ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Zoé Roux
L’expérience théâtrale débute au foyer, lorsqu’on nous invite à descendre les escaliers et à entrer dans la classe de Madame Catherine. D’ailleurs, pour l’occasion, quelques chanceux sont rebaptisés et personnifient des élèves du groupe 3B: Aminata, Damien, Moïse, etc.
La salle intime du Théâtre Prospero étant ce qu’elle est, il devient facile de s’imaginer dans une vraie salle de classe. En entrant, on aperçoit Madame Catherine – magnifiquement interprétée par Alice Pascual – assise à son bureau, nerveuse et impatiente à l’idée de commencer sa leçon, soit celle d’apprendre aux jeunes à se prémunir des tireurs fous. Pour ce faire, elle explique quelques mots de vocabulaires importants, procède à un cours d’histoire en concentré et démontre des techniques de protection.
Mais, au cours de l’heure que dure cette pièce, on apprend surtout à connaître cette professeure névrosée qui s’enfonce tête première dans la paranoïa et le délire. Ainsi, la leçon va à vau-l’eau et la situation ne fait que s’empirer. Le climat guilleret du début devient rapidement insupportable.
La pièce d’Elena Belyea, traduite par Olivier Sylvestre, s’avère extrêmement bien construite. On est tenu en haleine du début à la fin, et c’est justement ce qui rend le propos clair. L’humour noir qu’elle utilise est apprécié et permet d’amoindrir, à quelques reprises, les passages très lourds de la pièce – qui font échos à l’actualité récente de la tuerie de Parkland.
Rien n’est laissé en suspens, l’attention des spectateurs est constamment sollicitée de manière à le confronter à cette situation et à devenir une partie prenante de la pièce. En fait, on en aurait pris une heure de plus!
Le travail du metteur en scène, Jon Lachlan Stewart, se marie très bien au texte, et est ingénieux. La scénographie, simple et fidèle à une salle de classe, est parfaite. Aussi, mentionnons l’utilisation terrifiante de petites découpes de carton qui illustrent les visages d’anciens tueurs de masse – Marc Lépine, Eric Harris, Dylan Klebold – et qui sont utilisées comme masque par l’actrice. C’est à en glacer le sang.
Finalement, le jeu d’Alice Pascual est énergique et coloré. S’investissant totalement dans son rôle, elle porte cette production à bout de bras et s’acoquine avec le public qui ne peut qu’avoir un brin de sympathie pour son personnage. En plus de défendre un texte assez complexe, elle improvise à certains moments! Chapeau bas.
L'avis
de la rédaction