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Crédit photo : Kelly Jacob
Noémie, parle-nous de ton parcours! Quand as-tu commencé à t’intéresser à la mode et au design, et dans quel contexte as-tu décidé de lancer ta boutique en ligne Noémiah?
«Je m’intéresse à l’artisanat depuis toujours. Adolescente, j’ai découvert la mode qui se faisait ici. J’achetais le Elle Québec et je faisais des shootings improvisés avec mes amies. Mais c’était resté un intérêt comme les autres.»
«J’aimais la mode, mais l’idée d’en faire un métier ne m’avait pas passé par la tête. J’ai poursuivi des études de littérature française à l’Université de Montréal. J’ai rédigé mon mémoire de maîtrise le jour, et je confectionnais des bijoux de plumes pour mes amies le soir, pour le plaisir, jusqu’à ce que j’en laisse quelques-uns en consigne dans une boutique près de chez moi.»
«Un jour, une amie m’a parlé d’Etsy. Elle y commandait des boucles d’oreilles en porcelaine peintes à la main d’une artisane des Pays-Bas. Ça a vraiment été, pour moi, une révélation. J’avais envie de faire partie de cette communauté d’artisans!»
«J’ai alors ouvert ma boutique Etsy, et Noémiah est né. Il m’aura fallu attendre jusqu’à la fin de ma vingtaine pour comprendre que je pouvais en faire mon métier. Mon mémoire de maîtrise enfin déposé, j’ai enchaîné deux diplômes d’études professionnelles, le premier en confection sur-mesure, et le deuxième en dessin de patrons à l’École des métiers des Faubourgs-de-Montréal.»
«Trois ans de dur labeur plus tard (ça m’a pris beaucoup de temps pour intégrer la couture), j’ai commencé à comprendre la mécanique d’un vêtement. J’ai terminé mon stage chez Travis Taddeo au printemps 2014, et après j’ai dessiné ma première collection!»
Ta compagnie offre un éventail fort intéressant de vêtements, d’accessoires, de bijoux et même de porcelaines! Ta palette visuelle se compare à un mélange élégant qui allie féminité, romantisme et minimalisme. Parle-nous de tes inspirations! Où trouves-tu tes idées, et comment passes-tu de tes premières esquisses à la finalisation d’un projet?
«Merci! J’ai besoin d’être inspirée par quelque chose qui me touche pour créer une collection. Au printemps 2019, ça a été un livre de Dominique Fortier; à l’automne 2020, ma retraite en forêt pendant le confinement; cette saison, le travail de la collagiste Janna Yotte.»
«Le rythme imposé par mon milieu ne me convient pas. J’ai besoin de temps pour que mes idées fleurissent. J’espère que j’aurai toujours cette liberté de prendre le temps dont j’ai besoin.»
Tu accordes une place importante au soutien de l’économie locale et à ton empreinte écologique. Tu fais d’ailleurs affaire avec des ateliers indépendants dans la région de Montréal pour la production de tes collections, en plus d’utiliser des matériaux naturels et biodégradables. Dis-nous comment tu sélectionnes tes produits! Est-ce tu respectes des critères en particulier?
«J’essaie de contribuer, à ma façon, à la sélection des matières premières que je transforme. Je choisis des fibres naturelles durables qui passent l’épreuve du temps. Et je suis fière de travailler avec trois ateliers indépendants pour la coupe, la broderie et la confection de mes vêtements. Je couds moi-même les pièces sur-mesure et je m’occupe des petits ajustements, s’il y a lieu.»
Ton travail a été mis en valeur dans plusieurs grands magazines tels que Vogue, The National Post, Elle Québec et j’en passe! Qu’est-ce qui te rend le plus fière en tant que créatrice et fondatrice de Noémiah, et quels projets rêves-tu encore de réaliser dans le cadre de ta profession?
«Ça me rend heureuse d’offrir du sur-mesure, des robes qui tombent bien pour toutes les silhouettes. J’ai une fiche pour chaque cliente, avec ses mensurations et ses préférences de longueur de robes, etc.»
«Je suis également très privilégiée de pouvoir m’exprimer à travers la mode de manière aussi libre. Je me garde du temps pour rêver: quelque chose d’excitant se matérialise peu à peu et m’habite tous les jours. Je l’ai évoqué quelquefois sur mes réseaux sociaux, c’est un grand projet auquel je réfléchis depuis les deux dernières années et qui prendra forme en 2022.»
Tu as fondé ta compagnie en 2008. Treize ans dans le domaine, c’est tout un exploit! Félicitations! Au quotidien, quels sont les plus grands défis pour une entreprise comme la tienne, spécialement dans le milieu de la mode au Québec?
«Contrôler la croissance. C’est peut-être dû à ma nature réservée, mais j’aime bien travailler seule à l’atelier. J’ai eu des opportunités au fil du temps, mais j’ai fait le choix de garder mon atelier à la maison.»
«Il y a aussi le piège d’oublier la raison fondamentale qui nous pousse à faire un métier. Je retourne aussi souvent que possible à l’essentiel, je me garde du temps pour réfléchir à mon métier, à mon milieu, et j’écris. Et je me suis entourée de gens créatifs au fil du temps qui m’inspirent au quotidien.»
Tu as dévoilé, le 16 mars dernier, ta nouvelle collection de printemps! Dis-nous-en plus sur ce qui est à venir pour ta marque et toi en 2021!
«Je m’étais promis de ne faire aucun shooting avant d’être vaccinée, mais le désir de créer de belles images aura eu raison de moi! Je suis heureuse que la collection prenne enfin vie, c’est une collection qui mijote depuis deux ans! La broderie est conçue à partir d’une œuvre de Janna Yotte, artiste montréalaise.»
«Inspirée par la représentation de l’appareil reproducteur féminin d’un précis de médecine du XIXe siècle, Janna a créé un collage enchevêtrant fleurs et mains délicates. Au-delà de notre complicité presque instantanée, la voie qu’allait prendre cette collaboration a mis du temps à apparaître.»
«Nos échanges à propos de la féminité, de la maternité et de la force de notre corps de jeune femme étaient trop intéressants, et chaque fois nos rencontres se traduisaient par mille avenues possibles. Après des mois de travail, nous en sommes enfin arrivés à un résultat qui m’enchante. Il est le fruit d’une réflexion commune sur la sororité, le corps et le cœur.»
«Sinon, le 4 mai prochain, je prépare un pop-up à la boutique Unicorn, en collaboration avec Janna Yotte. Nous habillerons la vitrine et toute la collection de printemps sera disponible!»
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Les créations de Noémiah en images
Par Kelly Jacob