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Crédit photo : À la une: image de l'oeuvre «A life in flowers» d’Armando Kirwin et d’Azuma Makoto. Photo: Centre PHI
Émergences et convergences a l’honneur de se démarquer d’autres grandes expositions montréalaises du moment en ce que l’entièreté de son contenu a été réfléchie pour permettre des réflexions sur notre société et sur les œuvres d’art après le confinement. Elle est aussi la première exposition du nouveau programme Destination PHI. Son objectif est de rassembler sous la même étiquette plusieurs activités du Centre PHI et de la Fondation PHI, qui n’ont cessé de se réinventer, avec notamment des programmes de résidences en ligne et des nouvelles expositions.
«Au Centre PHI, nous nous sommes toujours intéressés à l’intersection de l’art et de la technologie, mais maintenant, puisque le contact avec la nature nous a profondément manqués au cours des derniers mois, nous avons voulu intégrer cette idée à notre première exposition», explique Myriam Achard, chef partenariats nouveaux médias et relations publiques au Centre PHI.
En effet, Émergences et convergences présente huit œuvres de huit artistes différents, qui ont chacun réfléchi, à leur manière, à leur environnement naturel et technologique, dont la démarche devient d’autant plus intéressante à la lumière de la crise que nous avons traversée.
Un poème immersif et contemplatif
L’installation vidéo Seeking Stillness de l’artiste québécois d’origine hongkongaise George Fok se démarque tout particulièrement, comme elle est la seule œuvre de l’exposition à avoir été conçue pendant les derniers mois du confinement.
D’une durée de trente minutes, l’œuvre d’art est isolée de la salle d’exposition. On invite les visiteurs à entrer en immersion complète dans l’univers de l’artiste au sein d’une pièce où est présenté un ensemble de vidéos, comme un collage de sons, de formes naturelles, de couleurs et de lumière. Ces dernières se déploient à la manière d’un poème immersif et multisensoriel abstrait nous permettant de vivre des moments d’introspection et d’émerveillement. On remarque l’important travail de recherche, notamment dans l’harmonie des couleurs, des sons et de la lumière, dont l’efficacité impressionne et surprend.
George Fok, aussi directeur créatif chez PHI, explique avoir voulu faire réfléchir son public à différentes manières de transposer l’idée de l’immobilité en art. Bien qu’il reconnaisse que tous les éléments de la nature sont en perpétuel mouvement, il affirme avoir cherché à approfondir l’idée de l’immobilité, de la zénitude et de la contemplation à l’intérieur même des individus.
Des artistes québécois à l’honneur aux côtés de grands créateurs internationaux
Mme Achard affirme être très fière de présenter, à l’occasion de cette première exposition depuis des mois, le travail de quatre artistes québécois, «dans un contexte où il est parfois difficile d’exposer et de dénicher le travail d’artistes d’ici dans le domaine de l’art numérique.»
En effet, en plus de George Fok, Daniel Corbeil, Katherine Melançon et Sabrina Ratté côtoient les artistes internationaux Moritz Wehrmann (Allemagne) et Armando Kirwin & Azuma Makoto (États-Unis et Japon), ainsi que le travail de la star de l’art contemporain, Olafur Eliasson (Danemark).
Si les artistes sont tous de provenances variées, on constate à quel point leurs démarches sont chacune bien différentes et singulières, et qu’elles se prêtent toutes aussi bien à l’idée derrière Émergences et convergences.
Repenser notre rapport au confinement à travers la technologie
En guise d’exemple, l’œuvre Cité Laboratoire de Daniel Corbeil, présentée gratuitement au premier étage du Centre PHI, est une installation qui s’articule à la manière d’une maquette d’un projet d’architecture écofuturiste et utopique. Alors qu’on s’est à maintes reprises demandé en quoi nos sociétés allaient changer dans un monde et une économie post-COVID-19, cela devient intéressant de réfléchir à comment l’art et l’architecture peuvent s’unir pour nous permettre d’imaginer de nouvelles utopies.
Puis, dans une approche complètement différente, l’installation Alter Ego de Mortitz Wehrmann, conçue en 2013, est tout aussi saisissante lorsque considérée dans le contexte actuel. À l’aide de miroirs et de lumières stroboscopiques, elle met en relation deux visiteurs et crée ainsi entre eux un dialogue esthétique et existentiel, repensant ici poétiquement notre rapport à l’autre, certainement troublé pendant la crise actuelle.
Enfin, l’installation de réalité virtuelle A life in flowers d’Armando Kirwin et d’Azuma Makoto, plus ludique, s’intéresse quant à elle au traitement que l’on réserve à notre environnement naturel, particulièrement aux fleurs, et à comment notre relation avec ces dernières peut exister dans un univers numérique. Chose certaine, on reconnaît, après avoir fait l’expérience de l’installation, à quel point notre rapport à la nature est important et peut donner lieu à d’amusants questionnements philosophiques et poétiques.
Le Centre PHI aura eu raison de se questionner sur l’interaction entre l’art, la nature et la technologie. On ressort de l’expérience avec une plus grande envie de voir de véritables fleurs et de sortir dans la nature, non pas dans le monde virtuel, mais bien dans notre environnement réel.
À travers ces œuvres et plusieurs autres, Émergences et convergences s’impose parmi les expositions nouvellement disponibles à Montréal, en ce qu’elle allie efficacement des interrogations esthétiques et sociales nécessaires et des médiums variés, exploités audacieusement et poétiquement.
Pour acheter vos billets pour l’exposition ou en apprendre davantage sur le nouveau Passeport PHI, qui combine des accès à différents évènements tels que celui-ci, visitez le lien ci-contre: www.phi-centre.com/passeport-phi. Bonne(s) découverte(s)!
L'expo «Émergences et convergences» en images
Par Photo: Centre PHI @ Tous droits réservés