actes Sud, je suis tombé sur The Sinner et sa jaquette à donner froid dans le dos. On y découvre Jessica Biel, les bras serrés le long du corps, trempée de la tête aux pieds, émergeant d’un lac dans un décor sinistre et embrumé. Déjà, ma curiosité était piquée au vif, je l’avoue.
Ce roman, écrit par l’Allemande Petra Hammesfahr et édité dans la collection Chambon Noir, est le premier livre de l’auteure à avoir été publié en France et distribué au Canada par Flammarion Québec. Elle a fait paraître plus d’une vingtaine de romans noirs et à suspense, mais c’est The Sinner qui s’est démarqué, se hissant durant quinze mois en tête des ventes en Allemagne avec plus de 500 000 exemplaires vendus.
Vraiment, j’ai dévoré ce roman de A à Z, d’abord parce que l’effet climax a été planifié dès le lever du rideau, une prise de risque fort intéressante de la part de l’auteure, qui nous accueille avec une scène meurtrière qui donne le frisson royal. Comme lecteur, on ressent instantanément un mélange d’horreur face au geste commis par Cora Bender, et de la surprise aussi, car on n’aurait jamais pu prédire qu’une journée à la plage pourrait se conclure sur un coup de théâtre aussi violent et inespéré.
Petra Hammesfahr, elle-même scénariste de métier, a ce don d’évoquer, par le biais d’une écriture froide et limpide, des images d’une grande clarté, aux frontières du cinématographique. Armez-vous de patience, car les dialogues lors des interrogatoires sont musclés, et l’amnésie partielle de la protagoniste vous forcera à patienter jusqu’à ce que les pièces du puzzle s’assemblent enfin… pour vous révéler une vérité qui fesse fort.
Parce que l’adaptation cinématographique est tout simplement parfaite!
J’ignore pourquoi, mais avec The Sinner, j’ai eu ce même pressentiment que lorsque j’avais terminé ma lecture de The Shining de Stephen King et que je n’attendais qu’une chose: visionner l’adaptation célèbre de Stanley Kubrick qu’on m’avait tant vantée. Et évidemment, à l’époque, je n’avais pas été déçu, car le réalisateur d’Eyes Wide Shut et de Full Metal Jacket a su s’imprégner de l’histoire originale pour l’emmener à un autre niveau, avec une panoplie d’ajouts et de détails macabres qui n’ont pas échappé à mon œil d’expert!
Ainsi, la saison 1 de The Sinner, traduite en français par «La pécheresse», s’inspire de façon assez fidèle du roman de Petra Hammesfahr, mais avec une attention des détails qui m’a réellement fasciné, surtout au niveau des profils psychologiques des personnages. Ici, Cora Bender se nomme Cora Tannetti, et c’est la convaincante Jessica Biel qui se glisse dans sa peau. Son mari Gereon, qui est (trop) effacé à mon goût dans le roman, se nomme ici Mason, et c’est l’acteur Christopher Abbott qui l’interprète. La Palme d’or revient toutefois à Bill Pullman dans le rôle de Harry Ambrose, car dans ses habits de détective grisonnant mais astucieux, il incarne vraiment le dicton «L’habit fait le moine». Il est carrément convaincant dans son rôle.
Ce que j’ai le plus aimé de cette adaptation, c’est que le réalisateur Derek Simonds a su rester près du roman original, en respectant la trame narrative de l’histoire, mais en ajoutant des scènes d’action qui ont permis de nous tenir en haleine durant huit épisodes. Là où il a excellé, c’est qu’il a su, pour les besoins du petit écran, donner une touche d’humanité aux personnages, qui sont assez froids dans le roman. Dans cette série télé, on s’attache plus à Cora Tannetti, et ce, malgré l’horreur de son crime, tandis que Cora Bender, celle du roman, nous inspire davantage de la crainte et du dégoût, comme si son manque d’humanité envers son prochain nous forçait à la voir davantage comme un «monstre».
Et finalement, j’ai trouvé que c’était une excellente idée d’accorder une place de choix à son mari, car dans le roman, il rejette d’emblée sa femme, vu l’horreur qu’elle a commise, tandis que dans la télésérie, il a son rôle à jouer… et quel rôle!
Parce que l’histoire originale a su inspirer un concept sur plusieurs saisons!
Après avoir terminé la saison 1, intitulée Cora, j’étais réellement sur le cul – pardonnez-moi l’expression! – ayant eu ma double dose d’une histoire qui avait tout pour me secouer les puces un bon moment. J’aime les sensations fortes, mais là, c’était tout un condensé!
Après quelques recherches sur IMDB, j’ai découvert que le succès de la saison 1 avait inspiré les créateurs à renouveler le concept, et c’est ainsi qu’une saison 2 (Julian) et une saison3 (Jamie) ont été réalisées, mais je vous rassure: ce n’est pas une suite qui fait de l’ombre au roman. L’enquête a bel et bien été bouclée par le détective Ambrose à la fin de la saison 1. Là, les cinéphiles ont droit à une toute nouvelle histoire et à un tout autre suspense.
Vous vous en doutez, la saison 2 est loin d’être aussi glaçante que la saison 1, j’oserais avancer la même affirmation que pour la saison 3, mais je dois avouer que les deux histoires m’ont néanmoins fasciné et que le jeu des acteurs est réellement irréprochable. Bonus intéressant: même si Jessica Biel ne fait plus partie du casting, mais qu’elle se retrouve en coulisse à titre de productrice exécutive, tout comme Carrie Coon et Chris Messina, c’est un plaisir renouvelé de retrouver Bill Pullman dans ses habits de détective, car il brille littéralement dans son personnage de Columbo en puissance dix.
D’après certaines rumeurs, une saison 4 serait actuellement en préparation, mais aucune date de sortie n’a été révélée à ce jour en raison de la pandémie de COVID-19. Il faudra donc patienter avant le retour tant attendu du détective Harry Ambrose!