ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Jean-François Hamelin
Il est aisé de le constater en recevant les mots si savamment choisis par Molière et si musicalement délivrés par la troupe actuellement en place au Théâtre du Rideau Vert: le texte du dramaturge français est autant d’actualité aujourd’hui, dans notre société du bien-paraître et d’individualisme, qu’il l’était en 1666, alors que l’auteur créait ces dialogues pour se venger de la Cour du roi Louis XIV qui avait mal reçu son œuvre précédente, Tartuffe.
Le niveau de langage du Misanthrope, avec ses vers en alexandrins et ses rimes, pourrait en rebuter quelques-uns, d’autant plus qu’il contraste de façon importante avec le contexte très actuel dans lequel on a voulu l’insérer. Mais peu importe si les alexandrins nous ravissent ou nous perdent, il est impossible de ne pas trouver à travers le texte une magnifique vérité.
C’est que cet Alceste (François Papineau, d’une redoutable efficacité), si horripilé par l’hypocrisie, l’attention portée à l’image et la superficialité du monde dans lequel vit celle qu’il aime, la toujours bien mise et d’une élégance incontestable Célimène (Bénédicte Décary, d’un naturel toujours convaincant), goûtera à la dureté des mots dans Le Misanthrope.
Le personnage incarné si adroitement par Papineau est effectivement très classique, lui qui souhaite que sa bien-aimée lui témoigne un peu plus d’amour, et un peu moins à tous ces hommes qui viennent faire la fête chez elle un peu trop souvent au goût d’Alceste. La belle joue certainement au jeu de la séduction, mais ses rapports sont-ils aussi insignifiants qu’elle le prétend?
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de la rédaction