ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Yves Renaud
Il n’y aura guère de réponses à ces questions dans cette création de Mani Soleymanlou et de Fanny Britt, qu’on peut apprécier ces jours-ci sur les planches du TNM. Il n’y aura d’ailleurs pas de certitudes, mais beaucoup de questions, de pistes de réflexion, de dialogue constructif.
Et, au cœur de la création, un chœur, composé d’une distribution décidément grandiose: Louise Cardinal, Martin Drainville, Kathleen Fortin, Julie Le Breton, Jean-Moïse Martin, Benoit McGinnis et Madeleine Sarr, et qui accompagne Soleymanlou qui, dans sa superbe polyvalence, signe une partie du texte et de la mise en scène, en plus de tenir ici un rôle important de coryphée ou maître de cérémonie.
Sur scène avec elles et eux, un trio de musiciens s’imbrique dans la trame narrative. Ça commence en force avec un clin d’œil à Robert Gravel, puis une liste plutôt ludique de choses qu’on peut considérer comme classiques. Les interprètes déclament, se relancent, semblent être dans une forme olympienne.
Le niveau d’énergie, après cette entrée fracassante, est plutôt variable. On fait des clins d’œil à certains textes, dont des extraits sont joués, parfois un peu trop longtemps. Le spectateur demeure un peu dérouté par les nombreuses ruptures de ton entre les moments de réflexion festive et l’aspect solennel et sérieux des extraits classiques choisis.
Il y a un procès de l’humanité, idée plutôt géniale, qui finit par s’étirer pas mal. Il y a un aspect politique qui surgit de temps en temps, jamais trop insistant, advenant toujours par le biais de répliques très spirituelles.

Photo: Yves Renaud
Un texte qui traverse le temps a forcément mis le doigt sur quelque chose, décrit une situation ou des personnages universels, exploré une préoccupation qui traverse les époques. C’est l’un des aspects que l’équipe de création de Classique(s) souligne ici dans une production globalement fort sympathique.
Un classique nous rappelle avec une bienveillance absolument involontaire que ce dont on s’inquiète tant ne nous oblitérera pas. Peut-on se fonder sur le fait que des gens soucieux ont écrit des choses qui ont survécu pendant des siècles, bien au-delà de leurs soucis, pour relativiser nos inquiétudes actuelles?
La question mérite d’être posée.
La pièce «Classique(s)» de Fanny Britt et Mani Soleymanlou en images
Par Yves Renaud
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de la rédaction