«Le songe d’une nuit d’été», une version inédite de Michel Monty au Théâtre du Rideau Vert jusqu'au 12 avril – Bible urbaine

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«Le songe d’une nuit d’été», une version inédite de Michel Monty au Théâtre du Rideau Vert jusqu’au 12 avril

«Le songe d’une nuit d’été», une version inédite de Michel Monty au Théâtre du Rideau Vert jusqu’au 12 avril

L’art de s’approprier une histoire qui résonne en nous

Publié le 12 mars 2025 par Jessica Samario

Crédit photo : Ève B. Lavoie

Jusqu’au 12 avril, le Théâtre du Rideau Vert présente une toute nouvelle version du classique shakespearien intitulé «Le songe d’une nuit d’été». Traduite, adaptée et mise en scène par nul autre que Michel Monty, cette comédie onirique et surnaturelle saura charmer le public par son originalité et ses échos au monde actuel. Pour nous mettre dans l’ambiance, nous avons discuté avec le créateur de la pièce lui-même, ainsi qu’avec l’interprète du célèbre personnage du lutin Puck, Marc Béland.

De la fantaisie à l’état pur

Créée en 1595, la pièce Le songe d’une nuit d’été est une comédie classique de William Shakespeare dans laquelle un univers fantastique s’ouvre au public. On y retrouve les personnages d’Héléna, qui est amoureuse de Démétrius, qui lui l’est d’Hermia, qui elle l’est réciproquement de Lysandre. Sous les ordres du roi des fées Obéron, le lutin Puck tente de raccommoder les couples en utilisant une fleur aux pouvoirs magiques. Pendant ce temps, des artistes ouvriers préparent une pièce de théâtre pour le mariage de Thésée, le duc d’Athènes.

À travers toutes sortes de registres de comédie, allant de la parodie à l’ironie, le quatuor d’amoureux laisse libre cours à ses désirs le temps d’une nuit.

Comme l’a si bien raconté le metteur en scène, «la pièce expose des amoureux qui se perdent dans la forêt et qui se font donner, par Puck, une substance qu’il trouve dans une fleur. Il la verse sur leurs yeux et leur désir change de cible. Ça nous dit un peu que l’amour c’est une histoire qu’on se raconte pour pouvoir vivre notre désir».

«Puck, c’est une espèce d’Arlequin anglais, peut-être un peu moins futé, c’est-à-dire très caméléon, qui va s’adapter à toutes les situations. Tantôt, dans la noirceur, mais aussi dans ce qui est plus lumineux», a décrit son interprète. Il précise d’ailleurs que ce personnage incarne à la fois un «itinérant de la nuit».

Affiche de la pièce «Le songe d’une nuit d’été». Photo: Angelo Barsetti. Graphisme: Folio et Garetti

Une plume authentique bien de chez nous

Par souci de cohérence avec une version modernisée du Songe d’une nuit d’été, Michel Monty a senti une nécessité de travailler la traduction pour qu’elle se rapproche davantage de son public montréalais, et ce, en 2025.

«Ce qui caractérise les pièces de Shakespeare, quand on les voit en anglais, c’est qu’il y a différents niveaux de langue. Ils sont très évidents et marqués. Quand je lis les traductions françaises, toute la langue devient uniformisée et on perd cette caractéristique», a-t-il expliqué en mentionnant que cette distinction permet de saisir, entre autres, la différence de classes sociales des personnages. «La traduction m’a permis de donner l’approche que je voulais au niveau de la langue. Par exemple, j’ai choisi d’intégrer des mots en anglais dans les répliques de Puck et celles des ouvrier·ères.» De cette façon, les dialogues s’apparentent à nos propres dialectes québécois.

«C’est difficile de décider de faire parler des ouvrier·ères comme nous, parce qu’on est heurtés parfois par ces prises de positions radicales. Ce n’est pas péjoratif. Bien au contraire, ce sont des gens qui s’expriment avec leurs moyens. C’est comme si on voulait protéger un imaginaire qu’on s’est forgé par rapport à ce qui devrait être de la grande littérature ou les grands classiques», a ajouté Marc Béland, qui a déjà travaillé sur d’autres œuvres shakespeariennes. «Au Québec, on est en train de comprendre que c’est la façon de se l’approprier, de décoloniser notre écoute et notre histoire par rapport aux Britanniques.»

«Les classiques, ce ne sont pas des œuvres muséales, ce ne sont pas des œuvres littéraires figées dans le temps. Ce sont des textes qui doivent être amenés dans la modernité», a renchéri le metteur en scène.

Tirée de la pièce «Le songe d’une nuit d’été». Photo: Ève B. Lavoie

Un amalgame d’idées sans limites

Décrite comme audacieuse et éclatée, l’adaptation de la pièce est loin d’une relecture classique. En fait, elle se modernise par la langue, par le choix de la distribution, par les costumes ainsi que par le contexte de décor qui concorde avec l’état actuel des forêts.

«J’enseigne au Conservatoire, donc je suis toujours proche des générations qui ont vingt, vingt-cinq ans, et je les vois changer. Au niveau du casting, j’ai voulu refléter, sans prendre position, cette nouvelle réalité où les frontières entre le féminin et le masculin sont très floues. Mon but est que ça résonne pour un public d’aujourd’hui», a précisé Michel Monty.

Puisqu’il s’agit d’une histoire onirique où les limites entre le rêve et la réalité se brouillent, le metteur en scène ne souhaitait pas la situer dans le temps. Ainsi, il a choisi de prendre plusieurs libertés au niveau des costumes qu’il considère comme anachroniques. On peut y percevoir des références actuelles tout autant que d’époque.

Michel Monty a voulu réunir à la fois des amis, mais aussi «des créateur·trices qui vibrent sur la même fréquence» que lui. C’est ainsi que Marc Béland partage la scène avec Bénédicte Décary, Xavier Bergeron, Vicky Bertrand, Guillaume Chouinard, Justin Laramée, Marilou Maheux, Olivier Morin, Parfaite Moussouanga, Caroline Payeur, Mathieu Quesnel et Guillaume Tremblay. La troupe collabore en ayant la chance de donner son point de vue et d’ajouter sa couleur à la création.

«C’est un grand plaisir de sentir cette approche créative, le respect de chacun·e, la façon d’échanger des idées et de savoir qu’on peut doucement avoir le droit de parole. C’est vraiment fort, bienveillant et très agréable. Le travail avance dans ces conditions de façon fantastique», a confié le comédien avec enthousiasme.

Tirée de la pièce «Le songe d’une nuit d’été». Photo: Ève B. Lavoie

Un moment pour célébrer ce qui va bien

Marc Béland espère que la pièce résonnera auprès du public et qu’on y décèlera «la puissance du chaos qu’elle peut provoquer. J’ai l’impression que, spécifiquement dans le contexte politique actuel, il y a comme une façon de secouer la baraque!»

De son côté, le metteur en scène souhaite mettre de l’avant la légèreté et les bienfaits du rire à travers une période réellement difficile pour la société.

«On vit dans des temps assez anxiogènes. Pour la première fois, l’humanité n’a aucune idée de ce qui va se passer dans cinq ou dix ans. Puis, j’ai envie que le monde rie, s’éclate et qu’il sorte de là avec de l’énergie. Je trouve que c’est bien qu’on fasse beaucoup de pièces avec des thèmes sociaux, mais je trouve qu’on délaisse la comédie, qu’on ne lui accorde pas assez d’importance. On est capable de faire du bien autour de soi, et il faut en parler et ne pas juste être dans des propos sombres et alarmistes. On n’est pas dans le déni. Ça prend des spectacles qui brassent la baraque, mais avec plaisir, beaucoup de ludisme et d’inventivité, et que l’on se permette de célébrer la vie», a conclu Michel Monty.

D’ailleurs, la pièce se termine avec une mise en abîme qui, en soi, est une réelle célébration du théâtre!

La pièce Le songe d’une nuit d’été, traduite, adaptée et mise en scène par Michel Monty, foulera les planches du Théâtre du Rideau Vert jusqu’au 12 avril. Réservez vos billets en ligne et prenez note que la représentation du 20 mars sera suivie d’une causerie en compagnie des artistes, que celle du 4 avril se fera en théâtrodescription et que celle du 10 avril se déroulera avec surtitrage codé en français. Bon spectacle!

La pièce «Le songe d’une nuit d’été» en images

Par Ève B. Lavoie

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    Tirée de la pièce «Le songe d'une nuit d'été». Photo : Ève B. Lavoie.
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    Tirée de la pièce «Le songe d'une nuit d'été». Photo : Ève B. Lavoie.
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    Tirée de la pièce «Le songe d'une nuit d'été». Photo : Ève B. Lavoie.
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    Tirée de la pièce «Le songe d'une nuit d'été». Photo : Ève B. Lavoie.

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