«L'amour est un dumpling» de Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar au Théâtre Périscope – Bible urbaine

ThéâtreCritiques de théâtre

«L’amour est un dumpling» de Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar au Théâtre Périscope

«L’amour est un dumpling» de Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar au Théâtre Périscope

Un humour ragoûtant

Publié le 15 juin 2021 par Maude Rodrigue

Crédit photo : Nicola-Frank Vachon

L’amour est un dumpling: une pièce comme une fleur qui éclot enfin au terme d’une longue saison sèche dans les théâtres. La comédie, co-signée par Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar, dans une mise en scène de Marie-Hélène Gendreau, exhale un parfum de légèreté et atteint son objectif de détendre l’auditoire.

Portée par le succès, la pièce a pris l’affiche exceptionnellement en juin au Périscope après avoir ravi les publics de la Licorne puis de DUCEPPE du côté de Montréal. Très tôt à Québec, les guichets étaient fermés déjà et l’on annonçait des supplémentaires afin que ces dumplings sustentent un auditoire plus large encore.

Il n’y a pas à dire, les conditions sont rassemblées pour apprêter un repas explosif entre les membres de l’ex-couple formé par Claudia (Mary-Lee Picknell) et Marc (Simon Lepage).

L’intrigue se déroule plusieurs années après que ceux-ci aient désuni leurs destinées. Jadis, ils ont brûlé d’un amour incandescent. Les années ont passé et le temps n’est cependant pas venu à bout de réduire en cendres les souvenirs – baises mémorables, tournées à travers le monde avec le band dont ils étaient membres – qu’ils ont colligés.

Les braises de leur passion, pour ainsi dire, ne sont pas éteintes.

Ils discutent, argumentent, caustiques et doté.e.s d’une répartie imparable, composant le vaste bouquet d’émotions qui tapissent durablement l’intérieur du cœur des ancien.ne.s amant.e.s  l’aigreur et la tendresse, la méchanceté et la douceur, basculant de l’un à l’autre sans intermède.

Vient un moment où Claudia, pantelante de vulnérabilité, crache enfin le morceau et révèle la raison l’ayant menée à inviter ainsi son ex à partager un repas dans un prosaïque Apportez votre vin.

Nonobstant la toute simplicité qu’incarne un tel lieu, apprécié pour ses prix accommodants, la scénographie signée Sébastien Dionne est léchée, composant un ensemble équilibré aux délicats accents asiatiques.

Avec le temps va, tout s’en va

Que sont-ils donc devenus? Que redécouvrent-ils chez l’autre? Quels changements le passage des années a-t-il forcé? Lui a saisi une opportunité. Il mène désormais une vie somme toute conventionnelle à Saint-Lambert et élève une progéniture galopante. Elle est demeurée attachée au Plateau depuis plusieurs années, sorte de stagnation qu’elle n’assume pas tout à fait. Elle se dit heureuse en amour et caresse le projet d’avoir sa propre famille.

Les promesses non honorées et les trahisons commises envers leurs idéaux d’antan sont pointées du doigt.

Vaste sujet que celui de ces nombreuses vies auxquelles chacun renonce, par conviction ou par la force des choses, en empruntant une voie sûre plutôt que d’autres routes qui, bien que potentiellement plus gratifiantes, paraissent jalonnées d’embûches.

Le couple formé par Claudia et Marc aurait-il pu demeurer soudé, et comment les choses seraient-elles différentes aujourd’hui? Leur passion aurait-elle résisté à l’usure des années? C’est un processus de deuil en règle – celui de visions idéalisées de l’autre, de celui-celle qu’ils ont été respectivement, et du couple qu’ils ont formé – que les personnages semblent mener.

Une distribution énergique

Les rôles siéent parfaitement aux deux interprètes (pour la petite anecdote, ceux-ci forment un véritable couple dans la vie). Mary-Lee Picknell – sautillante, gamine – frise parfois l’agacement lorsque l’anxiété gagne son personnage, mais elle n’y bascule pas. En définitive, sa sincérité touche autant qu’elle l’a fait dans le duo formé avec Nicola-Frank Vachon dans l’inoubliable Hypo, autre offrande de la compagnie les Hébertistes. Quant à Simon Lepage, il offre une réplique solide et énergique. 

Autre présence discrète, mais forte: une serveuse énigmatique (Sarangerel Tserenpil), tenancière de l’établissement. Les perles de sagesse qu’elle distille ont pour effet de doucher les ardeurs des deux ancien.ne.s amant.e.s qui, autrement, s’engueulent à cœur de jour. Frappée par le sort, cette serveuse est réduite à n’offrir que des dumplings dans son établissement, exquis amuse-bouches si rapidement engouffrés qui ne sont pas sans évoquer le caractère à la fois éphémère et mémorable de ces épisodes d’amour-passion qui farcissent une vie.

Cette idée de brièveté et d’éphémère est au cœur de la pièce, appelant à profiter des belles choses lorsqu’elles passent, et nous remémorant le cours inéluctable de la jeunesse et du temps qui s’écoulent.

La pièce en elle-même est d’une durée d’une heure bien tassée, incluant des intermèdes musicaux entonnés d’une voix claire par le couple.

La pièce «L'amour est un dumpling» en images

Par Nicola-Frank Vachon

  • «L’amour est un dumpling» de Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar au Théâtre Périscope
  • «L’amour est un dumpling» de Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar au Théâtre Périscope
  • «L’amour est un dumpling» de Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar au Théâtre Périscope
  • «L’amour est un dumpling» de Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar au Théâtre Périscope
  • «L’amour est un dumpling» de Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar au Théâtre Périscope
  • «L’amour est un dumpling» de Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar au Théâtre Périscope
  • «L’amour est un dumpling» de Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar au Théâtre Périscope
  • «L’amour est un dumpling» de Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar au Théâtre Périscope
  • «L’amour est un dumpling» de Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar au Théâtre Périscope
  • «L’amour est un dumpling» de Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar au Théâtre Périscope

L'avis


de la rédaction

Nos recommandations :

Vos commentaires

Revenir au début