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Crédit photo : Yves Renaud
Une immersion sensorielle hors pair
Munie d’une tasse de thé bouillante sur mon sofa, j’étais bien impatiente de découvrir la nouvelle collaboration en ligne des deux institutions. Malgré la vague de nostalgie qui m’assaillit, celle de ne point être assise dans une salle de spectacle, je fus agréablement convaincue par la transposition des arts en format numérique, plus précisément par la capacité d’une œuvre à évoquer des émotions chez un public virtuel. Grâce au minutieux agencement de la mise en scène et de l’orchestration, Pierre et le Loup était une immersion sensorielle qui m’a fait perdre la notion du temps.
En contexte de pandémie, le TNM et l’OM ont su réinventer avec brio le chef-d’œuvre russe qui plaira autant aux grands qu’aux petits. Grâce aux judicieux effets visuels et à la qualité sonore, une réelle connexion entre le public et les artistes est mise en place pour ainsi «mettre de la vie au théâtre et du théâtre dans la vie!» En effet, les nombreux angles de la caméra nous plongent au cœur de l’action.
De plus, la direction fluide de Nicolas Ellis et la mise en scène minimaliste de Lorraine Pintal s’harmonisent de façon naturelle pour former un genre artistique inédit, où théâtre et musique entrent en dialogue. Les comédiens qui interagissent agilement entre les musiciens concentrés nous emmènent à oublier l’impératif causé par la distanciation sociale.
Mes coups de cœur
Similaire à la morale des Fables de La Fontaine, le récit rappelle aux plus naïfs que la loi du plus fort l’emporte toujours dans le règne animal. Le jeune Pierre, narré par la voix farfelue de Benoît Brière, part tout bonnement à la rencontre de ses amis animaux dans la forêt jusqu’à ce qu’il rencontre son grand-père, interprété par le sage Jean Fayolle, qui le prévient du méchant loup qui rôde dans les parages. Au fil de la pièce, on s’attache au jeu des acteurs et à la voix musicale qui symbolisent ensemble un animal.
Par exemple, mon coup de cœur personnel va définitivement à Sophie Desmarais qui, munie d’un boa à plumes bleues, incarne à merveille la légèreté du petit oiseau qui vole au son de la flûtiste Jocelyne Roy. De plus, j’ai adoré les moments où les instruments et les voix, à l’unisson, accompagnent la chasse du vilain loup, lequel est interprété par le saisissant Jean-François Casabonne. C’est un point fort de l’œuvre où on se rend compte que le mal l’emporte parfois sur le bien, et vice-versa.
Agréablement surprise par la qualité de l’image et du son de Pierre et le Loup, j’anticipe avec encore plus d’excitation la prochaine webdiffusion. En partenariat avec l’Orchestre Métropolitain, le TNM offrira une seconde pièce musicale dirigée par Yannick Nézet-Séguin: une interprétation inédite du Petit Prince de Saint-Exupéry, par nul autre qu’Éric Champagne, dès le 30 octobre.
Prêts, partez, à vos écrans!
«Pierre et le Loup» de Prokofiev en images
Par Yves Renaud
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