«Les robots font-ils l’amour?» d’Angela Konrad à l’Usine C – Bible urbaine

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«Les robots font-ils l’amour?» d’Angela Konrad à l’Usine C

«Les robots font-ils l’amour?» d’Angela Konrad à l’Usine C

Futur imparfait

Publié le 15 mars 2018 par Pierre-Alexandre Buisson

Crédit photo : Maxime Robert-Lachaîne

Qualifiée dans le programme «d’essai scientifico-philosophique», cette deuxième pièce d’Angela Konrad à voir le jour en quelques mois présentée à l’Usine C – l’autre étant Last night I dreamt that somebody loved me, en octobre dernier – prend la forme d’un colloque déjanté sur le futur des technologies permettant de modifier et d’améliorer l’être humain.

On ne peut pas le nier, le transhumanisme est un sujet chaud; après La singularité est proche et Post humains à Espace Libre, respectivement présentées en mai et octobre dernier, voilà la contribution de Konrad à ce qu’il convient d’appeler une tendance. On sent l’auteure intéressée par le sujet, et ce n’est sans doute pas qu’un intérêt passager – elle connaît le domaine. Elle assume cependant que son spectateur ne le connaît pas autant qu’elle, et passe beaucoup de temps à l’éduquer avec des faits qui sont déjà très connus par la plupart des gens susceptibles de franchir la porte du bâtiment.

On se retrouve donc à jouer un rôle, celui du public qui assiste à ce colloque surréaliste, où les docteures invitées portent des noms tels que De Laqueue et Vaginstrup – la caricature manque parfois de subtilité – et où les opinions s’entrechoqueront au fil de débats éthiques tirés de l’actualité récente et, surtout, de l’essai qui a inspiré la pièce et son titre, publié en 2016 et écrit par Laurent Alexandre et Jean-Michel Besnier.

Au fil des présentations, on se rendra rapidement compte que l’activiste bio-conservatrice personnifiée par Dominique Quesnel a déjà eu une aventure avec le modérateur du colloque (Philippe Cousineau, le seul homme du groupe), un doctorant qui bande mou et qui se sent seul. Niki De Laqueue (une Marie-Laurence Moreau en grande forme), derrière ses airs d’hypersexuelle, souffre, elle aussi, de solitude, et se désole d’élever seule son enfant.

La structure rigide du colloque universitaire commence à se fissurer lorsque la scientifique jouée par Stéphanie Cardi, mariée à un robot, multiplie les déclarations discutables, allant même jusqu’aux frontières de l’acceptable. Le ton monte. On évoque l’avantage déloyal qu’auront les plus fortunés quand on pourra se payer de nouveaux organes artificiels. La déshumanisation progressive du sexe, alors que des poupées-robots voient le jour sur le marché, et remplacent les partenaires en chair et en os, est aussi évoquée.

Il est trop tôt pour se prononcer définitivement sur les bénéfices pour l’humanité de ces nouvelles technologies, axées sur l’amélioration de l’être humain, et cette comédie pré-apocalyptique n’a heureusement pas la prétention de le faire; on se contente d’y parodier le milieu universitaire à gros traits et de soulever d’intéressantes questions morales. C’est un survol parfait pour les profanes, survol qui inclut des éléments divertissants et des petites querelles, mais l’amoncellement d’éléments en fait un ensemble légèrement confus.

À vouloir mettre dans le même panier tous les œufs de Silicon Valley, Angela Konrad finit par nous offrir une omelette avec beaucoup trop d’ingrédients qui s’avère plutôt difficile à digérer.

L'événement en photos

Par Maxime Robert-Lachaîne

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