Richard Galliano et Sylvain Luc au Gesù de Montréal – Bible urbaine

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Richard Galliano et Sylvain Luc au Gesù de Montréal

Richard Galliano et Sylvain Luc au Gesù de Montréal

Quand la musique prend toute la place qu'elle mérite

Publié le 2 juillet 2015 par Isabelle Lévesque

Crédit photo : Frédérique Ménard-Aubin

L'accordéoniste de renom Richard Galliano et le guitariste Sylvain Luc ont foulé le sol du Gesù mercredi soir dans le cadre du Festival International de Jazz de Montréal. Dans ce spectacle-hommage à Édith Piaf, ils ont comblé la salle avec leur vitesse, leur précision, leur grâce et leur talent, alliant le drame à l'humour, et ce, toujours de façon grandiose.

S’il y a quelque chose à retenir de ce spectacle, c’est que la musique peut réellement faire partie de quelqu’un. C’est de cela que les deux musiciens, virtuoses de leurs instruments, nous ont convaincus. Ils jouaient avec leurs coeurs et surtout avec leurs âmes, maniant l’instrument comme si c’était un de leurs membres, en totale cohésion avec la musique. Ils n’avaient aucune partition ni quoi que ce soit, rien, sauf une liste de chansons déposée sur le sol et qu’ils ne regardaient même pas.

Dans un spectacle d’une heure et demie sans entracte, les deux musiciens ont séduit amplement un public déjà convaincu. Que ce soit Galliano avec sa fluidité impressionnante, ou encore Luc et sa vitesse accablante, les artistes ont réchauffé la scène de leur performance. Ils nous ont fait vibrer, sourire, chanter; ils nous ont permis de nous retrouver dans la France des années 50 sans même bouger d’un poil.

La fluidité, la vitesse, la grâce, la beauté, la grandeur, voilà ce qu’ils sont; voilà ce qu’est leur art. Richard Galliano était là, dans toute sa modestie, avec son accordéon chromatique Victoria. Sylvain Luc aussi, tout autant modeste, avec ses deux guitares acoustiques à faire rêver tout amoureux des cordes.

L’éclairage était doux, changeant selon le type de pièces qu’ils jouaient. Le son était infiniment clair. Au début, on entendait l’accordéon légèrement trop fort, mais ils se sont adaptés avec le temps. Galliano changeait de tonalité en un mouvement habile et discret, quant à Luc, on n’avait même pas le temps d’anticiper la prochaine note qu’on l’entendait déjà.

Les deux artistes ont tout d’abord performé quelques chansons ensemble. Galliano a aussi joué «La vie en rose» à l’accordina, un instrument dans lequel on souffle et qui a un clavier d’accordéon chromatique. C’était une performance sans faute, si ce n’est un seul moment où l’on a entendu son souffle dans le micro.

Ensuite, ils ont eu chacun un moment où ils jouaient seuls, le guitariste en premier et Galliano par la suite. Sylvain Luc a joué avec une vitesse inouïe. Malheureusement, une sonnerie de téléphone a retenti vers la fin de son solo, mais il a eu la spontanéité très appréciée d’imiter la sonnerie en question avec sa guitare, provocant des rires et allégeant le moment de malaise causé par l’irruption. De façon plus inhabituelle, il utilisait parfois la cage de résonance de sa guitare comme une percussion. Quant à Galliano, il utilisait le soufflet de son instrument pour faire du rythme et parfois pour terminer une chanson calme, le faisant respirer comme un océan, finissant en un soupir. Il faisait tout pour qu’on ressente la musique, usant des basses et des notes aiguës, laissant le temps au son de nous étreindre, de nous rentrer dedans.

D’ailleurs, ils n’ont pas dit un mot de la soirée. Ils ont plutôt choisi de se taire et de laisser la musique s’exprimer pour eux, comme s’ils ne faisaient qu’un avec elle. Ils lui ont laissé toute la place. Ce n’était pas ennuyant pour autant, il y avait du divertissement quand même, mais au lieu des mots, leur humour transparaissait dans leurs expressions faciales et le plus souvent dans leur interprétation, leur art s’imprégnait de légèreté et ils se laissaient parfois aller à quelques notes plus clichées, faisant rire à coup sûr le public.

Vers la fin, après presque chaque chanson, ils avaient droit à une ovation debout tellement ils avaient été bons et tellement la foule était comblée. L’avant-dernière chanson qu’ils ont jouée, «La Javanaise», a provoqué un grand émoi dans la salle. Ils ont même décidé de jouer moins fort pour laisser la foule chanter les dernières phrases. C’était un moment débordant d’émotion et de beauté.

Grandiose, voilà ce qu’était cette soirée. Des longues notes dramatiques aux enchaînements rapides, des airs calmes aux rythmes enjoués, il y avait dans tout ça une profondeur inouïe, quelque chose d’indéfini, d’intouchable, une beauté accrochée hors du temps. Les deux artistes étaient tellement à l’aise qu’ils semblaient presque discuter entre eux grâce à la musique, dans une harmonie parfaite entre l’accordéon et la guitare, dans une harmonie grandiose entre l’instrument et celui qui le tient. De quoi comprendre ce qu’est l’amour de la musique, celui avec un grand A.

L'événement en photos

  • Richard Galliano et Sylvain Luc au Gesù de Montréal
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Par Isabelle Lévesque

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