SortiesDanse
Crédit photo : À la une: «Night Owls du Collectif CHA. Photo: Orlin Ognyanov
Sous le signe de la «Réalité & fiction»
Revolutions de Hanna Sybille Müller et Ghostbox de Camille Lacelle-Wilsey et Eryn Tempest – Du 22 au 25 février 2018
Le mot «révolutions», qu’est-ce que ça évoque en vous? Pour la chorégraphe, danseuse et professeure de danse Hanna Sybille Müller, qui partage sa vie entre Berlin et Montréal, ce mot est très riche de sens, et c’est la raison pour laquelle elle organise une soirée de lecture-performance entre les murs de Tangente. Une fois sur place, vous serez invités à vous asseoir par terre, en cercle avec les autres spectateurs, et c’est alors que l’interprète se présentera à vous, initiant sa prestation avec de légers et doux mouvements circulaires. Tout en circulant dans cet espace vital et énergétique, elle parlera du terme «révolutions». Tout au long de la performance, une auteure prend part au spectacle en créant un texte en direct, et le solo d’abord entamé par la chorégraphe devient un duo. «C’est très space ce qu’elle fait, mais c’est très conceptuel, accessible, concret», nous promet Sylvain Verstricht, adjoint aux communications chez Tangente.
En total contraste avec la première proposition, la création du tandem Camille Lacelle-Wilsey et Eryn Tempest vous convie plutôt à un projet hybride alliant la photographie, la danse et le cinéma. «Les artistes se sont intéressés au processus de développement de photographies avec ce spectacle, d’où l’idée de la chambre noire et de la lumière rouge.» Ainsi, on retrouve ici une notion d’apparition et de disparition dans l’espace, puisque les images seront, par moments, entrevues par l’œil – fragments de corps, ombrages, mouvements saccadés, alors qu’à certains moments clés, les danseuses apparaîtront dans l’obscurité la plus complète, mais toujours vous les entendrez, vous sentirez leur présence. Voilà une création atypique qui explore les méthodes et les mécaniques du processus photographique et cinématographique, de même que les notions de transformation et d’interférence.
Immersion à vos risques et périls dans la «Poussière & fumée»
Carcasse de Castel Blast (Olivia Sofia, Léo Loisel, Xavier Mary et Guillaume Rémus) et Dans l’idée de ne plus être ici de Hugo Dalphond – Du 22 au 25 mars 2018
Le collectif Castel Blast, qui a été bénéficiaire d’une résidence de recherche et diffusion au Théâtre Aux Écuries, présente la création Carcasse, entre expérience muséale et performance, où l’on tente, par l’art, de répondre à LA grande question: «Comment évolue-t-on dans un monde post-apocalyptique où l’on a vécu un événement traumatisant et d’une rare violence?» Dans cet univers en apparence austère et désertique, cinq interprètes évoluent sur un sol où l’on retrouve un amoncellement de particules grises qui semblent en décomposition. Avec lenteur, les cinq interprètes se meuvent, mimant la fragilisation de corps qui doivent réapprendre à vivre. Sylvain Verstricht nous a confié que le collectif avait entre autres été influencé par les attentats à Paris et que, compte tenu du fait que les danseurs sont en sous-vêtements, il serait peut-être plus sage de rester entre adultes! «Ça sort de l’ordinaire!», nous promet-il.
«C’est une expérience qui peut être vraiment intense. Mettez vos bras sur vos yeux si ça devient trop pour vous!», nous avertis d’entrée de jeu Sylvain Verstricht, mais s’il souhaitait ici nous mettre en garde, il a réussi tout le contraire: il a capté notre attention, et pas à peu près. Avec cette création de Hugo Dalphond, vous êtes conviés, à vos risques et périls, dans une salle remplie de fumée. Un coup sur place, vous êtes libre de faire ce qui vous chante: marcher, errer, vous étendre ou rester immobile, c’est à votre guise. Pendant votre périple enfumé, vous entendrez et ressentirez dans tout votre corps des vibrations sonores, au moment où tous les contours s’effacent dans votre champ de vision. Intense, vous l’avez dit! Dans l’idée de ne plus être ici, c’est une dramaturgie de la pénombre, d’apparition et de disparition où l’art devient un refuge. Et si vous connaissez et appréciez le trio expérimental montréalais Technical Kidman et leurs nappes électroniques bruyantes et agressives, cette expérience est pour vous!
Votre dose d’«Empathie kinesthésique»
«Night Owls du Collectif CHA (David-Alexandre Chabot et Paul Chambers) et «Rituel géométrique» d’Annie Gagnon – Du 17 au 20 mai 2018
Voilà deux propositions audacieuses qui promettent de toucher les cordes sensibles de chacun de vous! D’abord, Night Owls, du Collectif CHA, est une œuvre qui met le travail de Paul Chambers, concepteur d’éclairage, et de son partenaire à l’avant-plan, puisqu’ici la lumière se transforme en élément tangible sous vos yeux à partir d’une installation lumineuse faite en 360 degrés. «C’est comme un show de lumières dans le noir total», s’aventure Sylvain Verstricht, en parlant du spectacle. Ça y est, vous suivez mieux? Il semblerait même qu’à un moment clé, une entité flottante et rayonnante, portant un masque lumineux, vous approche par le toucher. Laissé à vous-même, dans cet environnement sombre mais brillant de lumières à la fois, gageons que vous risquez de perdre vos repères. Vivez une rencontre avec une étrange créature et un éveil des sens en compagnie de l’interprète Annie Gagnon!
Cette dernière, que Sylvain Verstricht a qualifiée «d’excellente chorégraphe», reprend du service dans Rituel géométrique, une création poétique influencée par les arts visuels et les formes géométriques. La preuve, c’est qu’au cœur de ce spectacle, le quatuor d’interprètes touchent et manipulent des objets, soit des prismes ou de petits et brillants diamants, avec lesquels ils officient ce que l’on pourrait appeler des rituels, une sorte de langage poétique d’images en mouvement. Vous y verrez des membres qui s’entremêlent et se plient, une proximité entre les danseurs qui pourraient même provoquer des sensations, voire des émotions vives. Entrez dans un univers spirituel, d’attirance et de répulsion, d’intuition et de sensations, où vous risquez d’être happé en deux temps trois mouvements.
Des extras dans la programmation de Tangente
Au fait! Du 16 au 19 mai, ne manquez pas Les danses à deux temps, le spectacle des étudiants de 1re et 2e année de l’École de danse contemporaine de Montréal sous la direction de Lucie Boissinot. Parions que vous souhaiterez aussi assister, du 23 au 26 mai, au spectacle des finissants, intitulé Les danse de mai, Opus 2018, une belle façon d’encourager la cohorte de finissants qui y présentera des créations originales. Finalement, pour celles et ceux qui désirent en savoir davantage sur la danse autochtone d’aujourd’hui au Québec, une série de discussions et de performances seront offertes à l’occasion de Corps entravé, corps dansant, du 4 au 6 mai.
Pour en savoir plus sur les autres spectacles de la programmation hivernale de Tangente, consultez les articles de nos collègues Les Méconnus et Sors-tu.ca ou encore le site web de Tangente au www.tangentedanse.ca. On vous souhaite de belles découvertes et surtout des expériences qui sortent de l’ordinaire. Voyez un bel avant-goût en photos de ce qui vous attend cette saison-ci!
*Cet article a été produit en collaboration avec Tangente.
L'événement en photos
Par Orlin Ognyanov, Samuel Trudelle, Colin-Earp, Pierre-Louis-Dagenais, Anne-Flore de Rochambeau et Marjorie Guindon