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Crédit photo : Musée des Beaux-Arts de Montréal @ Tous droits réservés
D’emblée, disons que le sous-titre de l’exposition agit un peu en trompe-l’œil. De Paul Signac, quelques d’œuvres sont exposées au Musée des Beaux-Arts. Des œuvres majeures, certes, mais en nombre (relativement) réduit. Le sujet de l’expo est bel et bien le mouvement des Indépendants, avec et sans Signac.
Fondé en 1884 à Paris, en marge du Salon organisé par la toute-puissante Académie des beaux-arts, le groupe des Indépendants voulait s’affranchir des diktats académiques. Leur Salon proposait aux visiteurs des œuvres libérées du jugement des jurys d’admission et des distinctions qui structuraient alors le milieu artistique.
Signac et les Indépendants
La visite commence par une petite salle présentant quelques tableaux marquants du mouvement des Indépendants. Les visiteurs entament ensuite la première partie de l’exposition. D’abord, une salle consacrée à celles et ceux qui ont inspiré les indépendants, des artistes comme Claude Monet ou Berthe Morisot. On entre ensuite dans une section presque consacrée à Paul Signac, maître de la lumière, de la couleur et de la «division», terme qu’il préférait à celui de «pointillisme».

Paul Signac (1863-1935), Juan-les-Pins. Soir (première version), 1914, huile sur toile. Collection particulière. Photo Maurice Aeschimann, Genève
Outre ses tableaux, dont certains bien connus qui mettent à l’honneur le sud de la France, l’exposition présente des aquarelles et des esquisses de Signac. L’opportunité rêvée pour les visiteurs d’explorer le travail préparatoire du maître de la couleur. Des citations du peintre ponctuent la visite et permettent de mieux comprendre sa démarche artistique.
Les visiteurs arrivent ensuite dans une salle consacrée aux engagements sociaux des Indépendants, à l’ère de l’industrialisation et de l’urbanisation. Les œuvres exposées rendent notamment hommage au peuple et aux ouvriers.
La première partie de l’exposition s’achève par une section consacrée à Paris au tournant des XIXe et XXe siècles. On y admire des affiches de Toulouse-Lautrec et on plonge dans la vie nocturne (et diurne!) du Paris de la «belle époque».

Théophile Alexandre Steinlen (1859-1923), La Rue (affiche), 1896, lithographie en couleurs. Collection particulière
Jusqu’ici, le Musée des Beaux-Arts de Montréal propose un parcours fluide et cohérent, bien que conventionnel, mis en musique par Marie-Claude Sénécal qui officie à ICI Musique. L’habillage sonore enrichit l’expérience muséale en permettant aux visiteurs d’explorer davantage l’ambiance de l’époque.
Au-delà du «pointillisme»
La deuxième partie de l’exposition, consacrée aux autres courants artistiques du groupe des Indépendants, apparaît plus confuse. On y trouve, par exemple, une salle consacrée aux œuvres d’Odilon Redon, une autre qui s’est consacrée au nabisme. On croise des œuvres cubistes, fauvistes ou encore symbolistes.
Les visiteurs pourraient regretter que la frise chronologique présentant les différentes phases ayant marqué les Indépendants n’apparaisse que tardivement dans l’exposition. En effet, le nombre impressionnant d’œuvres proposées donne un peu le tournis, une impression accentuée par un relatif manque de mise en contexte à ce point de la visite.

Vue de l’exposition, salle Odilon Redon. Photo MBAM, Denis Farley
Les amatrices et amateurs de l’art de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle trouveront leur bonheur dans cette gigantesque exposition. Celles et ceux qui sont attirés par le nom de Paul Signac pourraient être déroutés, mais y trouveront aussi leur compte.
Il ressort de la visite l’impression d’une exposition de grande envergure, comme sait le faire le Musée des Beaux-Arts de Montréal.
L’expo «Paris au temps du postimpressionnisme: Signac et les Indépendants» est présentée jusqu’au 15 novembre 2020. À noter qu’il convient désormais de réserver des billets en ligne pour un créneau horaire spécifique, mesures sanitaires obligent!
L'expo «Paris au temps du postimpressionnisme» en images
Par Musée des Beaux-Arts de Montréal @ Tous droits réservés
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Achille Laugé (1861-1944), L’Arbre en fleur, 1893, huile sur toile. Collection particulière
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Vue de l’exposition, salle Odilon Redon. Photo MBAM, Denis Farley
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Maximilien Luce (1858-1941), La Sambre, Marchiennes, 1899, huile sur toile. Collection particulière
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Paul Signac (1863-1935), Saint-Briac. Les Balises, Opus 210, 1890, huile sur toile. Collection particulière
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Wassily Kandinsky (1866-1944), Les roses, 1905, gouache sur carton. Collection particulière
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Odilon Redon (1840-1916), Araignée ou Araignée souriante, 1887, épreuve d’essai avant la lettre, lithographie sur chine appliqué. Collection particulière
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Vue de l’exposition. Photo MBAM, Denis Farley
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Lyonel Feininger (1871-1956), Fin de séance, 1910, huile sur toile. Collection particulière. © The Lyonel Feininger Family LLC (SOCAN) 2020
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Théo Van Rysselberghe (1862-1926), Élisabeth Van Rysselberghe au chapeau de paille, 1901, huile sur toile. Collection particulière
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Maximilien Luce (1858-1941), L’Aciérie, 1899, huile sur toile. Collection particulière
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Paul-Élie Ranson (1861-1909), Les Princesses à la terrasse, 1894, encaustique sur toile. Collection particulière
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Vue de l’exposition. Photo MBAM, Denis Farley
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Vue de l’exposition. Photo MBAM, Denis Farley
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Vue de l’exposition. Photo MBAM, Denis Farley
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Berthe Morisot (1841-1895), La Jeune Fille au chat, 1892, huile sur toile. Collection particulière
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Paul Signac (1863-1935), Juan-les-Pins. Soir (première version), 1914, huile sur toile. Collection particulière. Photo Maurice Aeschimann, Genève
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Théophile Alexandre Steinlen (1859-1923), La Rue (affiche), 1896, lithographie en couleurs. Collection particulière