Théâtre
Crédit photo : Tous droits réservés (En couverture: «Les lettres arabes 2» à Espace Libre)
Les pièces qui feront réfléchir sur notre société
«Le spectacle», du 28 novembre au 23 décembre 2016, Théâtre La Licorne
Impossible de résister au Projet Bocal (Sonia Cordeau, Simon Lacroix et Raphaëlle Lalande) et à sa façon complètement décalée, inventive et déjantée de présenter ses saynètes tantôt chantées tantôt jouées, qui tentent d’analyser notre société, mais qui sont tellement loin du réalisme et si délirantes qu’elles en deviennent complètement ludiques et divertissantes. Après avoir plongé dans le terroir québécois et les racines folkloriques dans Oh Lord, la troisième création du groupe se tourne vers le futur, et avec leur vision du monde, on a hâte de découvrir comment ils imaginent l’avenir de l’humanité!
Vêtements en métal, difficultés de communications puisque la majorité de la population est aux prises avec le TDAH et robots seront donc à l’honneur dans cette comédie qui traitera néanmoins d’enjeux importants, comme l’irréversibilité du progrès technologique. Le reste, il est imprévisible, et c’est ce qu’on aime avec Le Projet Bocal!
Texte, mise en scène et interprétation de Sonia Cordeau, Simon Lacroix, Raphaëlle Lalande et Yves Morin.
«BLINK», du 17 janvier au 4 février 2017, Théâtre Prospero
D’où nous vient cette envie de regarder le quotidien réel d’inconnus et qu’est-ce qui a motivé ces dernières années la montée en popularité des différentes télé-réalités? Comment expliquer ce désir constant d’afficher publiquement tous nos faits et gestes, nos habitudes du quotidien, sur les différents réseaux sociaux, comme une demande d’approbation de la part d’inconnus? C’est à ces questions que le Théâtre de la Bête Humaine s’attarde avec cette pièce de l’Anglais Phil Porter, qui met en relation l’intimité et le numérique, le partage et la solitude.
Très actuelle, cette production qui met en scène deux jeunes inadaptés sociaux qui se rencontrent par le biais d’une vidéo, alors que l’un devient voyeur de l’autre, promet aussi d’être touchante et de faire réfléchir quant à nos aptitudes relationnelles, notre dépendance aux technologies et notre perte de vie privée.
Texte de Phil Porter, traduction de Yannick Chapdelaine et mise en scène de Charles Dauphinais.
«Irène sur Mars», du 28 février au 18 mars 2017, Théâtre d’Aujourd’hui
Jean-Philippe Lehoux trouve toujours une façon originale de nous faire réfléchir sur un sujet en passant par le comique de la situation, et c’est encore une fois ce qui fera sa force avec cette nouvelle création sur un voyage – sans retour! – où il nous propose à mots couverts une réflexion sur la façon dont on traite nos aînés en les plaçant dans des résidences pour personnes âgées et sur la transmission entre les générations, en créant toutefois un personnage amusant qui préfère s’exiler sur Mars grâce à un projet populaire de colonisation martienne que de finir ses jours, enfermé dans un tel établissement.
Le sens comique de la comédienne Pauline Martin a déjà fait ses preuves à maintes reprises, et on imagine déjà le potentiel humoristique de son Irène, qui est finaliste pour se rendre sur Mars et qui organise un dernier souper avant son départ, afin de régler ses comptes. L’incompréhension de sa famille et la nostalgie qui prendra place durant la soirée risquent de créer un spectacle aussi drôle que touchant, tout en nous laissant avec quelques réflexions au sortir de la salle.
Texte de Jean-Philippe Lehoux, mise en scène de Michel-Maxime Legault.
«Antigone au printemps», du 4 au 22 avril 2017, Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier
C’est le printemps – arabe? érable? – dans un Montréal fictif, et ça bouge, ça grouille, il y a des soulèvements populaires et des morts. Antigone et ses deux frères, Étéocle et Polynice se joignent à la révolution, mais pas dans le même camp: Étéocle est du côté du chef Créon, qui réprime toute forme de protestation au nom de la paix sociale, alors que sa fratrie se range avec les manifestants et le peuple. Cela créera assurément des frictions, surtout entre les deux frères dont l’un mourra, mais Antigone (interprétée par la talentueuse Léanne Labrèche-Dor) continuera de tenir tête au pouvoir coûte que coûte.
Véritable appropriation contemporaine de la tragédie de Sophocle influencée par les nombreuses révolutions qui ont cours dans le monde entier, cette toute première production de la compagnie Le Dôme nous placera certainement devant des vérités durent à esquiver, créant sans doute des remises en question sur notre système politique et notre société.
Texte de Nathalie Boisvert, mise en scène de Frédéric Sasseville-Painchaud.
«La singularité est proche», du 5 au 20 mai 2017, Espace Libre
Jean-Philippe Baril-Guérard a anticipé un avenir où la technologie serait si avancée que l’homme aurait vaincu la mort. Mais comme toute bonne fiction tentant d’imaginer un tel futur, la pièce paraît presque effrayante et risque de nous faire demander si c’est vraiment ce qu’on souhaite!
Dans ce monde où les gens qui meurent doivent transférer leur copie de sauvegarde pour cartographier leurs souvenirs, afin de s’assurer de renaître sous une nouvelle forme qui sera toutefois identique en – presque – tous points, Anne devait être de retour dans quinze minutes, le temps du transfert d’informations, mais quelque chose dans le chargement s’est mal déroulé. Il y a certainement de quoi être inquiet tout autant qu’intrigué, et on a hâte de découvrir jusqu’où nous mènera ce jeune auteur prolifique.
Texte et mise en scène de Jean-Philippe Baril-Guérard.
À la page suivante, les pièces originales à découvrir, tout simplement…