Grimes au Club Soda: monde parallèle et confusions – Bible urbaine

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Grimes au Club Soda: monde parallèle et confusions

Grimes au Club Soda: monde parallèle et confusions

Publié le 21 septembre 2012 par Émilie Langlois-Pratte

C’est hier soir qu’avait lieu le spectacle tant attendu de Grimes dans le cadre des festivités de Pop Montréal, qui était d’ailleurs offert à guichet fermé. Avant que la jeune Claire Boucher monte sur la scène du Club Soda, qui tardait à se remplir, ce sont les filles Lief Hall et Quinne Rodgers qui forment le duo MYTHS et l’homme-orchestre Elite Gymnastics qui avaient la lourde tâche de réchauffer la place.

MYTHS

Clairement, les détenteurs de billets venaient dans le but de voir la tête d’affiche et c’est la raison pour laquelle les fans sont arrivés assez tard. Devant une salle quelque peu vide, c’est le duo considéré comme de la «pop noire féminine» et de «l’art électro sinistre» qui a cassé la glace et qui a donné le ton à cette soirée quelque peu étrange avec, au fond de la scène, un écran qui projetait un loop un brin psychédélique. Des tissus fluo colorés décoraient leurs synthétiseurs qui étaient soulignés par un effet black light.

D’emblée, les filles ont éprouvé des difficultés techniques qui les ont obligées à recommencer leur première chanson. Heureusement pour elles, le rare public s’est senti clément et les ont encouragé chaudement. Il faut dire qu’hier a été pour la formation un événement test; la soirée d’hier était leur premier spectacle d’une première tournée. Elles ont d’abord joué leurs compositions plutôt maladroitement, puis, au fil du temps, elles ont pris de l’assurance et on peut certainement affirmer qu’on retrouvait sur scène un mélange moyennement assumé de Duchess Says et de Yeah Yeah Yeahs, dans tout ce qu’il y a de plus électro. Des costumes hipsters futuristes, des chants stellaires, des hymnes un peu trashs, voilà ce qui a démarré difficilement mais sûrement une soirée encore jeune.

Elite Gymnastics

C’est avec cette performance solo, un croisement entre MGMT pour certains morceaux et Secret Handshake, que le spectacle a semblé tomber à plat parce que les spectateurs, maintenant plus nombreux, ne prenait pas ce qu’on leur donnait avec sérieux. C’est quand même un peu normal; débuter une prestation avec une reprise de mauvais goût du hit «Say You’ll Be There» des célèbres Spice Girls n’aidait pas à sa cause. Sur l’écran au fond de la scène les paroles défilaient sur un fond de nature avec des petits bambis tel un karaoké, concept qui a été repris tout au long de sa performance sur des fonds différents.

Le personnage loufoque qu’est le multi-instrumentiste (le mot est fort; un ordinateur et quelques pédales sur scène,  une guitare couchée tout de son long, et le tour est joué) s’est confié à la foule lorsqu’il est venu le temps de jour sa troisième composition en avouant qu’il était mal à l’aise, qu’il se sentait inconfortable, qu’il ne se trouvait pas très bon et qu’il ne comprenait pas pourquoi il était dans une place comme celle-ci, mais les confessions se sont perdues dans le brouhaha du public qui parlait, ne portait aucune attention à ce qui se passait droit devant. Il a passé le reste du temps à genoux ou assis sur la scène. Malheureusement pour lui, il n’a pas pu appeler sa soirée d’hier une victorieuse réussite.  Avouer sa défaite avant même de donner son spectacle n’est peut-être pas la meilleure stratégie qui soit pour amadouer son public. Dommage, car s’il s’était moindrement senti à l’aise et qu’il s’était un tant soit peu concentré sur ses rythmes, cela aurait pu être, certes, un projet drôlement intéressant…

Grimes

Enfin la pièce de résistance! La foule a poussé des cris de joie au moment où les jolies acolytes de Claire Boucher sont arrivées sur les planches du Club Soda, vis-à-vis leur synthétiseur respectif,  voilées d’un tissu presque transparent reflétant la lumière des projecteurs. Les blacks lights étaient décidément à l’honneur. Lorsque la Montréalaise est venue les rejoindre, c’était l’hystérie totale au parterre. Elle était contente d’être présente au festival et ça se sentait et s’entendait. Et ça se voyait aussi; elle n’est restée en place une seule seconde.

D’une énergie sans borne et constante, elle a offert un généreux concert endiablé où, dès la première pièce, les gens ont semblé déjà en symbiose avec son talent. Des danseurs à la Just-to-buy-my-love sont venus se joindre au groupe pour rendre le tout encore plus dynamique. Des bulles étaient projetées sur la scène et parmi la foule, rendant le tableau général presque féérique. Les spectateurs ont surtout pu danser sur les succès de son dernier opus, Visions. Parmi les titres proposés, «Circumambient» a animé la salle, «Genesis» a fait danser les amoureux de l’électro, et les danseurs ont donné tout ce qu’ils pouvaient lors de «Be a Body». Cependant, le party a réellement pris possession de la place lorsque est venu le temps d’entendre «Oblivion», qui a provoqué une hystérie indescriptible. Grimes, en somme, a définitivement sauvé la soirée et fait plusieurs heureux.

Appréciation: ***

Crédit photo: Pop Montreal

Écrit par: Émilie Langlois-Pratte

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