Théâtre
Crédit photo : Tous droits réservés (En couverture: «Les lettres arabes 2» à Espace Libre)
Les pièces basées sur une œuvre de fiction
«1984», du 9 novembre au 7 décembre 2016, Théâtre Denise-Pelletier
La réputation du roman dystopique 1984 de George Orwell n’est plus à faire. Publié en 1949, celui-ci est encore aujourd’hui considéré comme une véritable référence en science-fiction, et sa figure du Big Brother est toujours utilisée comme métaphore pour parler de surveillance abusive de la part de certaines autorités. Quelle heureuse surprise, donc, de constater que le Théâtre Denise-Pelletier a décidé de ramener l’adaptation théâtrale pilotée par Édith Patenaude à Montréal, après son passage remarqué au Théâtre du Trident de Québec!
Maxim Gaudette possède certainement l’intensité et la bienveillance nécessaires pour interpréter le rôle de Winston Smith, employé du Ministère de la Vérité qui, chaque jour, réécrit l’Histoire «officielle» tout en conservant clandestinement une trace de la «vraie» vérité dans un journal personnel et en souhaitant créer un soulèvement populaire. On ne doute pas non plus que l’ensemble de la distribution, dont Alexis Martin et Justin Laramée, saura nous remuer, tout comme les thématiques évoquées, dont les limitations des libertés individuelles et la surveillance électronique.
Texte de George Orwell, mise en scène d’Édith Patenaude.
«Peer Gynt», du 30 janvier au 19 février 2017, Théâtre de Quat’Sous
Si on ne connaît pas forcément le drame poétique devenu pièce de théâtre du norvégien Henrik Ibsen, on connait assurément la musique du compositeur Edvard Grieg, qui a perduré dans le temps et qui est toujours jouée dans de grands concerts orchestraux, malgré qu’elle ait été composée dans les années 1880 pour accompagner le spectacle d’Ibsen. Véritable fable traitant d’amour, de soif de vivre et de jeunesse, Peer Gynt a marqué les esprits grâce à son univers flamboyant et ses aventures improbables, impliquant toutes sortes de personnages et de créatures, dont des trolls!
Peer Gynt fait rêver, rien de moins. C’est grâce à son caractère libertin, à sa propension à mentir sans gêne et à ses rêvasseries nombreuses, même si celles-ci le mènent la plupart du temps dans des situations fâcheuses, et on est déjà charmés en sachant que c’est le comédien à l’air candide Olivier Morin – aussi derrière l’adaptation et la mise en scène – qui chaussera les bottines du coloré personnage. À ses côtés, Émilie Bibeau, Kim Despatis, Sébastien Dodge et Steve Gagnon, notamment, participeront à l’épopée enlevante pleine d’humour noir, alors que la musique sera signée par Navet Confit.
Texte de Henrik Ibsen, adaptation de mise en scène d’Olivier Morin.
«Le déclin de l’empire américain», du 28 février au 1er avril 2017, ESPACE GO
Il semblerait que le Théâtre PàP aime les défis de taille: après avoir mis sur pied un spectacle épique de quatre heures inspiré du «cycle des rois» de Shakespeare l’an dernier, c’est à l’intouchable classique de Denys Arcand qu’il s’attarde, avec une distribution des plus prometteuses, mais qui a néanmoins de grands souliers à chausser! Sandrine Bisson, Dany Boudreault, Marilyn Castonguay, Patrice Dubois, Éveline Gélinas, Alexandre Goyette, Simon Lacroix, Bruno Marcil et Marie-Hélène Thibault remplaceront donc sur scène les Gabriel Arcand, Rémy Girard, Pierre Curzi et autres de l’audacieux film de 1986.
On a hâte de constater de quelle façon Alain Farah et Patrice Dubois, au texte, auront adapté l’histoire de ces professeurs à l’Université de Montréal dans les années 1980, à la réalité d’aujourd’hui, où la précarité d’emploi, l’instabilité dans les relations et la difficulté d’accéder à de bons postes à un jeune âge sont monnaie courante. L’adaptation contemporaine du récit risque d’interpeller toute une nouvelle génération dans ces réflexions universelles sur la vie, l’amour et le sexe.
Texte d’Alain Farah et Patrice Dubois, mise en scène de Patrice Dubois.
«Vol au-dessus d’un nid de coucou», du 21 mars au 22 avril 2017, Théâtre du Rideau Vert
Bien sûr, la célèbre interprétation de Randle McMurphy par Jack Nicholson dans le film de Miloš Forman est dure à oublier, mais le culotté Mathieu Quesnel devrait très bien s’en tirer, lui qui a une certaine expérience des rôles de durs à cuire et de malfrats. Le film étant lui-même basé sur le roman de Ken Kesey, c’est à ce dernier que Dale Wasserman s’est rapporté pour adapter cette histoire d’un homme qui croit bien faire en se faisant déclarer fou en cour et envoyer en institut psychiatrique pour éviter les travaux forcés, mais qui se retrouve confronté à de vrais patients aux différents troubles et, surtout, à l’intransigeante garde Bennett.
Pour tenir tête au McMurphy de Quesnel, Julie Le Breton s’annonce parfaite, d’autant plus que Michel Monty, le metteur en scène, a eu la brillante idée d’adjoindre aux deux comédiens non seulement des acteurs de grand talent comme Stéphane Demers, Jacques Girard et Gilbert Turp, mais aussi des artistes de la relève, comme Catherine Chabot et Renaud Lacelle-Bourdon, et, surtout, des gens aux prises avec de vrais handicaps, issus de Les Muses: Centre des arts de la scène, qu’on connait bien surtout depuis le film Gabrielle de Louise Archambault. Cette vision artistique originale, doublée à ce récit devenu culte, a certainement de quoi nous rendre impatients de découvrir cette production!
Texte de Dale Wasserman, d’après le roman de Ken Kesey, traduction, adaptation et mise en scène de Michel Monty.
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