SortiesDanse
Crédit photo : David Wong
Rappelons-nous que Danses Buissonnières est un programme qui offre la possibilité à de jeunes artistes émergents de produire leurs créations sur une scène montréalaise. Ces derniers sont sélectionnés par un jury et sont accompagnés tout au long de leurs créations par Tangente.
Cette année, le jury, composé de Claudia Chan Tak, Alexandra «Spicey» Landé, Sébastien Provencher, Anne-Flore de Rochambeau et Jessica Seril, ont choisi trois jeunes artistes parmi dix-neuf candidatures afin de nous présenter une programmation riche en contrastes et en éclectisme.
Le spectacle a débuté avec GODLIN, une pièce de Jontae McCrory, qui nous projetait une série de vidéos de danses expérimentales et d’œuvres pour la scène qui mettaient en lumière l’isolation sociale et les relations humaines. Au sol, des lignes de couleurs vertes, rouge et blanches traçaient un chemin pour le danseur. Il y avait également quelques éléments éparpillés partout sur la scène: un miroir, des chaises, des spots de lumière, des projections vidéo diffusées tout au fond de la scène.
Or, bien que ces effets avaient une raison d’être, ils ont dérangé mon œil et mon attention, car il y avait trop à voir en même temps!
Cependant, je me suis laissée charmer par la prestation du danseur Jontae McCrory, qui s’exprimait dans une gestuelle mélancolique. Ce dernier bougeait avec une grande fluidité, et l’on pouvait admirer une superbe technique contemporaine chez l’artiste.
Pour ma part, j’ai pu ressentir un brin de nostalgie et de solitude naître en moi en regardant ses mouvements et son interprétation. La pièce n’a pas duré bien longtemps, et c’est dommage, car avec autant d’éléments sur la scène, j’aurais voulu que la performance soit un peu plus longue, ce qui m’aurait permis apprécier la totalité de l’œuvre.
Une invitation pour entrer en contact avec le monde mystérieux d’Alexandra Caron
Le spectacle s’est poursuivi avec l’œuvre Abyssale solitude d’Alexandra Caron. Cette jeune diplômée de l’École de danse contemporaine de Montréal m’a transportée dans un monde mystérieux et intangible. Sur une scène minimaliste ayant comme décor une simple projection de lumières semblables à des fenêtres d’un appartement, je me suis imaginée dans un logement vide.
L’artiste a su démontrer un travail peaufiné et réfléchi. Elle contrôlait à la fois la scène et l’espace, et exécutait avec brio ses mouvements. À certains moments, j’avais l’impression de voir devant mes yeux une danseuse de flamenco, dans un appartement, la nuit, qui dansait seule pour laisser exprimer sa solitude et ses sentiments les plus profonds.
Ce numéro a été un vrai coup de cœur, qui m’a permis de réaliser à quel point les spectacles en présentiel m’avaient autant manqué!
Le seul bémol reste l’entrée drastique des régisseurs qui ont nettoyé le sol tout de suite après la magnifique performance d’Alexandra Caron. C’est comme si je m’étais réveillée brusquement de mon sommeil…
Bien que je lève mon chapeau aux artistes pour ce superbe travail, et que ce ménage était obligé, vu les mesures sanitaires mises en place, je crois néanmoins que l’équipe d’entretien aurait pu procéder autrement pour ne pas couper les performances des artistes d’une manière aussi abrupte.
Assister à un rituel de guérison
Le dernier numéro de cette programmation triple m’a fait découvrir l’œuvre d’Aly Keita, nommée Djata: Conversations du Manden. Accompagné par la voix mélodieuse de la chanteuse et interprète Ariane Benoit, et par le superbe percussionniste Trevoir John Ferrier, l’artiste Aly Keita nous raconte, à travers ses mouvements, l’histoire de l’Empire mandingue.
C’était impressionnant de le voir chanter, émettre des griots, danser et créer des sons rythmiques avec son corps, le tout avec une grande force et, paradoxalement, avec une grande vulnérabilité. J’avais cette impression d’assister à un rituel de guérison. Les artistes dégageaient une énergie vigoureuse qu’ils partageaient avec le public, et ce fut sans aucun doute un beau moment à vivre et à apprécier.
Danses Buissonnières est l’occasion idéale pour découvrir les nouvelles tendances en danse contemporaine. C’est un rendez-vous l’année prochaine!
«Danses Buissonnières» en images
Par Vanessa Fortin et David Wong
L'avis
de la rédaction